La quotidienne

Qatarstrophique

Chères toutes et chers tous,

📢 Aujourd’hui, Vert est présent au festival Médias en Seine, organisé par les Échos-le Parisien et France info, pour une journée de réflexion autour du journalisme et de la sphère médiatique. Loup Espargilière participe à un échange sur « Climat & biodiversité : les médias sont-ils (enfin) à la hauteur du défi ? » tandis que Juliette Quef va évoquer le modèle économique de la newsletter lors d'une table-ronde.

📅 Avez-vous pris vos places pour la soirée du 1er décembre à Paris ? Vert organise un événement pour réfléchir aux manières de parler d’écologie pour toucher nos concitoyen·nes. Pour en savoir plus sur nos fantas(ti)ques invité·es et vous inscrire (places limitées), c’est par ici.


La Coupe du Monde est à peine entamée mais son trophée du greenwashing est déjà mérité !


Coupe du monde « neutre en carbone » : les mauvais calculs du Qatar et de la Fifa

Carton rouge. Incroyable mais vrai, les organisateurs de la Coupe du monde de football tentent toujours de faire croire que la compétition n’aura aucun impact sur le climat. Manque de chance, ils ne sont pas les seuls à avoir sorti la calculette.

La coupe du monde la plus extravagante de l’histoire du football a débuté dimanche au Qatar, où 32 équipes et plus d’un million de supporters sont attendus pour deux mois de compétition grandiloquente. Pour s’assurer un rayonnement international, le pays a déboursé pas moins de 200 milliards de dollars (et autant d’euros) dans des chantiers démentiels tels que ses fameux huit stades climatisés, la ville-nouvelle de Lusail (qui accueillera la finale) ou encore 130 000 places d’hôtel supplémentaires. 

Prêts à tout pour nous faire rêver, la Fédération internationale de football (Fifa) et le Qatar ont promis d’en faire « la première coupe du Monde neutre en carbone », ce qui signifie qu’ils « compenseront intégralement les émissions associées à la compétition […] via le financement d’autres projets susceptibles de réduire les émissions ». Selon les calculs de la Fifa, l’évènement génèrera 3,6 millions de tonnes de CO2 (soit presque deux fois les émissions annuelles de Marseille).

Des militant·es protestent contre la Coupe du monde au Qatar à l’occasion du match d’ouverture, dimanche 20 novembre, sur la place de la République à Paris. © Julien de Rosa / AFP

Des calculs vivement contestés par plusieurs organisations dont Carbon market watch ou l’application française Greenly, qui arrivent respectivement à 5 et 6 millions de tonnes émises. Carbon market watch conteste en particulier le très faible poids carbone attribué aux nouveaux stades. Le calcul n’intègre que les émissions liées à 58 jours de compétition pour un stade censé durer 60 ans. Or, même si le Qatar promet leur utilisation future, ces huit stades risquent fort de tomber en désuétude une fois la compétition terminée.

L’autre problème concerne le financement même des projets destinés à compenser ces émissions. La Fifa a annoncé en 2020 son intention d’acheter 1,8 million de crédits carbone (sur les 3,6 millions nécessaires) via la création d’un organe dédié, le Global Carbon Council. Or, à ce jour, seuls six projets d’énergie renouvelable sont recensés, représentant moins de 200 000 crédits.

· Plus de 2 800 décès supplémentaires ont été enregistrés en France pendant les épisodes de canicule de cet été, d’après un bulletin publié par Santé publique France lundi. Ces épisodes caniculaires sont les plus meurtriers depuis 2003, où l’excès de mortalité avait atteint 15 000 personnes en un mois. Au cours de l’été entier, la France a observé une surmortalité (toutes causes confondues) de plus de 10 400 individus. - Le Monde
 

· En 2022, les dégâts sur les bâtiments liés aux épisodes de sécheresse en France devraient coûter entre 1,9 et 2,8 milliards d’euros, d’après les prévisions réactualisées à la hausse de la fédération France assureurs. « 2022 risque d’être l’année la plus sinistrée » à cause de la sécheresse, qui fissure et fragilise de nombreuses maisons, a expliqué la présidente de la fédération, Florence Lustman, sur France inter lundi.
 

