Chères toutes et chers tous,
Alors que commence la campagne pour l'élection présidentielle, moment central de la démocratie représentative et lieu de nombreuses dérives journalistiques, 45 titres - dont Vert - lancent un appel collectif à soutenir la presse indépendante, menacée par la concentration sans précédent de médias aux mains de quelques-uns, et par le système inique des aides à la presse. Retrouvez notre lettre ouverte ici.
Pendant que l'amer monte, les activistes multiplient les tactiques pour remporter la bataille climatique.

Climate finance day : le sommet de la finance « durable » est aussi celui du greenwashing
Le compte n’y est pas. Il aurait pu être le lieu d’annonces fortes en matière de finance durable ; le climate finance day, qui a réuni les grands acteurs financiers français mardi à Paris, a surtout été l’occasion de discours velléitaires sans réel impact.
Une gourde made in France aux couleurs de l’événement distribuée à l’entrée, un pin’s #MakeOurPlanetGreatAgain et un badge plastifié « It’s time for a real impact ! » : les quelque 350 participant·e·s au Climate Finance Day ne repartiront pas les mains vides. Mardi, des banques, compagnies d’assurance et institutions financières se sont réunies dans les couloirs du Palais Brongniart - l’ancienne Bourse de Paris - pour la grand-messe annuelle de la finance « durable ».
Sous la verrière du grand hall du Palais Brongniart, une dizaine de « fintechs » (des startups qui travaillent dans le domaine de la finance) sélectionnées par un concours présentent leurs solutions aux invité·e·s pour verdir l’économie. De nombreuses tables rondes proposent, au choix, de « déverrouiller la finance pour la résilience », « protéger la biodiversité avec la finance » ou encore de « scale up » (changer d’échelle) et mesurer l’impact des entreprises. En marge de ces conférences, c’est surtout le réseautage qui fait florès dans les couloirs du colloque.

Dans un discours inaugural inspiré, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, appelle les acteurs financiers privés à s’engager davantage pour être à la hauteur de l’Accord de Paris - qui prévoit de maintenir le réchauffement à moins de 1,5°C d’ici 2100. « On n’y est pas encore ! », a martelé le ministre devant l’auditorium.
Problème : pour les ONG, c’est justement à l’Etat de forcer la main des entreprises réticentes en usant de son pouvoir de sanction. C’est d’ailleurs ce qui a poussé une vingtaine d’activistes d’Alternatiba et des Amis de la Terre, à perturber l’événement pendant plus de deux heures pour dénoncer « un sommet du greenwashing », selon Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre (voir plus bas).
Greenwashing ou engagement sincère, « il ne tient aussi qu’aux entreprises de s’emparer de l’enjeu », indique à Vert Lucie Pinson, directrice générale de l’ONG Reclaim Finance invitée à une table ronde ce jour. Si certaines ont pris des mesures fortes, comme le Crédit Mutuel qui a annoncé cesser « dès aujourd’hui » le financement de nouveaux projets pétro-gaziers (Les Échos), il reste encore de nombreux cancres. Comme le Crédit Agricole, qui a promis de ne plus financer les entreprises qui tirent « une part significative » de leurs revenus des hydrocarbures non-conventionnels, sans préciser ce que cela signifie (Reclaim Finance) : « Il y a de gros trous dans la raquette », alerte Lucie Pinson. Et la finance refuse toujours de saisir la balle au bond.

· Mardi, EDF comparaissait devant la justice française pour non-conformité à ses obligations de vigilance. La filiale mexicaine de l’entreprise est accusée d’avoir influencé l’opinion de membres d’une communauté autochtone de l’État de Oaxaca, au sud du pays, afin d’obtenir la construction d’un grand projet éolien. Dans une tribune du Monde, quatre eurodéputé·e·s français·es demandent à l’État de prendre position pour s’assurer qu’EDF, détenue à 83% par la France, respecte les droits des peuples autochtones et ne se cache pas « derrière l’impératif de la transition pour outrepasser les droits humains ». - Le Monde
· Les États doivent multiplier leurs efforts par sept pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici 2100, a alerté l’ONU mardi dans un rapport. S’ils étaient atteints, les nouveaux objectifs climatiques déposés en amont de la COP26 par 143 pays mettraient le monde sur la voie d’un réchauffement d’au moins 2,7°C d’ici 2100. « Il y a eu des progrès […] mais nous sommes très loin de là où nous devrions être », alerte Anne Ohloff, l'une des autrices de l’étude. - Libération (AFP)



Désobéissance fossile. Mardi, une vingtaine d’activistes d’Alternatiba Paris et des Amis de la Terre ont paralysé le Climate Finance Day pendant plus de deux heures. À l’issue du discours du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, des militant·e·s se sont versé de la mélasse sur la tête pour dénoncer les investissements des entreprises dans les hydrocarbures. Alors qu’une trentaine de petites alarmes installées par les ONG retentissaient dans la salle, les activistes ont scandé « Macron, Le Maire, il faut choisir : les énergies fossiles ou notre avenir ». Leur objectif : « que l’État réagisse enfin au financement croissant des énergies fossiles par les acteurs privés », a indiqué à Vert Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre. Dix militant·e·s ont finalement été placé·e·s en garde à vue et n’avaient pas encore quitté le commissariat à l'heure de l'écriture de ces lignes.

Ophélie Damblé, guérillera verte au nom de Ta mère nature
Prenons-en de la graine. Connue sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Ta mère nature, Ophélie Damblé a lancé sa chaîne YouTube il y a quatre ans, au moment où elle quittait son travail de publiciste pour se former à l'agriculture. Après avoir vécu dans plusieurs écolieux partout en France, elle est revenue à la ville pour y retrouver une plus grande diversité humaine et y amener la nature. A Vert, elle raconte ses influences punks et féministes et sa « guérilla green » qui veut réensauvager la ville à grands renforts de bouturage sauvage et autres « bombes » de graines. Portrait d'une agricultrice urbaine pleine de volonté et d'autodérision à lire sur vert.eco


Guérilla Green : comment dépolluer sa ville
Parmi les dizaines de vidéos que compte sa chaîne Youtube, Ophélie Damblé a notamment réalisé une série consacrée à la Guérilla Green (lire notre portrait) : kit parfait du green guerrillero; sauver la biodiversité, mode d'emploi; comment planter des arbres en ville... Les 25 titres de sa playlist regorgent de bonnes idées pour réensauvager nos déserts de béton. Dans un registre moins guerrier, Ophélie s'est récemment mise à chanter son amour pour les animaux nuls depuis son compte Instagram.

+ Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro