Chères toutes et chers tous,
🍁 Jusqu’à vendredi prochain, Vert passe à l’heure canadienne pour vous faire vivre la 15ème Conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité comme si vous y étiez. Les éditions quotidiennes seront un peu plus riches qu'à l'accoutumée - le vivant le vaut bien !
Au-delà des discours plats, les leaders mondiaux ont deux semaines pour parler d'une seule voix.

COP15 : cette fois-ci, la vie vaudra-t-elle plus que le profit ?
COP départ. Mardi, les grand·es de ce monde ont ouvert la quinzième conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité à Montréal (Canada), dans une cérémonie (presque) lisse qui a laissé entrevoir de profondes divergences de points de vue.
L’œil encore humide, il venait à peine de commencer son vibrant hommage à la beauté des paysages canadiens quand le premier ministre Justin Trudeau fut interrompu par les tambours, les chants et la colère de représentant·es autochtones venu·es de l’ouest du pays. Une dizaine d’entre elles et eux ont brandi une pancarte frappée de ce message : « Le génocide des indigènes = écocide. Pour préserver la biodiversité, cessez d’envahir nos terres ». Des terres ancestrales minées par l’industrie extractive canadienne, parmi les plus gourmandes de la planète en ressources de tous types.
Justin Trudeau a attendu que l’orage passe pour inviter à entreprendre « un voyage vers la réconciliation » entre les peuples.

« Faire la paix » avec la nature, alors que l’humanité est devenue « une arme d’extinction massive », fut l’une des nombreuses exhortations du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, machine à fabriquer des punchlines et susciter de l’espoir chez son auditoire. Il a appelé pêle-mêle les entreprises à protéger la nature avant tout le reste, les pays du Nord à soutenir ceux du Sud, « gardiens des richesses naturelles de la planète », et à abandonner « les rêveries de milliardaires, car il n’y a pas de planète B ». « À nos enfants, nous apprenons à assumer la responsabilité de leurs actes. Quel exemple donnons-nous quand nous échouons à cette simple épreuve ? », a-t-il demandé.
Une poignante harangue avec laquelle a violemment tranché l’assommante langue de bois du ministre chinois de l’environnement. Entre deux remerciements et trois éloges au président Xi Jinping, Huang Runqiu aura donné un famélique aperçu des ambitions de son pays à l’entame d’un sommet qu’il a co-organisé avec le Canada : « Sauver la biodiversité, c’est protéger le bien-être humain et le développement humain ». La vie vaut-elle pour elle-même ou seulement pour les profits qu’elle génère ? Deux semaines ne seront pas de trop pour trancher cette question fondamentale.

· Lundi, le tribunal administratif de Lille (Nord) a rejeté le recours déposé par trois associations (Nord Nature Environnement, NADA et France Nature Environnement Hauts-de-France) contre le projet d’extension de l’aéroport de Lille. Invoquant l’intérêt public, il a aussi imposé aux maires de deux communes concernées par le chantier, Lesquin et Fretin, d’instruire les permis de construire qu’elles avaient refusé de signer. - La Voix du Nord
· Mardi, Emmanuel Macron a dénoncé le débat « absurde » et les « scénarios de la peur » qui se développent autour d'éventuelles coupures d'électricité cet hiver (notre article). Il a rappelé que ces dernières ne seraient pas nécessaires si les Français·es poursuivent leurs efforts de sobriété. La semaine dernière, le Réseau de transport d’électricité (RTE) a enregistré une réduction inédite de la consommation d'électricité de 8,3 % par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019). - Le Monde (AFP)
· Les énergies renouvelables devraient dépasser le charbon et devenir la première source de production d'électricité d’ici à 2025, prévoit l’Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son dernier rapport. Bousculé par la crise énergétique, le monde devrait développer dans les cinq années à venir autant de capacités renouvelables qu'au cours des vingt dernières années, anticipe l’organisation internationale qui salue un « tournant historique ». - France info (AFP)
· Ce mercredi matin, TotalEnergies comparaît devant le tribunal judiciaire de Paris dans le cadre du procès intenté par six ONG françaises et ougandaises pour « manquement à son devoir de vigilance » dans la mise en œuvre du projet d’oléoduc géant Eacop en Tanzanie et en Ouganda (notre article). Vous pouvez suivre le live-tweet de l’audience réalisé par notre journaliste Anne-Claire Poirier en cliquant ici. Plus d’informations sont à venir dans l’édition de jeudi.



En amont de la COP15 sur la biodiversité, les jeunes tiennent leur sommet pour défendre le vivant
En début de semaine, à Montréal (Canada), le Forum mondial de la jeunesse sur la biodiversité a précédé la COP15 sur le même sujet. Portraits de trois participant·es engagé·es pour la sauvegarde du vivant.
Joel Rojas, République Dominicaine : « Nous devons rendre responsables les pays développés pour les décisions qu’ils ont prises : les pollutions, les guerres, la disparition d’espèces »
Joel Rojas, 25 ans, est biologiste en République dominicaine. Il travaille au ministère de l’environnement sur la biologie moléculaire et la génétique, et il est venu à la COP pour « porter la voix des jeunes dans les négociations ». Guidé par un amour profond des baleines - un tatouage sur son avant-bras pour preuve -, Joel plaide pour que l’on apprenne à « vivre comme partie de la nature ».

Il salue le plan de restauration de la biodiversité entrepris par la République dominicaine, « mais nous avons encore beaucoup à faire sur les changements d’usage des sols et l’agriculture ». Pour cela, il propose de mieux prendre en compte les intérêts des peuples autochtones et de transférer les ressources du Nord vers le Sud. « Nous devons aussi rendre responsables les pays développés pour les décisions qu’ils ont prises : les pollutions, les guerres, la disparition d’espèces comme l’anguille américaine en République dominicaine ».
Joel est arrivé à Montréal avec de grandes attentes. Parce qu’il est expert des objectifs « d’Aichi » sur la biodiversité qui n’ont pas été respectés (Vert), il espère que le nouveau cadre international qui doit être défini pour la présente décennie lors de la COP15 « pourra vraiment être appliqué. Les États doivent trouver un consensus sur différentes cibles, en particulier sur les droits des communautés, les femmes et les jeunes », avance-t-il. La rencontre avec des jeunes du monde entier lui permet d’« ouvrir les yeux sur des choses que nous tenons pour acquises », et renforce sa volonté de travailler sur les solutions liées à la biodiversité.
Les deux autres portraits seront à retrouver sur vert.eco

Les contre-vérités du président youtubeur Emmanuel Macron sur l’écologie
Remise en Blast. « Les réseaux ne doivent pas nous empêcher de vérifier les faits et la vérité » : à l’issue de la COP27, Emmanuel Macron s’était improvisé youtubeur pour défendre son bilan en matière d’écologie. Dans sa dernière vidéo pour Blast, Paloma Moritz le prend au mot et décrypte en une quinzaine de minutes de nombreuses contre-vérités. Des propositions de la Convention citoyenne pour le climat jusqu'à la voiture électrique, la journaliste démontre que le président n’hésite pas à s’arranger avec la réalité pour glorifier son action.

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.