Après une vie de labeur à créer patiemment de nouveaux modèles scientifiques, les vieux chercheurs se font doubler par de jeunes chauffards qui veulent inonder l'espace de vidéos Netflix.

Les pays les plus responsables du réchauffement depuis 170 ans, en un graphique
Datagueule. Réalisée par le site Carbon Brief, une datavisualisation montre la lourde responsabilité à travers les siècles de certaines puissances dans la crise climatique.
Il existe un lien direct et linéaire entre les quantités de dioxyde de carbone (CO2) relâchées dans l'atmosphère et l'élévation des températures. Chaque tonne émise aujourd'hui s'ajoute au total libéré depuis le début de la révolution industrielle, période au cours de laquelle l'usage des énergies fossiles s'est développé à travers l'occident, puis le reste de la planète.
On s'en doute, certains Etats sont un peu plus responsables de la crise climatique que d'autres. Mais, outre leur bilan carbone annuel, indicateur trop restreint, le site spécialisé Carbon Brief s'est penché sur le total cumulé de leurs émissions depuis 1850. Il en ressort un graphique animé hypnotisant.

Premier enseignement, en parallèle de l'essor de certaines puissances européennes (Russie, Royaume-Uni, Allemagne, France), les Etats-Unis ont toujours fait la course largement en tête. La visualisation fait ensuite apparaître l'émergence, au 20ème siècle, de l'Indonésie, du Brésil, de l'Inde, puis de la Chine, qui explose dans les années 2000 et 2010.
En 170 ans, les Etats-Unis ont émis plus de 500 milliards de tonnes (gigatonnes) de CO2, soit 20% du total historique mondial. La Chine est lointaine seconde (11%), suivie par la Russie, le Brésil, l'Indonésie et l'Allemagne. La France est 11ème, notamment grâce à sa production nucléaire d'électricité, faible en CO2.
A l'approche de la 26ème conférence de l'ONU (COP26) sur le climat, moment de négociation entre Etats sur la répartition de l'effort mondial, la question de la responsabilité historique est cruciale. Pour minimiser leur contribution à la crise, certaines grandes puissances focalisent les débats sur la légère diminution de leur bilan carbone annuel, qui est généralisée parmi les pays du G20 (outre le Canada).
Mais leur responsabilité historique pourrait les obliger, vis-à-vis des pays en développement ou de ceux déjà très meurtris par le bouleversement du climat, à réduire bien plus drastiquement leurs émissions présentes.

· Mardi, la ministre de l'environnement Barbara Pompili a présenté une dizaine de mesures qui doivent favoriser le développement de l'éolien et rendre cette énergie plus acceptable par les oppositions. Meilleure instruction des dossiers par les préfectures, équipes de « médiateurs de l'éolien », consultation obligatoire des maires des communes concernées, contrôle du bruit systématique pour tous les nouveaux parcs ; le détail des mesures est à retrouver dans 20 Minutes. En 2020, la filière a généré 7,9% de la production française d'électricité.



Une nouvelle mode d'action ? Mardi, en pleine Fashion week, une militante pour le climat s'est faufilée sur le podium du défilé Louis Vuitton avec ce message : « Surconsommation = extinction ». Au même moment, dans la salle et à l'extérieur, des activistes d’Extinction Rebellion, des Amis de la Terre et de Youth For Climate dénonçaient l’impact de la mode sur le changement climatique et l'environnement. « 2,88 milliards de vêtements, soit 42 vêtements par habitant ont été vendus en France l’année dernière. Cette surproduction est incompatible avec les limites planétaires » a tancé Alma Dufour, porte-parole des Amis de la Terre. A elle seule, cette industrie est responsable de 8% des émissions mondiales de CO2. Les activistes se sont adressés à Emmanuel Macron pour réclamer des actions urgentes pour faire baisser la production, améliorer considérablement leur impact environnemental et respecter les droits humains dans les pays de fabrication.

Le prix Nobel de physique récompense des experts du climat
Nobel idée. Cette année, le prix Nobel de physique a été attribué à Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann, deux scientifiques qui ont contribué à faire avancer la compréhension des systèmes climatiques.
Ce mardi, comme l'an passé, le comité Nobel a attribué son prix en sciences physiques à trois lauréats. Parmi ceux-ci, Syukuro Manabe (90 ans) et Klaus Hasselmann (89 ans) sont récompensés « pour la modélisation physique du climat de la Terre et pour en avoir quantifié la variabilité et prédit de façon fiable le réchauffement climatique », a indiqué le jury (AFP).
Professeur émérite à l'Université de Princeton (Etats-Unis), Syukuro Manabe a participé, dans les années 1960, à élaborer un modèle global du climat. Celui-ci lui a permis d'établir un lien plus clair entre l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère et celle des températures. Une décennie plus tard, à l'institut Max-Planck de météorologie de Hambourg (Allemagne), Klaus Hasselmann s'est servi des recherches de son confrère pour créer un modèle qui relie météo et climat, indique la revue scientifique Nature.
« Manabe nous a montré comment et pourquoi l'augmentation du CO2 mène au réchauffement mondial, Hasselmann nous a montré que cela se produit », a résumé Bjorn Stevens, climatologue à l'institut Max-Planck.
Troisième lauréat : l'Italien Giorgio Parisi, dont les travaux sur les « verres de spin » ont permis d'améliorer la modélisation des systèmes complexes (les explications dans Heidi). « Les découvertes récompensées cette année montrent que nos connaissances sur le climat reposent sur une base scientifique solide, fondée sur une analyse rigoureuse des observations » a indiqué en conférence de presse Thors Hans Hansson, président du comité Nobel de physique.
Deux mois après la sortie de la partie scientifique du nouveau rapport du Giec (Vert), et à quelques semaines de la 26ème conférence de l'ONU (COP26) sur le climat, le choix du comité Nobel n'est pas anodin.

Starlink, le cauchemardesque projet spatial d'Elon Musk
Elon masque le ciel. Et si l'on multipliait par huit le nombre de satellites en orbite autour de la Terre, mais en les rapprochant de nous - à 400 kilomètres d'altitude, et pour le seul plaisir de mieux capter internet à n'importe quel endroit du globe ? Voici Starlink, le projet insensé du milliardaire Elon Musk, qui veut mailler notre haute atmosphère avec ses 40 000 antennes volantes. Comme s'en émeut l’astrophysicien Miguel Montargès, cette folie entraînera une pollution lumineuse jusqu'aux points les plus reculés de la planète et perturbe d'ores et déjà le travail des scientifiques.
