Chères toutes et tous,
🗳️ Les urnes ont parlé ! Pour la première édition du « vert du faux », vous avez voulu que l'on réponde à la question : « est-il vrai que le transport aérien n'est responsable que de 3% des émissions mondiales, soit moins que le numérique ? » (401 voix) plutôt que « quelle est la meilleure alternative végétale au lait de vache ? » (342 voix). Cet article paraîtra dans l'édition de jeudi prochain. Merci pour les nombreuses propositions de sujets que vous nous avez adressées par mail !
La facture s’envole pour réparer les dégâts et préparer l’adaptation, mais qui paiera l’addition ?

Les inondations inédites au Pakistan portent la marque du changement climatique
La mousson dévastatrice qui a ravagé le Pakistan au mois d’août n’aurait eu qu’une faible probabilité de survenir sans le bouleversement du climat, révèle un réseau de spécialistes des sciences de l’attribution.
Les pluies extrêmes et les inondations subséquentes qui sévissent au Pakistan depuis la mi-juin ont tué plus de 1 300 personnes, détruit 1,7 million d’habitations et affecté au moins 33 millions d’individus. Une situation catastrophique qui a très probablement été accrue par le dérèglement climatique, d’après une étude d’attribution publiée jeudi.
Ces conclusions sont le fruit du World weather attribution group (WWA), un réseau international de chercheur·ses spécialisé dans les études d’attribution. Cette discipline tente d’évaluer la part du dérèglement climatique dans la sévérité ou la fréquence d’événements météorologiques extrêmes tels que les inondations, les vagues de chaleur ou les tempêtes.
Les scientifiques ont comparé les données météorologiques du mois d’août avec des simulations d’un climat qui n’aurait pas subi une hausse des températures d’environ + 1,2 °C par rapport au 19ème siècle - c’est le réchauffement actuel. Les précipitations ont été entre 50 % et 75 % plus intenses que sans le réchauffement climatique.

Cette méthode connaît cependant certaines limites. « Les chercheurs ont constaté que les modèles climatiques modernes ne sont pas entièrement capables de simuler les pluies de mousson dans le bassin de l’Indus », précise l’étude, qui souligne l’extrême variabilité, d’une année sur l’autre, des schémas de pluie dans cette région.
« Le fait que le changement climatique ait exacerbé la vague de chaleur plus tôt cette année, et maintenant les inondations, fournit des preuves concluantes de la vulnérabilité du Pakistan à de tels extrêmes », abonde un auteur de l’étude, Fahad Saeed, chercheur au Center for climate change and sustainable development à Islamabad (Pakistan). Selon une étude de l’ONG Germanwatch en 2021, le Pakistan est le huitième pays au monde le plus touché par les évènements extrêmes.

· Un collectif de personnalités scientifiques ou issues du monde de la culture appelle à classer les terres de Gonesse et de Saclay (Val-d'Oise) au patrimoine mondial de l’Unesco pour les protéger des futures lignes 17 et 18 du métro du Grand Paris. « Chaque choix en matière d’aménagement du territoire, de transport, d’approvisionnement en énergie et en nourriture devrait compter avec l’épuisement des écosystèmes », écrivent les auteur·ices d’une tribune publiée dans le Monde mercredi et signée, entre autres, par l’ancien député Cédric Villani, l’écologue Wolfgang Cramer et l’ingénieur agronome Marc Dufumier.
· « À 5,2 milliards d’euros, le total des sinistres climatiques sur les huit premiers mois de l’année est déjà bien supérieur au coût constaté chaque année depuis 2017, qui s’établissait en moyenne à 3,5 milliards d’euros sur 12 mois », a déclaré la fédération France Assureurs jeudi. Un bilan provisoire qui n’inclut pas les sécheresses et une partie des dommages sur les récoltes, dont le coût sera connu plus tard dans l’année. - Le Parisien
· Jeudi, le Parlement européen a voté en session plénière une résolution d’urgence pour retarder la mise en oeuvre des deux mégaprojets pétroliers de Total en Ouganda et en Tanzanie : Tilenga et Eacop (nos explications). S’appuyant sur les conclusions de différentes expertises indépendantes, ce texte - non contraignant - dénonce des « violations des droits de l’Homme », des « actes d’intimidations » et « d’immenses risques et incidences » sur les communautés locales. - Le Monde
· Jeudi toujours, la Commission européenne a annoncé la fermeture de 87 « zones sensibles » au large des côtes de l’Irlande, de la France, du Portugal et de l’Espagne au chalutage au-dessous de 400 mètres de profondeur, afin de protéger les fonds marins. Saluée par les ONG, l’interdiction entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l’Union européenne. - Sud-Ouest (AFP)


