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Après les inondations de l’automne, la France dévoile sa stratégie bas-carbone et les Écossais ciblent les voitures qui pèsent des tonnes. 


Oliviers détruits, terres souillées pour des années… Au Liban, les bombardements israéliens ravagent vies et environnement

Depuis un an que la guerre sévit au Liban, les bombardements israéliens incessants ont tué près de 3 000 personnes et en ont conduit 1,3 million à l’exil forcé. Outre un lourd bilan humain, cette guerre a saccagé et souillé pour longtemps des espaces naturels et des terres agricoles. Reportage dans la vallée de la Bekaa, à l’est du Liban.

Une fine poussière blanche a creusé des sillons dans les mains de Nazha Chouja, marquées par la vie. Cette réfugiée syrienne s’échine à aligner d’imposantes pierres blanches sous un soleil de plomb en cette fin du mois d’octobre. Avec une dizaine de personnes, elle doit paver une petite route cabossée et sinueuse à Saadnayel, dans la vallée de la Bekaa, à l’est du Liban. Un travail éreintant, qu’elle effectue de 8 heures à 14h30, du lundi au samedi pour douze dollars américains (environ onze euros) par jour.

Nazha Chouja, réfugiée syrienne au Liban depuis 2012, compte désormais sur une petite parcelle de terre pour cultiver quelques légumes et sur son travail à la municipalité pour subvenir aux besoins de sa famille. © Sandro Basili/Vert

Cette agricultrice se lamente : «J’ai perdu mes terres. Par le passé, nous avions tout ce dont nous avions besoin. J'avais une autosuffisance qui me permettait de subvenir aux besoins de toute la famille…», regrette cette mère de neuf enfants, keffieh et chapeau sur la tête, et gilet fluorescent sur les épaules.

Nazha Chouja a fui la guerre civile en Syrie. Il y a douze ans, elle est arrivée au Liban avec son mari et ses enfants. Depuis, elle est devenue une travailleuse de la terre, comme beaucoup de réfugié·es de Syrie : on en compte 1,5 million au Liban, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Avec son mari, Abu Chouja, elle cultivait un champ de dix hectares situé près de la ville de Baalbek, bastion du Hezbollah, jusqu’à il y a un mois. Une zone densément bombardée depuis la mi-septembre, et surtout à la fin du mois d’octobre, et la montée en puissance de l’offensive israélienne contre le parti chiite pro-iranien.

Saadnayel, la ville de la vallée de la Bekaa où Nazah et Abu Chouja ont trouvé refuge. Au nord-est, la ville de Baalbek qu’ils ont dû fuir.

· Lundi, la Suède a annoncé qu’elle annulait 13 projets éoliens le long de ses côtes en mer Baltique. En cause, selon les autorités : les émissions d’échos radar et les interférences produites par les éoliennes, qui risquaient de nuire à la sécurité du pays. Le projet avorté aurait multiplié par deux le délai de détection d’une attaque de missiles, d’après le ministre de la défense suédois, qui précise que la proximité de la Suède avec l’enclave russe de Kaliningrad a été «un élément central» dans la prise de décision. - Le Monde (AFP)

· Lundi encore, les enseignes de grande distribution Netto et Intermarché ont annoncé mettre fin à la vente de cerises et de fraises «pour les fêtes de fin d’année», soit en décembre et janvier. Une mesure visant à «promouvoir les fruits et légumes français de saison» avant tout symbolique, le marché ne représentant que 1% du chiffre d’affaires du groupement Les Mousquetaires. Selon le distributeur, ce premier pas pourrait en annoncer d’autres si cette expérimentation s’avère concluante. - Le Parisien

· Lundi toujours, une éléphante de Sumatra, sous-espèce menacée de disparition, est née au sein du site touristique de Buluh Cina, en Indonésie. Seuls 2 400 à 2 800 individus subsistent dans le monde, d’après le Fonds mondial pour la nature (WWF). En Indonésie, les éléphants de Sumatra sont menacés par le braconnage et par la déforestation. - La Tribune de Genève (AFP)

-50%

Carbone nouvelle ? Lundi, avec plus d’un an de retard, la ministre de l’écologie Agnès Pannier-Runacher a enfin dévoilé deux documents essentiels à la transition écologique de la France : la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC - la feuille de route climatique du gouvernement) et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE - la trajectoire nationale pour la transition énergétique). L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) a été relevé de -40% à -50% d’ici 2030 (par rapport à 1990). Une ambition qui reste en dessous de l’objectif officiel de -55% établi par l’Union européenne. À horizon 2030, les renouvelables et le nucléaire devront représenter 60% du mix énergétique français. Le secteur des transports, le plus polluant du pays (un tiers des rejets), devra faire le plus gros effort : réduire ses émissions de 31% entre 2022 et 2030. Accompagnée des ministres délégués aux transports et à l’énergie, François Durovray et Olga Givernet, Agnès Pannier-Runacher a lancé une concertation publique de six semaines sur ces deux documents. - Le Monde (abonné·es)

© Tyre extinguishers via X

SUV qui peut. Dans la nuit de dimanche à lundi, le collectif des Tyre extinguishers («les extincteurs de pneus») a ciblé des SUV à Édimbourg (Royaume-Uni) «en solidarité avec les victimes climatiques de Valence». Les militant·es ont tagué plusieurs véhicules avec des pochoirs disant «Ces voitures tuent des Valenciens» et laissé des photos de victimes des inondations sous les essuie-glaces. Les activistes dénonçaient «le rôle disproportionné des SUV dans les catastrophes météorologiques, comme celle qui a tué plus de 200 personnes en Espagne» - au moins 217 selon un bilan toujours provisoire. Pour rappel, si les SUV étaient un pays, ils seraient le cinquième plus gros émetteur de CO2 de la planète (notre article). Les Tyre extinguishers ont appelé d’autres groupes à organiser des actions similaires.

Kamala ou Trump : désastre écologique programmé ?

Ne pas se trumper. Kamala «le pompier pyromane», contre Trump «le big pyromane»... Dans une vidéo publiée lundi sur YouTube, le média indépendant Limit met en scène les deux candidat·es à l’élection présidentielle américaine, façon combat de boxe, autour des enjeux écologiques. Quinze minutes pour comprendre plus en profondeur ce que l’on sait déjà : si la première ne devrait pas sauver le monde, le second pourrait bien l’aider à sombrer.

© Limit

+ Rémy Calland, Amélie David, Loup Espargilière et Antoine Poncet ont contribué à ce numéro.