La quotidienne

On va tous canner

Chères toutes et chers tous,

🗓️  Du 1er au 25 juin, le Festival de l’économie engagée revient aux Canaux (Paris 19è) avec un mot d’ordre : «Moins, mais mieux». Pour comprendre la notion de sobriété et mieux répondre à nos besoins du quotidien, des apéro-débats, une exposition immersive dans un appartement du futur, des ateliers, projections, marchés, et concerts sont prévus. Inscrivez-vous juste ici.


De la croisette de Cannes au Canada, l'action pour le climat se résumerait-elle à un mauvais film ?


A Cannes, la pression monte contre un festival qui ne prend toujours pas la mesure de l’urgence écologique

Un peu Ford de café. Ce weekend, les actions de militant·es écologistes se sont multipliées pour afficher l’empreinte écologique effarante d’un festival de Cannes qui continue à vendre des paillettes, des yachts et des jets.

«Si on ne se bouge pas le cul maintenant, on va perdre cette planète !», a lancé l’air grave, l’acteur mythique d’Indiana Jones, Harrison Ford, sur le plateau de France 2, dimanche. Il a tenté de justifier sa passion pour l’avion («j’adore voler») en arguant qu’il réalisait son rêve de jeunesse. Des contradictions de haut vol à l’image de l’ensemble du festival de Cannes, que sont venues dénoncer plusieurs associations environnementales ce week-end.

Samedi, Extinction Rebellion, Action non-violente COP21 et Attac ont introduit des petites voitures télécommandées équipées de fumigènes sur le tarmac de l’aéroport de Cannes-Mandelieu. Les organisations sont parvenues à empêcher un jet privé de décoller. «Est-ce bien l’heure de brûler ces litres de kérosène pour fouler quelques secondes un tapis rouge?», ont-elles interrogé sur Twitter. «Plus de 80% de l’empreinte carbone de l’événement est imputable au voyage des participants jusqu’à Cannes et à leur hébergement», selon les organisateurs du festival.

En 2022, l’acteur Tom Cruise et le casting du dernier opus des films Top Gun avaient été accueilli·es par les avions de la patrouille de France à Cannes. © Valery Hache / AFP

Le même jour, des militant·es d’Attac ont déroulé une banderole dans le port cannois de Pierre-Canto : «Ne laissons pas les ultra-riches détruire la planète». Selon le collectif Yacht CO2 tracker, «pour une heure de croisière, un yacht consomme ce que nous devrions consommer en une année par personne pour être sur une planète habitable». Ce samedi, il dénombrait 41 de ces navires de luxe dans la baie de Cannes.

Outre diverses mesures cosmétiques pour réduire ses impacts, dont le recyclage de son célèbre tapis rouge (Vert), le festival veut compenser son faste en faisant payer 20€ de contribution environnementale à ses participant·es. Problème : son projet phare de compensation carbone, destiné à protéger une forêt près du lac Kariba, au Zimbabwe, serait largement surévalué, a révélé le média d’investigation néerlandais Follow the Money, relayé par le site Disclose. Son impact réel serait trois fois moindre que celui affiché. Il serait de bon ton que la réalité dépasse la fiction.

· Vendredi, le tribunal correctionnel de Paris a rejeté la citation directe portée par 1 800 victimes de l’amiante et leurs ayants droit, notamment au motif de son «imprécision». Cette procédure visait 14 personnes (hauts fonctionnaires, médecins, industriels) soupçonnées d’être liées au Comité permanent amiante (CPA). Ce lobby financé par l’industrie de l’amiante est accusé d’avoir retardé l’interdiction en France de cette fibre minérale cancérigène. Des victimes envisagent de déposer une nouvelle citation directe. - Le Monde (abonnés)
 

· Dimanche, des militant·es du mouvement Last generation ont coloré en noir l’eau de la célèbre fontaine de Trevi, à Rome (Italie), avec du charbon végétal, pour enjoindre le gouvernement italien à cesser de subventionner les énergies fossiles. Une action menée peu après la mort de 14 personnes lors des inondations-monstres qui ont lessivé l’Emilie-Romagne : «un avertissement préfigurant l'avenir noir qui attend l'humanité», a estimé un activiste interrogé par l’AFP. - France Info (AFP)
 

