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📅 L'anniversaire de Vert se tiendra ce mercredi 23 mars à la Recyclerie (Paris 18) à partir de 19h. Vous serez parmi nous ? Prenez dès à présent votre ticket gratuit !

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Pour tourner le dos au gaz russe, les pays sont prêts à toutes les compromissions énergétiques, plutôt que de lancer le chantier de la rénovation thermique.


La sortie des hydrocarbures russes risque d’aggraver la crise climatique, alerte le secrétaire général des Nations unies

Les marteaux des fossiles. Pour tourner rapidement le dos au gaz et au pétrole russes, les pays du globe pourraient être tentés par des énergies encore plus sales et compromettre leur nécessaire transition vers des sources faibles en carbone, alerte le secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU), Antonio Guterres.

« En cherchant à répondre immédiatement au déficit d'approvisionnement en hydrocarbures, les pays risquent de négliger les objectifs de baisse de leurs usages. C’est de la folie, s'est-il inquiété lors d'une conférence de presse, ce lundi. Si nous continuons comme ça, nous pouvons dire adieu à l’objectif de 1,5 ºC [de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, sur lequel se sont mis d’accord la quasi-totalité des pays du globe dans le cadre de l’Accord de Paris, NDLR]. Celui de 2 ºC pourrait aussi être hors d’atteinte ».

La sortie du gaz russe rouvre les discussions autour de la fin du charbon en Allemagne. Ici, la centrale au charbon de Lippendorf (Saxe) © Jan Woitas / Zentralbild via AFP

L’Europe, qui importe 40 % de son gaz depuis la Russie, a récemment annoncé son plan « REPowerEU » destiné à mettre fin à la dépendance au gaz russe avant 2030 (voir notre article). Si elle prévoit de développer les énergies renouvelables, à court terme, rien n’empêche les États membres d’avoir recours au gaz du Qatar, au pétrole d'Arabie Saoudite, voire d’envisager une augmentation de la production d'électricité à partir de charbon. Les États-Unis diversifient également leurs approvisionnements en pétrole (via le Venezuela et l'Iran) et pourraient augmenter leur production de gaz de schiste (lire notre entretien).

Pour António Guterres, cela ne ferait qu'entraîner de nouveaux problèmes. « Notre dépendance continue aux combustibles fossiles met l'économie mondiale et la sécurité énergétique à la merci des chocs et des crises géopolitiques », a-t-il déclaré. « Au lieu de freiner la décarbonation de l'économie mondiale, il est temps de mettre un coup d’accélérateur vers un avenir d'énergie renouvelable. »

D’après l’Agence internationale de l'énergie, les émissions annuelles de dioxyde de carbone liées à l'énergie ont bondi de 6 % entre 2020 et 2021 pour atteindre leurs niveaux les plus élevés de l'Histoire (notre article).

· Lundi, l’oligarque russe Guennadi Timtchenko a démissionné du conseil d'administration de Novatek, le groupe gazier avec lequel TotalEnergies réalise ses mégaprojets gaziers en Arctique. Le milliardaire, qui avait joué un grand rôle dans le rapprochement entre le groupe français et Novatek, est visé par des sanctions européennes depuis le début de la guerre en Ukraine. La position de TotalEnergies, qui refuse toujours de quitter le pays, est de plus en plus intenable - Les Echos

· Lundi encore, 500 scientifiques britanniques et américains ont appelé les universités à rejeter les financements de l’industrie fossile accordés à la recherche sur le climat, même lorsqu’il s’agit de développer des technologies à faibles émissions de carbone. Selon les signataires de cette lettre ouverte, ces subventions constituent des conflits d’intérêts qui compromettent la liberté académique. Elles et ils rappellent que l’industrie du tabac en avait fait de même pour propager la désinformation sur la nocivité de ses produits. - The Guardian (anglais)

· Lundi toujours, 450 (autres) scientifiques ont publié un appel à consommer « moins de produits d’origine animale », à « moins de gaspillage et [à] un verdissement de la politique agricole de l’Union européenne » en réponse aux futures pénuries que pourrait provoquer la guerre en Ukraine. Une stratégie plus durable que celle de Bruxelles, qui mise sur une augmentation de la productivité et envisage notamment une réduction temporaire des jachères qui permettent aux terres de se régénérer. « L’insécurité alimentaire mondiale n’est pas causée par un problème d’approvisionnement. Elle est causée par une inégalité dans la distribution », rappellent les scientifiques, alors qu’une grande part de la production sert à nourrir le bétail. - Libération

650 000 logements par an

Came isole. Jeudi dernier, lors de la présentation de son programme pour la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron a annoncé que 650 000 logements avaient été rénovés en 2021. Un chiffre exagéré, qui mélange des petits actes de maintenance et d’entretien avec des travaux d’isolation réellement performants.

