La quotidienne

Malus et coutures

Chères toutes et chers tous,

🔥 À laquelle de ces deux questions voulez-vous que nous répondions la semaine prochaine ?


La folie consommatrice a envahi nos placards, mais il est encore possible de dresser des remparts.


Les députés veulent en découdre avec la fast fashion

Pourquoi on s’éShein ? Une proposition de loi pour encadrer l’ultra-fast fashion doit être débattue ce jeudi à l’Assemblée nationale. Sa mesure-phare : un malus sur certains vêtements et une interdiction de la publicité pour les marques de mode jetable.

Chaque jour, Shein propose plus de 7000 nouveaux modèles à la vente pour une poignée d’euros (notre article). Créée en 2008, cette société chinoise a vu son chiffre d’affaires exploser depuis le confinement, au détriment des conditions de travail des ouvrier·es et de son impact environnemental et sanitaire.

C’est à ce genre de géants de la vente en ligne que l’Assemblée nationale veut s’attaquer. Déposée le 30 janvier dernier par la députée Horizons (majorité présidentielle) Anne-Cécile Violland, une proposition de loi mise sur un «retour à des volumes de production soutenables», afin de limiter les «pulsions d’achat».

© Karolina Grabowska / Pexel

Shein estime de son côté suivre «les meilleures pratiques internationales en matière de développement durable et d'engagements sociaux», selon une déclaration transmise à l’AFP. Rappelons que l'industrie textile (vêtements et chaussures) est responsable de 8 à 10% à des émissions mondiales de gaz à effet de serre et, à ce rythme, elle pourrait atteindre 26% en 2050, selon l’Agence de la transition écologique.

Le texte de loi prévoit trois outils pour limiter cette gabegie. Tout d’abord, la mise en place d’un malus de 10 euros maximum (et dans la limite de 50% du prix hors taxe) par produit d’ici à 2030.
 

Qui sera vraiment concerné ?

Second outil : l’interdiction de la publicité pour les marques de mode «jetable». Et ce, y compris pour les influenceur·ses, habitué·es à ouvrir des montagnes de colis devant leurs abonné·es. Enfin, des messages de sensibilisation deviendraient obligatoires sur les sites de vente.

Le texte ne semble pas soulever d’opposition farouche. Mais la question principale demeure : quelles seront les entreprises concernées ? Car derrière les mastodontes de la vente «en temps réel» que sont Shein ou Temu, toute une galaxie d’enseignes comme H&M, Kiabi, Zara ou Décathlon, produisent massivement à l’autre bout de monde. La définition de la fast fashion est pour l’instant renvoyée à un décret ultérieur.

Aurélie Delmas

· Mardi, les eurodéputé·es se sont prononcé·es en faveur de l’autorisation des «méga-camions» sur les routes de l’Union européenne. Comme Vert vous le racontait hier, ces engins mesurant jusqu'à 25 mètres et pesant 60 tonnes suscitent des craintes au sujet de leur impact en matière d'environnement, de sécurité et de concurrence avec le fret ferroviaire. - La Tribune

· Mardi encore, le quotidien Libération révélait que le ministère de l’Économie préparait une réclamation à hauteur de 275 millions d’euros au géant du lait Lactalis pour des soupçons de fraude fiscale. L’enquête conduite par Bercy indique qu’entre 2009 et 2020 Lactalis aurait échappé à 400 millions d'euros d'impôts sur les bénéfices. - Libération (abonné·es)

· Ce mercredi et jeudi, le propriétaire du groupe Canal+, Vincent Bolloré, et son animateur Cyril Hanouna seront entendus à l’Assemblée nationale dans le cadre d’une commission d’enquête sur l’attribution des fréquences de la TNT. Ils devront répondre du respect des obligations légales dans leurs programmes audiovisuels. Les chaînes C8 et CNews du groupe Canal+ ont fait l’objet de plus de 40 rappels à l’ordre depuis 2012 par les autorités de régulation. - Le Monde

© Le Parisien

Fox (bad) news. Des dizaines de cadavres de renards éparpillés près d’un cours d’eau : c’est la macabre découverte faite par un pêcheur jurassien dimanche dernier à Fort-du-Plasne, le long de la Lemme (Haut-Jura). Choqué, Jean-Baptiste Pretot a documenté la situation à l’aide de la caméra de son téléphone et diffusé les images pour alerter les autorités et l’opinion. Dès le lendemain, un louvetier, récemment missionné pour abattre ces animaux après des attaques répétées sur des poulaillers de Fort-du-Planes, a été suspecté et suspendu. En France, le renard est classé comme espèce «susceptible d'occasionner des dégâts» et fait l’objet d’abattages. Chaque année, plus d’un demi-million de spécimens seraient tués dans l’Hexagone, selon les données de l’Association pour la protection des animaux sauvages.

Riverains d’aéroports et associations écolos réclament un plafonnement du trafic aérien

Atterrissage imminent. Une vingtaine d’actions sont prévues cette semaine à l’appel du réseau Rester sur terre et de l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA) pour exiger une réduction du trafic aérien.

Nice, Lille, Beauvais, Toulouse, Montpellier, Nantes… Plus d’une vingtaine de villes sont mobilisées ce mercredi et vendredi dans le cadre d’une vaste campagne. Alors que les acteurs du secteur prédisent un doublement du trafic d’ici à 2040 (notre article), ces actions coordonnées visent à «montrer que la croissance du trafic aérien est insoutenable et dangereuse pour la santé et le climat», détaille Charlène Fleury, coordinatrice du réseau Rester sur terre.

En partenariat avec l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA) et des collectifs locaux de riverain·es d’aéroports, le mouvement réclame au ministère des Transports un plafonnement du nombre de vols. Les collectifs s’appuient sur l’exemple de l’aéroport d’Amsterdam-Schipol, où le nombre de vols devrait être limité à 440 000 vols par an à la suite d’une décision du gouvernement néerlandais (notre article).

Une mobilisation contre les nuisances aériennes en mai 2023 à Lille. © Louise Bihan

La mobilisation prendra la forme de petits sketchs humoristiques organisés devant les préfectures ou les aérodromes. Un personnage représentant la France, malade à cause des pollutions sonores et atmosphériques, consultera un·e climatologue et un·e médecin qui lui expliqueront que le seul remède est le plafonnement du trafic.

Ces militant·es seront ensuite reçu·es vendredi par le cabinet du ministre des Transports, à Paris, afin de lui remettre leur diagnostic et ordonnance. En mai 2023, le ministre des Transports de l’époque, Clément Beaune, s’était engagé à explorer les scénarios de plafonnement du trafic et avait lancé des études d’impact pour les aéroports franciliens.

Seule l’analyse concernant l’aéroport d’Orly a été finalisée et ses conclusions transmises au gouvernement. «La décision relative à la mise en œuvre de nouvelles restrictions incombe maintenant aux ministres de l’environnement et des transports», précise à Vert le ministère de la Transition écologique. 

Justine Prados

La belle vie en «véloto»

Ils en connaissent un rayon. Bien que Michel et Hélène Jacquemin vivent en Aveyron, dans une zone montagneuse loin des transports publics, elle et il ont abandonné leur voiture. Dans ce nouvel épisode de «Biclou», Le Parisien a rencontré ce couple qui a parcouru 22 000 kilomètres en deux ans… en véloto. Ce «chaînon manquant entre la voiture qui pèse 1,5 tonne et le vélo électrique qui pèse 25 kilos» est un prototype à deux places baptisé La Bestiole.

 © Le Parisien

+ Jennifer Gallé, Juliette Quef et Justine Prados ont contribué à ce numéro.