3 milliards de dollars
Billets verts. Le fondateur de la marque de vêtements de plein air Patagonia, Yvon Chouinard, vient d’annoncer qu’il cédait 100% des parts de son entreprise, valorisée à trois milliards de dollars, à l'association Holdfast Collective et à un fonds appelé Patagonia Purpose Trust. Ce dernier prendra le contrôle de la firme dont il possèdera les droits de vote, pendant que l'association recevra les bénéfices non réinvestis dans la marque. Ces fonds pourraient financer des « associations locales » engagées pour l’écologie, mais aussi des « actions en faveur de la protection des écosystèmes, de l’agriculture régénérative ou du changement de politique en faveur du climat », a expliqué au Monde la biologiste américaine Ayana Elizabeth Johnson, membre du Patagonia Purpose Trust. La direction de l’entreprise ne change pas, puisque la famille Chouinard continuera à guider le travail du trust et de l’association.

Sur les chemins du vivant : la promenade pour s’émerveiller et s’engager avec Victor Noël
Moselle, ma belle. Dans son premier ouvrage, le jeune naturaliste et militant de 17 ans, Victor Noël, nous balade de la ville aux champs Sur les chemins du vivant. Un morceau de poésie du monde en forme de carnet de route, pour modifier la manière dont nous appréhendons toutes les formes de vie.
« En ville tout doit être propre », « la forêt, un simple décor », « le champ, un désert de biodiversité » : avec humilité, poésie, quiétude mais aussi un vif sentiment d’urgence, Victor Noël croque ce qui l’entoure. Son carnet, superbement illustré par l’aquarelliste Sophie Bataille, est empreint de douceur, d’érudition et parle au cœur.
De la friche à la forêt, des rives de la Moselle au village, le jeune auteur montre que c’est la volonté de maîtrise de notre environnement qui préside aux paysages, alors que la vie se fraie, malgré tout, un chemin dans le moindre interstice. « Si nous ne supportons pas ces plantes, peut-être est-ce parce que leur présence n’a pas été décidée, désirée ? », suppose-t-il. Victor Noël plaide aussi pour que l’émerveillement dépasse le sentiment intérieur pour devenir un puissant moyen de transformation de notre société : « Aujourd’hui, l’expérience suscitant une sensibilité au vivant ne doit plus être une opportunité individuelle, mais une nécessité collective. Chaque personne, enfant, jeune, adulte, doit être sensibilisé ».

Un carnet de route qui sonne l’alerte de l’extinction du vivant en même temps qu’il transmet l’admiration pour son insondable diversité, dans une langue précise et chantante qui n’est pas sans rappeler celle de la biologiste Rachel Carson dans les années 50-60.
Sur les chemins du vivant, Victor Noël, Sophie Bataille, Delachaux et Niestlé, septembre 2022, 96p, 12,5€

Sécheresses, inondations : qui va payer la facture ?
Assure rance. Sécheresse, inondations, incendies : la France entière fait face à un nombre croissant de menaces liées au changement climatique. Les nombreuses destructions engendrées ont un coût écologique, social, mais aussi financier. Alors que la facture s’allonge, qui paiera la douloureuse ? Les journalistes de Cash investigation ont mené l’enquête chez certaines compagnies d’assurance qui refusent d’indemniser les victimes tout en aggravant la crise climatique au travers du financement des géants des fossiles.

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.