D’après l'Agence nationale de l'habitat (Anah), sur les 644 073 primes accordées pour rénover son logement en 2021, 68 % correspondent à un changement du système de chauffage, 26 % à un suivi de l’isolation, et 3 % à des travaux de ventilation. « Pour le gouvernement, qualifier le changement de fenêtre ou de chaudière de rénovation énergétique fait augmenter les chiffres. Mais ces “gestes de travaux” ne relèvent pas d’une rénovation conforme à l’objectif de performance pour 2050 [au niveau des bâtiments basse consommation (BBC) - dont la consommation énergétique doit être inférieure de 80 % à la consommation normale règlementaire, NDLR] », note Vincent Legrand, directeur de Dorémi, une entreprise de l’économie sociale et solidaire désireuse de sortir les Français·es de la précarité énergétique. Pour lui, seuls 40 000 logements ont été rénovés de manière globale et performante, au niveau BBC, en 2021. Ce qui n’empêche pas Emmanuel Macron de promettre 700 000 rénovations par an pendant son éventuel second mandat.

Bien rénover son logement

Moins chaudière que demain. Face à la flambée des prix de l’énergie, il apparaît plus nécessaire que jamais d’isoler les logements pour diminuer le gaspillage. Un parcours semé d’embûches, que Vert vous détaille en cinq petites étapes.
 

1. Trouver le bon interlocuteur

Depuis le 1er janvier 2022, l’ensemble des dispositifs d’aides ont été rassemblés au sein d’un guichet unique : France Rénov’. Avec 450 espaces-conseils répartis sur l'ensemble du territoire, ce nouveau service public de la rénovation est piloté par l’Agence nationale de l'habitat (Anah).

Des conseillers indépendants y proposent un accompagnement gratuit, avec un conseil global et un suivi dans le temps de chaque projet. Préparez vos factures d’électricité et d’eau chaude, ainsi que votre revenu fiscal de référence.
 

2. Effectuer le bilan énergétique de son logement

« La première étape pour réduire ses besoins de chauffage consiste à faire le point sur l’état de son logement », explique Florence Clément, du service mobilisation citoyenne et médias de l’Ademe. Pour effectuer ce diagnostic, il existe plusieurs méthodes dont la précision et le prix varient en fonction du genre d’évaluation, du type de professionnel et du temps que ce dernier passera dans votre logement. Ces diagnostics énergétiques permettent notamment d’obtenir l’étiquette énergétique du logement.

Le diagnostic de performance énergétique © Effy

3. Définir le scénario de travaux

Une fois l’audit effectué, votre conseiller·ère rénovation vous indiquera les travaux les plus efficaces à prioriser pour réduire votre facture. Cela peut passer par l’isolation du toît, des murs extérieurs, des parois vitrées, mais aussi par l’amélioration du système de ventilation, de chauffage ou d’eau chaude. Viennent enfin l’installation d’énergies renouvelables et l’optimisation des systèmes électriques.

Il est important de demander des devis à plusieurs professionnel·les certifié·es RGE - ou Reconnu garant de l’environnement, qui ont suivi une formation et s’engagent à respecter une charte de qualité.
 

4. Financer son projet

Une fois les différents devis obtenus, il ne faut pas les valider avant d’avoir effectué une demande d’aides. Votre conseiller·ère vérifiera leur conformité aux critères d’éligibilité et montera le dossier de financement.

Il existe des aides nationales (Ma prime rénov’, crédit d’impôt transition énergétique, éco-prêt à taux zéro, TVA à taux réduit à 5,5 %...) et locales - par commune, département ou région. Toutes les aides ne dépendent pas des conditions de revenus et sont, pour la plupart, cumulables entre elles.

Les financements diffèrent selon que vous êtes propriétaire bailleur ou propriétaire occupant. Si vous êtes dans une copropriété, les conseiller·ères vous expliqueront quels types de travaux peuvent être effectués par le « syndic ». Les aides sont marginales pour les locataires - il est préférable de s’adresser à son propriétaire.
 

5. Faire les choses dans l’ordre

Une fois la réponse à la demande d’aide obtenue, les devis peuvent être validés et la rénovation commencer. Les sommes dues seront versées en échange des attestations de fin de travaux et des factures.

Broute - La fast fashion : aussitôt porté, aussitôt jeté !

la chaîne pastiche Broute moque avec humour les habitudes d’achat des Français·es. Dans son viseur : la surconsommation des vêtements vendus à petits prix

© Broute

+ Anne-Sophie Novel, Mathilde Picard et Barbara Pagel ont contribué à ce numéro