L’urgence tranquille


Pour le gouvernement, le changement, c'est pas pour maintenant.  

L'interminable sortie des énergies fossiles

Il y a urgence, mais pas trop. La France ne cessera de soutenir les projets d'exploitation d'énergies fossiles qu'en 2035

La chose est relativement méconnue : en 2020, l'Etat français subventionne toujours des projets pétroliers et gaziers menés à l'étranger. C'est le cas, par exemple, du projet de gaz naturel liquéfié Yamal LNG, porté par Total dans le grand nord russe, rappelle le Monde.

Ce soutien prend la forme de garanties à l'export : l'Etat se porte caution, auprès des banques, de prêts contractés par les entreprises qui investissent dans de tels projets hors des frontières nationales.

L'Etat français garantit l'un des nouveaux projets gaziers de Total au Mozambique © Total

Une aberration à laquelle a promis de répondre le gouvernement. Porté par la majorité LREM, un amendement au projet de loi de finances doit être soumis au vote en cette fin de semaine. Cet ajout au budget 2021 reprend le calendrier annoncé il y a un mois par le ministère des finances (les Echos). 

Celui-ci prévoit la fin du soutien aux projets de pétrole de schiste dès le 1er janvier 2021. Un objectif raisonnable puisque la France n'en soutient aucun. Les aides au secteur pétrolier devraient cesser en 2025 ; enfin, la fin des subventions aux projets gaziers est programmée pour... 2035.

Un sens très relatif de l'urgence qui a provoqué l'ire des associations écologistes, ainsi que de nombreux autres observateurs. Dans une tribune publiée dans le Monde, les trois spécialistes du climat que sont Jean-Marc Jancovici (ingénieur), Laurence Tubiana (directrice de la Fondation européenne pour le climat) et Gaël Giraud (économiste) s'alarment : « Utiliser de l’argent public pour développer de nouveaux projets pétroliers jusqu’en 2025 et gaziers jusqu’en 2035 serait […] synonyme de capitulation face à l’urgence climatique. Ces propositions nous maintiennent sur la trajectoire empruntée actuellement, celle d’un monde à + 4 °C, voire + 5 °C, d’ici à la fin du siècle. Autrement dit, un monde invivable pour une majeure partie de la population mondiale ». 

« L'approche progressive du gouvernement nous convient » a salué, pour sa part, Jean Cahuzac, président d'Evolen, lobby du secteur parapétrolier (les Echos). Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

• Un an après le vote de la loi énergie-climat, « le compte n'y est pas », ont jugé les membres de la commission des affaires économiques du Sénat, dans un sévère communiqué publié hier. En matière de rénovation énergétique, 65 000 dispositifs Ma Prime Renov’ ont été attribués cette année, contre un objectif de 200 000 en 2020, notent les sénateurs (LR) ; seules 50 000 primes à la conversion ont été délivrées, loin de l'objectif d’un million sur l’ensemble du quinquennat ; le financement des renouvelables sera rendu « illisible » par la suppression d'un compte spécial doté de 6,3 milliards d'euros. - Libération 

Mythopoïèse

Nos zadistes les animaux. L'iconoclaste Alessandro Pignocchi nous revient avec Mythopoïèse, troisième tome de son Petit traité d'écologie, plus sauvage que jamais

Universitaire, dessinateur et amoureux du vivant, Pignocchi peint des bédés à nulle autre pareille. Au fil des tomes et des années, il a fait naître un cosmos et une galerie de personnages insensés. 

Dans Mythopoïèse, des mésanges punk complotent contre l'Etat, un anthropologue jivaro tente de décrypter les rites sociaux des habitués du café de la gare de Bois-le-Roi, Angela et Donald achèvent leur retour à la terre et Emmanuel Macron décompense à l'ayawaska. 

Dans ses livres ou sur son blog, Alessandro Pignocchi révèle les coutures de notre monde par un art consommé de l'absurde. Sa lecture attentive des travaux d'anthropologues comme Philippe Descola, ou de philosophes tels que Baptise Morizot, donnent une profondeur rare à son œuvre. Par petites touches d'aquarelle et de gag en gag, Alessandro Pignocchi esquisse un rêve : celui que la société de consommation n'appartienne plus qu'au passé et que soient cantonnés à des réserves ses derniers « indiens ». 

Mythopoïèse (Petit traité d'écologie sauvage, tome 3), éditions Steinkis, 2020, 128p., 16€

Le vendredi, chez Vert, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous-même) ! Cette semaine, la combine pour avoir bonne mine même si le soleil se débine : voici la recette de l'huile de carotte.

Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'afficher en plein écran et l'enregistrer d'un coup de clic droit © Vert 

Sauveurs d’espèces : un espoir pour notre planète 

Déforestation, artificialisation, pesticides, pollution… Les humains ont fait de la planète un enfer pour le reste des espèces animales et végétalesÀ tel point - ce n’est plus un secret pour personne - que la sixième extinction de masse est enclenchée. 

À Bornéo, au Kenya, en Allemagne ou en Équateur, des hommes et femmes luttent pour sauvegarder le vivant, comme le raconte le documentaire Sauveurs d’espèces : un espoir pour notre planète. Figure de proue de ce combat, la célèbre primatologue Jane Goodall, qui a dédié sa vie à la protection des grands singes, tisse le fil rouge de ce film. Un documentaire lucide - mais pas désespéré - sur l’un des enjeux majeurs de notre temps : la préservation de la vie sous toutes ses formes. 

© Arte