Chères toutes, chers tous,
La désignation de nos député.es débute ce dimanche avec le premier tour des élections législatives. Si vous avez encore des doutes à la veille de ce scrutin décisif, c'est le moment de (re)découvrir tous les articles concoctés au cours des dernières semaines par notre équipe !
A Paris on espère que le climat gagnera les élections même si à Bruxelles, il sème la division.

Comment la bataille pour le climat fait trembler le Parlement européen
Stupeur et Parlement. Réuni.es en session parlementaire à Strasbourg, les eurodéputé·es auraient dû voter mercredi plusieurs textes cruciaux du Pacte Vert européen. Mais l'influence des lobbys industriels et le jeu trouble de la droite et du centre ont mis l'hémicycle sens dessus dessous. Récit.
« Les votes pour le paquet climat européen commencent dans deux minutes ! Nous avons rendez vous avec l’histoire », twittait mercredi 8 juin l'eurodéputé Pascal Canfin, chef du groupe Renew (dont font notamment partie les Français d'En marche). Cet après-midi là, les 750 député·es européen·nes avaient rendez-vous dans l'hémicycle pour solder des mois de discussions et adopter leur compromis final sur huit des 14 propositions législatives qui découlent du Pacte Vert européen (Vert). La séance de vote est effectivement entrée dans l'histoire du Parlement européen. Mais à ce stade, il est encore impossible de dire s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle tant les choses se sont déroulées de manière inattendue.
De cette après-midi mouvementée, on retiendra d'abord des avancées certaines, dont l'interdiction de la vente de voitures et camionnettes thermiques neuves à compter de 2035 (contre 2040 en France par exemple). Les eurodéputé·es ont également réussi à se mettre d’accord pour durcir l’assujettissement des compagnies aériennes au principe de pollueur-payeur via le marché européen des quotas carbone (ETS). Enfin, ils ont adopté le partage de l'effort entre pays membres pour réduire de 40% au lieu de 30% (entre 2005 et 2030) les émissions de CO2 de quatre secteurs d'activités prioritaires (une partie de l’agriculture, la gestion des déchets, le transport routier et le bâtiment). Par exemple, l’objectif français est passé de 37 à 47,5 %.

Mais c'est le vote sur la réforme du marché ETS qui a semé le chaos dans l'hémicycle, comme l’ont raconté en détail nos confrères de Contexte. Ce dispositif d'achat/vente de droits à polluer instauré en 2005 demeure aujourd'hui largement inopérant en raison des nombreuses dérogations et quotas gratuits accordés aux industriels qui y sont soumis. Parmi les compromis dessinés en commission parlementaire, les eurodéputé·es s'étaient notamment mis d'accord pour mettre fin à ces quotas gratuits dès 2030. Mais lors du vote en plénière, le PPE, soutenu tour à tour par Renew, l'extrême droite (ID) ou la droite eurosceptique (CRE), a finalement réussi à faire adopter plusieurs amendements, répondant aux demandes des industriels, mais amoindrissant considérablement l'ambition du texte (Mediapart). Le report des quotas gratuits à fin 2034 a été considéré comme une ligne rouge par les socialistes qui ont, en conséquence, décidé de rejeter le compromis dans son entièreté. De facto, l'adoption d'une taxe carbone aux frontières est également reportée puisque celle-ci consistait en fait à obliger les importateurs de produits polluants à acheter des quotas carbones sur ce marché de l'ETS. De même, la création d'un fonds social pour le climat et suspendu, car celui-ci devait être abondé par les recettes issues de la vente de ces quotas carbone.
Après ce revers inattendu, les député·es ont décidé de renvoyer les textes en commission parlementaire pour tenter de trouver un nouveau compromis. Un nouveau rendez-vous en plénière a été fixé pour le 22 juin. C'est ce jour là que l'on saura si le report aura été utile ou non.
L'article complet est à retrouver sur vert.eco

· Cette semaine, plusieurs ONG écologistes ont décrypté et classé les programmes des candidat.es aux législatives. L’alliance Nupes des partis de gauche récolte les meilleurs appréciations en matière de climat et d’environnement, selon un résumé de ces classements réalisé par Reporterre.
· Lundi, EDF a dû baisser la production d’électricité issue d’un réacteur de la centrale nucléaire de Saint-Alban, en Isère, en raison d’un trop faible débit du Rhône, et de nouvelles restrictions de production sont susceptibles d’avoir lieu ce weekend, a prévenu l’entreprise. Alors que la France est sous la menace d’une grave sécheresse, la disponibilité de la ressource en eau conditionnent le fonctionnement des centrales.
· Mardi, les 27 pays membres de l’Union Européenne se sont accordés avec les député·es européen·nes pour imposer un chargeur universel pour les tablettes, les smartphones et les consoles. Au grand dam de l’entreprise Apple, qui s’y opposait, l’intégralité de ces appareils électroniques commercialisés après l’automne 2024 devront être équipés d’un port USB type C pour lutter contre l’obsolescence programmée. - Libération
· Jeudi s’est tenue au tribunal judiciaire de Paris la première audience de l'action en justice engagée contre Casino pour manquement à son devoir de vigilance. Ce leader de la grande distribution est accusé par onze ONG internationales de commercialiser au Brésil et en Colombie de la viande de bœuf provenant d’élevages qui participent à la déforestation de l’Amazonie et bafouent les droits des peuples autochtones. La désignation d’un médiateur a été proposée par la juge aux ONG plaignantes. - Le Monde


