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Plus rien ne m’automne

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L'été continuera de s'incruster jusqu'en octobre tant que nos modes de vie ne seront pas plus sobres.


Le mois d’octobre est le plus chaud jamais enregistré en France… et risque de devenir la norme

Octobre rouge. Le mois d’octobre qui s'achève - le plus torride depuis les premiers relevés, en 1900, - a été supérieur de 3,5°C à la moyenne. Un nouveau record qui fait suite à une vague de chaleur inédite dans son intensité, sa longueur et ses conséquences en cascade, amenée à devenir de plus en plus fréquente à cause du réchauffement climatique.

32,5 °C à Figari, en Corse le 23 octobre, 30 °C à Bordeaux le 16, 25,9 °C à Nantes le 19… La France a connu des températures moyennes de 3 à 4 °C au-dessus de la normale (calculée par rapport à la moyenne de la période 1991-2020) tous les jours depuis le 2 octobre. Octobre 2022 a battu le précédent record - c’était en octobre 2001 - avec une marge effarante : près d’un degré (+0,9°C).

Hélas, la vague de chaleur qui assoiffe la France risque de devenir la norme au milieu du siècle. « Il faut imaginer un dé où il y avait une chance sur 50 pour tomber sur une vague de chaleur en 2019 et où il y en aura plus qu’une sur quatre si l’on dépasse les 2 °C de réchauffement en 2050-2060 », explique à Vert Christophe Cassou, climatologue rattaché au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Pour l’heure, la température moyenne mondiale s’est déjà réchauffée de 1,2°C par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle).
 

L'anomalie de températures la plus forte de l'année

Si d’aucuns ont vu dans cette vague de chaleur tardive un prolongement plaisant de l’été, celle-ci aura des répercussions graves dans le temps. « L’anomalie mensuelle d’octobre est plus forte que les mois d’été, même s’il y a moins de conséquences sanitaires directes, comme les incendies ou canicules », note Gaétan Heymes, ingénieur prévisionniste à Météo France, dont l’institution fait état d’une sècheresse jamais vue à cette période depuis 1958 en Occitanie. C’est pourtant à cette partie de l’année que les nappes phréatiques commencent à se remplir pour le printemps et l’été à venir. Autrement dit, la chaleur d’aujourd’hui prépare la sécheresse de demain.

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Cette chaleur inédite trompe aussi les espèces vivantes. Certains arbustes et arbres, qui ont fleuri tôt ce printemps, ont commencé à refleurir ces derniers jours, s’abreuvant de l’eau qui devrait normalement recharger les nappes phréatiques à cette période. Les moustiques - dont les « tigres » -, survivent plus longtemps et étendent leur territoire, en augmentant de façon inédite les cas de dengue en métropole.

« Si l’hiver est sec, avec un printemps précoce et chaud comme l’année dernière, là on risque d’avoir des problèmes bien plus graves », avertit Gaétan Heymes, alors que 2022 sera sûrement l’année la plus chaude jamais enregistrée en France.

· Lundi, lors de l’examen du projet de budget pour 2023, l’Assemblée nationale a voté près de 12 milliards d’euros supplémentaires en faveur de la rénovation thermique des logements, et 3 milliards pour le développement du ferroviaire. Ces investissements risquent d’être écartés par l’exécutif, qui menace de recourir à nouveau à l’article 49-3 de la Constitution pour faire adopter son propre projet contre la majorité des député·es. - Libération
 

· Lundi encore, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a prédit une hausse de la demande mondiale de pétrole jusqu’en 2035. Celle-ci serait tirée par certains pays d’Afrique, d’Asie, dont l’Inde, afin d’alimenter le secteur des transports et les industries pétrochimiques. - 20 Minutes (AFP)
 

· Pour la première fois depuis le début des mesures en 1880, aucune gelée n’a été enregistrée à Mouthe (Haut-Doubs) pendant ce mois d’octobre. Ce village est considéré comme « le plus froid du pays » par Météo-France, avec un record des températures minimales à -36,7 degrés atteint le 13 janvier 1968. - Sud-Ouest
 