· Près de la moitié (44%) des arbres replantés ne survivent pas plus de cinq ans et un sur cinq (18%) meurt au cours de la première année, a conclu une étude scientifique récemment publiée dans la revue britannique Philosophical transactions of the Royal Society. Les chercheur·ses ont analysé la croissance de végétaux dans 176 sites de replantation en Asie. Les résultats de l’étude soulignent l’importance de préserver les forêts existantes et l’incertitude des politiques de restauration. - Futura-sciences

1,4 %

MicrosCOP. La 27ème Conférence des Nations unies (COP27) sur le climat a occupé seulement 1,4 % du volume médiatique audiovisuel en France, selon les analyses de Quota climat et Data for good. C’est moins que l’année dernière, où la COP26 avait grappillé 1,8 % du temps d’antenne. « Ce sous-traitement de l’information porte préjudice à la compréhension des enjeux et du déroulé des négociations par le grand public », regrettent les deux associations. Ce chiffre masque des situations contrastées : France 24 ou France Info y ont consacré près de 20 % de leur temps d’antenne, contre 0,3 % pour Canal +. Retrouvez notre suivi de la COP27 sur vert.eco

Victimes de la clim' ! La polémique autour des stades climatisés du Qatar a pris une tournure plutôt divertissante, dimanche, lors du match d’ouverture de la Coupe du Monde. Malgré le vent et des températures en baisse à 17h, les organisateurs ont absolument tenu à activer l'air conditionné, tout en laissant le toit du stade ouvert : le mercure, rapidement tombé de 25 à 20°C a eu tôt fait de glacer l’ambiance. Des supporters « morts de froids » ont tenté de s’emmailloter dans leur drapeau tandis qu’une bonne partie de l’assemblée a finalement séché la fin du match. « J’étais pas au stade, j’étais à Koh Lanta : à chaque fois que je me retournais un mec avait disparu », a rapporté le journaliste de RMC Sport, Houssem Loussaief.

Mettre le climat et le vivant à l'affiche 

Des posters contre les imposteurs. Aidez Vert à fabriquer sa nouvelle série de posters en infographies pour que tout le monde ait enfin les bonnes données et les vrais ordres de grandeur sur tous les sujets liés à l’écologie, et puisse se mettre en action !

Combien d’entre nous comprennent ce que représente réellement un kilogramme ou une tonne de CO2 ? Connaissent la différence entre un kilowatt et un kilowattheure ? Savent de combien de degrés le climat s’est déjà réchauffé ?

Ceci n’est pas qu’une affaire de culture générale : à en croire la publicité, planter des arbres et installer quelques panneaux solaires devrait suffire à régler tous nos problèmes. Si nous n’avons pas les ordres de grandeurs en tête sur le CO2, l’énergie, ou le climat, il est trop facile de se laisser avoir par la langue de bois ou le greenwashing.

Pour répondre à ce problème urgent à l’heure de la crise climatique, nous avons un projet, baptisé « Désordres de grandeur : toute l’écologie en posters pour enfin y voir clair ». L’idée : un nouveau poster tous les deux mois, qui montrerait les données-clefs et les bons ordres de grandeur sur les gaz à effet de serre, les transports, le numérique, la mode, l’agriculture, la biodiversité,etc. Ces posters pourront s’afficher dans les entreprises, les rédactions de journaux ou les écoles, pour que tout le monde ait accès à ces informations cruciales.

Le premier numéro, consacré aux gaz à effet de serre qui réchauffent notre atmosphère est prêt à être dévoilé :

Nous avons grand besoin de vous ! Pour financer cette série, qui demande un travail considérable, nous lançons dès demain une campagne de dons que nous partageons avec vous en avant-première.

Aidez-nous à faire exister et à diffuser massivement ces informations indispensables à l’heure de la crise climatique en faisant un don dès maintenant sur la page Kiss kiss bank bank de notre collecte. Vous pourrez mettre la main sur le premier poster de la série, à imprimer chez vous ou à recevoir par courrier, et vous contribuerez à mettre enfin le climat à la Une !

La France moche

Dégoût et des couleurs. L’édition 2022 des prix de la France moche, organisée par Paysages de France, a récemment distingué ses lauréats. Grâce aux contributions de ses adhérent·es, l’association a choisi quatre coins de villes particulièrement amochés par les enseignes publicitaires et les panneaux d’informations. Bravo à la mairie de Villard-de-Lans (Isère) qui s’est offert un immense panneau lumineux gâchant la vue sur la montagne ; ou encore à la zone commerciale d’Aubière dans le Puy-de-Dôme (ci-dessous), qui mêle avec intensité panneaux routiers et publicitaires, déroulants, lumineux ou bien fixes : un chef d’œuvre. La suite du palmarès.

Cliquez pour accéder au palmarès 2022. © Paysages de France

+ Loup Espargilière et Justine Prados ont contribué à ce numéro.