« Vous ne réunirez jamais des gens qui viennent de droite, de gauche et du centre derrière les priorités de Jean-Luc Mélenchon. Il faut chercher le consensus, et la chose que l’on a tous en commun, c’est le fait d’être des êtres humains confrontés au même problème : l’écologie. Là-dessus, vous pouvez rassembler des gens d’horizons différents. »
Mise à nu(p)es. Plusieurs formations écologistes ayant refusé d’adhérer à la Nupes se sont réunies pour monter une coalition en vue des législatives. Quelque 250 candidat·es ont été investi·es par Cap21, L’écologie au centre, le Mouvement des progressistes ou encore Liberté Écologie Fraternité. Initié par Corinne Lepage, présidente du parti Cap21 et ancienne ministre de l’environnement, ce rassemblement se veut l’embryon d’un futur socle écologiste solide qui réfute le principe de la gauche et de la droite dans l’optique de rassembler toute la société. Un article à lire sur vert.eco

Un Pacte pour interpeller les futurs députés sur la transition écologique
Édile et deal. À l’occasion des élections législatives des 12 et 19 juin, les promoteurs du Pacte pour la transition proposent aux collectifs, associations ou simples citoyens des outils pour sensibiliser et interpeller les candidat·es de leur circonscription autour de sept grands enjeux clefs en matière de transition écologique.
« Nous devons refaire des élections législatives un grand temps de débat démocratique », plaide la plateforme du Pacte pour la transition, composée d’une trentaine d’organisations engagées dans les transitions au niveau local comme national (dont Alternatiba, le Réseau action climat, le mouvement des Colibris ou le fournisseur d’énergie coopératif Enercoop).
Lancée à l’occasion des municipales de 2020, l’initiative avait alors proposé aux aspirant·es maires 32 mesures concrètes pour des communes plus écologiques et plus justes. « Sur les 900 listes qui se sont engagées dans le Pacte lors des municipales, plus de 300 ont été élues. Aujourd’hui, une centaine de collectifs continuent d’utiliser la base de ces engagements pour faire des bilans réguliers avec leurs élus », détaille Robin Saxot, chargé de plaidoyer au sein du Collectif pour une transition citoyenne.
Aussi l’opération ne peut-elle être reproduite à l’identique pour les législatives : « la majorité des votes à l’Assemblée ne sont pas publics et le suivi aurait été trop compliqué, nous ne voulions pas donner de blanc-seing aux candidats sans contrepartie », explique encore Robin Saxot. Pour ce scrutin, sept grands enjeux ont été retenus, parmi lesquels figurent la transition agricole et alimentaire, le renforcement de la démocratie, la transition énergétique ou encore la limitation de l’artificialisation des sols.
« L’essentiel est d’outiller les citoyens pour qu’ils redécouvrent le rôle des députés, saisissent leur marge d’action et voient comment cela peut influencer les luttes locales », raconte Robin Saxot.
Pour ce faire, le site du Pacte dédié aux législatives propose un véritable mode d’emploi qui permet d’interpeller au mieux les candidat·es et rendre public le suivi des échanges. Pour l’heure, environ 80 interpellations ont été lancées via la plateforme.

La finance lave plus vert
Billets verts et rire jaune. Le saviez-vous ? L'argent qui dort sur nos comptes en banque représente, de loin, notre premier poste d’émissions de CO2. En effet, c'est notamment avec notre épargne que les banques investissent dans les secteurs les plus polluants (Vert). Heureusement, le monde de la finance se remet en question et propose de plus en plus de placements éthiques, durables et écologiques. En plus de nous donner bonne conscience, ces placements aident de nouveaux secteurs de l'économie verte à émerger... Vraiment ?! Avant d'investir dans un de ces placements, jetez d’abord un œil à cette grinçante enquête, actuellement diffusée sur Arte.

+ Anne-Sophie Novel, Justine Prados et Anna Sardin ont contribué à ce numéro.