La quotidienne

Les zinzins de l’espèce

Pendant que l'on découvre encore de nouvelles formes de vie dans les recoins les plus improbables de notre planète, certains s'emploient à saccager le vivant partout ailleurs. 


La vie découverte à 900 mètres sous la glace antarctique

On se fait l'abysse ? Des scientifiques ont accidentellement rencontré des formes de vie à 900 mètres sous la surface de l'Antarctique

Au sud-ouest de la mer de Weddell, elles et ils s'appliquaient à creuser un trou de près d'un kilomètre de profondeur à travers un gigantesque glacier pour y collecter des sédiments sous-marins. Tombé•e•s sur un vaste rocher qui les a empêché•e•s d'atteindre leur objectif, les scientifiques ont fait une toute autre découverte. Leurs caméras ont capté des images d'une « communauté établie » faite d'organismes sessiles (qui ne se déplacent pas), principalement peuplée d'éponges, comme elles et ils l'ont raconté dans un article publié lundi dans la revue Frontiers in marine science.

Les images d'éponges et de ce qui semble être des pédonculés vivant sur cette pierre © Huw Griffiths

De la vie dans un environnement aussi hostile qui cumule obscurité totale, absence de nourriture et température à moins de 0°C : « C'est un peu zinzin », a confié au Guardian Huw Griffiths, biogéographe marin. « Nous n'aurions absolument jamais songé à chercher cette forme de vie, puisque nous ne pensions pas que l'on puisse en trouver là ».

D'autant plus « zinzin » que cette communauté vit à 500 mètres sous le fond du glacier et à quelque 260 kilomètres des premières eaux sans glace. En filtrant l'eau, ces organismes se nourrissent de matière organique – peut-être du plancton mort - charriée par les courants marins sur plus de 600 kilomètres. 

Pour en savoir plus, les scientifiques devront trouver une manière de réaliser de plus amples analyses. Pas une mince affaire, puisque leurs laboratoires se trouvent sur des bateaux coincés à plusieurs centaines de kilomètres, dans les eaux libres de glace. En tout état de cause, leur découverte repousse déjà les limites connues de la vie sur Terre. 

• Mardi soir, des millions d’Américain•e•s étaient toujours privé•e•s d’électricité après le passage d’une tempête glaciale à travers le centre des Etats-Unis. Au Texas, 3,5 millions de foyers ont subi des pannes de courant pendant de nombreuses heures, voire des jours, au moment où les températures atteignaient des niveaux historiquement bas pour cet Etat du sud du pays. Il a fait jusqu’à -29°C à Fayetteville, en Arkansas. La situation est à suivre en direct sur le site du New York Times (anglais)

• Bernard Loup, le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse, est convoqué ce mercredi au tribunal judiciaire de Pontoise, après la plainte déposée en référé par Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, contre les occupant•e•s de la nouvelle zone à défendre (ZAD) du Triangle de Gonesse. Il s’agit d’une zone de terres agricoles sur lesquelles doit être bâtie une gare du Grand Paris Express. - Libération (abonnés)

Un cliché de la NASA montre l’étendue de l’orpaillage illégal au Pérou

Saigne or. Prise depuis la station spatiale internationale, une photo rare montre l'étendue des destructions commises par les chercheurs clandestins d'or au Pérou

Le Pérou est le sixième producteur mondial d'or. Une économie parallèle et illégale s'est développée autour de la recherche et du commerce de ce métal précieux. Dans la région amazonienne de Madre de Dios, des garimperos – mineurs indépendants – creusent de vastes cratères dans le lit d'anciennes rivières à la recherche de paillettes d'or.

D'ordinaires invisibles à cause des nuages, ces fosses remplies d'eau apparaissent dans le reflet du soleil, capté le 24 décembre 2020 par un astronaute de la NASA. Son cliché a été publié début février

La piste dessinée au centre de l'image est longue de 15 kilomètres. Cliquez sur l'image pour l'agrandir © NASA

En 35 ans, le nombre de chantiers illégaux ouverts dans les bassins fluviaux de l'Amazonie péruvienne a augmenté de 670%, d'après une étude parue fin 2020 dans Science Advances et repérée par le Monde. Une activité qui constitue la principale cause de déforestation dans cette région, d'après une étude de 2011.

Par ailleurs, afin d'agglomérer les paillettes d'or contenues dans les sédiments des rivières, les orpailleurs utilisent de vastes quantités de mercure : 1,3kg pour récupérer 1kg d'or, selon le WWF. Au contact des milieux aquatiques, le mercure est converti en methylmercure, un neurotoxique puissant ingéré par les organismes vivants. Puis par les humains qui s'en nourrissent. 

Signataire en 2017, comme 128 pays-membres des Nations Unies, de la Convention de Minamata, le Pérou s'est engagé à lutter contre les rejets de mercure. Menée par les forces de police depuis deux ans, la vaste « opération mercure » aurait permis de réduire de 78% la déforestation liée à l'orpaillage illégal (MAAP). Le Pérou réussira-t-il à lever la « malédiction dorée » de Madre de Dios ? 

En 2020, le monde a plus investi dans les énergies vertes que dans les fossiles

L'énergie de l'espoir ? En 2020, pour la première fois, l'investissement dans les énergies renouvelables a dépassé celui consacré aux fossiles dans le monde

C'est ce que dévoile la dernière édition du bilan énergétique mondial, présenté mardi par l’Institut français du pétrole Énergies nouvelles (IFPEN) et auquel Novethic a eu accès

Selon la classification de l'IFPEN, les investissements « verts » regroupent les énergies renouvelables, les transports électriques, l’hydrogène ou encore la capture de CO2 (lire notre article à ce sujet). En 2020, leur montant a atteint 415 milliards d'euros contre 380 milliards un an plus tôt. C'est la plus forte progression depuis 2016, note Novethic. 

Mais surtout, les investissements verts dépassent désormais ceux consacrés au pétrole, au gaz, au charbon, qui se sont effondrés à 313 milliards d'euros. Avions cloués au sol, circulation restreinte et baisse de l'activité économique en raison de la pandémie : en 2020, le cours du pétrole a notamment connu une chute brutale. Il s'est même brièvement vendu à un taux négatif – du jamais vu (les Echos). Résultat, les firmes se montrent bien moins enclines à investir dans la recherche et l'extraction de pétrole. 

Reste à savoir s'il s'agit d'un événement ou d'un phénomène structurel. Pour certains géants du secteur, le pic pétrolier (le maximum historique de la production) a déjà été atteint, signe du déclin des investissements dans cette énergie. BP, Total ou Shell ont déjà entamé leur mue vers les renouvelables (Vert). Pour l'IFPEN, cependant, on ne parviendrait au pic pétrolier qu'entre 2030 et 2035 et à celui du gaz en 2040. Le pic du charbon date, quant à lui, de 2014.

Redevenons terrestres, avec Bruno Latour 

Comme nous autres, Bruno Latour a eu le temps de cogiter lors du premier confinementLe sociologue, anthropologue et philosophe des sciences espère que nous saurons tirer les leçons de la pandémie pour apprendre à habiter la planète autrement, comme des « terrestres » et non plus comme des « modernes ». C'est l'objet de son nouvel ouvrage « Où suis-je » - dont Vert a fait la chronique - ainsi que de la fascinante causerie récemment accordée à France culture. A écouter sur le site de la radio, ou à voir sur Dailymotion. 

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