· A la mi-mai, le gouvernement de Justin Trudeau a donné son feu vert à la compagnie BP pour un forage pétrolier exploratoire au large de Terre-neuve, au nord-est du Canada. Un forage opéré dans un «refuge marin», où les activités de pêche de fond sont prohibées pour protéger le vivant. Hôte de la 15ème conférence mondiale (COP15) sur la biodiversité en novembre dernier, le Canada s’était engagé à protéger 25% de ses terres et mers d’ici à 2025. Fin avril, le gouvernement Trudeau et celui de Terre-Neuve-et-Labrador ont lancé un appel d’offres pour délivrer de nouveaux permis d’exploration en milieu marin, qui couvriraient plus de 120 000 km2. - Le Devoir

941 000 hectares

En deux semaines, les incendies ont ravagé près de 941 000 hectares de forêts dans la province canadienne de l’Alberta. Une superficie plus importante que celle de la Corse et 15 fois supérieure au total des forêts incendiées en France pendant l’été 2022. Malgré le renfort de l’armée, le feu n’est toujours pas complètement maîtrisé et s’étend désormais à d’autres provinces de l’ouest du pays. Les fumées provoquées par les incendies s'étendent même jusqu'aux Etats-Unis où ils occasionnent une importante pollution de l’air. Le Canada a demandé l’aide de la communauté internationale. Le pays est particulièrement exposé aux risques climatiques et la température y augmente deux fois plus vite que dans le reste de la planète.

En pleine sécheresse, les aides à la récupération de l’eau pleuvent

Pluie sans fond. L’eau de pluie s’impose progressivement comme une ressource à préserver. Les aides publiques pour les particuliers se multiplient, mais les usages restent limités.

Généraliser la réutilisation de l’eau de pluie, c’est l’une des priorités présentées par le gouvernement en avril pour combattre la sécheresse. De nombreuses collectivités locales déploient d’importantes aides pour encourager les particuliers à s’équiper de cuves de récupération, sur lesquelles s’applique déjà une TVA réduite. À la clé, un foyer peut espérer réduire sa consommation d'eau potable jusqu'à 40%.

«L’engouement n’a jamais été aussi important, notamment pour les constructions neuves», se réjouit auprès de Vert Bertrand Gonthiez, auteur de plusieurs manuels pratiques sur la récupération d’eau de pluie. Des villes comme Rennes, Nantes ou Brest exigent même des bâtiments neufs qu’ils soient dotés de système de récupération. Une mesure qui pourrait prochainement être généralisée à l’ensemble du pays.
 

Demain, récupérer l’eau de pluie pour la boire ?

Si la récupération de l’eau de pluie est répandue pour l’entretien des jardins ou le lavage des voitures, les Français·es l’utilisent encore très peu pour les services domestiques, où elle sert essentiellement à alimenter chasse d'eau et machine à laver. «Les organismes sanitaires freinent des quatre fers l’expansion à d’autres usages», explique Bertrand Gonthiez.

En avril dernier, un groupe de travail missionné par le gouvernement recommandait de faire sauter certains verrous réglementaires. Les expert·es proposaient notamment de rendre légale la transformation de l'eau de pluie, propre à la consommation, en eau potable, comme c’est déjà le cas en Guyane française.

Les cigognes de Sarralbe

Nid story. Il y a quelques années, Sarralbe (Moselle) a installé une webcam au-dessus de l’un des nombreux nids de cigognes qui peuplent la commune : celui de Maurice et Mélodie. Les internautes peuvent suivre, en temps réel et à toute heure du jour ou de la nuit, la vie du couple revenu de migration et flanqué de ses rejetons. Un spectacle étrangement divertissant et instructif. Le site de la commune propose également de suivre certaines cigognes par GPS et répond aux questions les plus fréquemment posées au sujet de ces superbes échassiers.

© Sarralbe

+ Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.