· Les baleines bleues absorberaient jusqu’à dix millions de particules de microplastiques chaque jour, selon une nouvelle étude publiée ce mardi dans la revue Nature. Cela représente jusqu’à 43,6 kilogrammes ingérés quotidiennement par le plus grand animal du monde. Les scientifiques souhaitent désormais évaluer l’impact de cette pollution sur la santé du cétacé. - Sud-Ouest (AFP)

Cliquez sur le dessin pour le voir en grand. © Sanaga pour Vert

Poux, puces, acariens : plongée dans le monde des « mini-monstres » au Muséum national d’histoire naturelle

On en veut puce ! Cet automne, le Muséum zoome sur les petites espèces invisibles, mais essentielles, qui nous entourent. En présentant les superpouvoirs de ces « mini-monstres », dans une riche exposition, l’institution met aussi en lumière l’impact de nos activités sur l’effondrement du vivant.

Elles sont là, mais nous ne les voyons pas. Pou, puce, punaise ou acarien, ces espèces sont partout : sur notre corps, dans notre environnement et bien souvent dans nos pires cauchemars. À travers les allées du Muséum national d’histoire naturelle, empêtré·es dans une forêt de cheveux, les visiteur·ses mis·es à l’échelle des bestioles microscopiques se retrouvent nez-à nez avec « Supercaptor », le moustique capable de repérer des odeurs de pieds ou de fromages à des kilomètres, « Superminus », le tout petit acarien ou encore « Accromèche », le pou qui ne saute pas, mais s’accroche de tête en tête. « Les moustiques et les poux me paraissent moins embêtants maintenant », commente Dalia, en classe de CM1, qui découvre la place importante qu’occupent ces liliputiens. 
 

L’Homme, un maxi-monstre pour les mini-bêtes

« C’est génial de la voir au microscope » s’enthousiasme Mansurya, 9 ans, l’œil dans la lunette, en train d’observer sa propre main. Au travers de la découverte des espèces à la mauvaise réputation, c’est bien un zoom sur nous-mêmes qui est proposé. Maisons chauffées et confortables, villes surpeuplées, réchauffement climatique ou encore mondialisation, nos activités permettent aux petites bêtes de se multiplier. « J’avais peur que ce soit trop compliqué, mais les explications sur les problèmes sont vraiment à hauteur d’enfants et répétées plusieurs fois », applaudit Myrtille, accompagnée de sa fille de 9 ans.

L’exposition « Mini-Monstres » peut être visitée au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, jusqu’au 23 avril 2023. © Alban Leduc/Vert

Maillon essentiel d’une vaste chaîne alimentaire, certains insectes et parasites prospèrent de façon déséquilibrée à cause de la disparition de nombreux prédateurs. Et les produits chimiques employés jusque-là pour les exterminer aggravent la situation, en les rendant plus forts et plus résistants. « L’idée, c'est de réapprendre à vivre ensemble et découvrir l’utilité de ces mini-monstres », détaille Aude Pinguilly, chargée de projets sur l'exposition. Qui savait que les larves des moustiques filtraient l’eau des rivières ?

Pour éviter que ces mini-monstres se transforment en maxi-problèmes, il est urgent de mieux les comprendre et d’atténuer nos impacts sur le monde vivant.

« Mini-Monstres », à la Galerie de géologie et de minéralogie, au Jardin des plantes (Paris 5ème). Du 22 octobre au 23 avril 2023, de 10 heures à 18 heures. Plein tarif : 10 euros, tarif réduit : 7 euros.

Peut-on sérieusement parler d’éco-terrorisme ?

Les sanglots longs des violences de l’automne. « Violence extrême » voire, « éco-terrorisme » ; plusieurs ministres - en tête desquels celui de l’intérieur, Gérald Darmanin - ont rivalisé d’inventivité pour qualifier les manifestations de ce week-end contre l’implantation d’une retenue d’eau (ou « méga-bassine ») à Sainte-Soline (Deux-Sèvres - notre reportage). Dans une chronique pour l’émission Quotidien, le politologue Clément Viktorovitch démonte l’usage de ces termes en expliquant leurs implications juridiques, et alerte sur ces manipulations outrancières du langage.

© Quotidien

+  Loup Espargilière, Justine Prados, Sanaga et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.