Climat, viande... si les gouvernements ne sont pas au point, l'avenir risque d'être saignant.

La convention citoyenne pour le climat note sévèrement la copie du gouvernement
Avec les découragements du jury. A l'issue d'une ultime session consacrée à l'analyse des contre-propositions de l'exécutif, le mandat des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) s'est achevé, hier, sur une série de notes négatives.
Dimanche, 17 mois après leur première rencontre dans l'hémicycle du Palais d'Iéna à Paris, les citoyen•ne•s se sont séparé•e•s dans l'émotion. Avant cela, elles et ils ont donné leur avis sur la manière dont le gouvernement avait pris en compte leurs 146 propositions, faites en juin dernier. La déception exprimée lors des échanges s'est traduite dans les votes finaux.
Le gouvernement écope ainsi d'une moyenne de 3,3/10 pour sa prise en compte des propositions de la Convention. La probabilité que ses réponses permettent de remplir le mandat confié aux citoyen•ne•s est évaluée à 2,5/10. Pour rappel, elles et ils avaient pour mission d'identifier les mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990). Et ce, dans un esprit de justice sociale.

La réaction du ministère de l’Écologie dans les pages de Libération confirme l'ampleur de la rupture avec les 150. Si le jugement négatif est aussi unanime, c'est la faute à l' « effet de groupe ». Le président avait promis de traduire « sans filtre » leurs propositions ? Les citoyen•ne•s ont mal compris le sens de cette expression.
C'est dans un mélange de colère et d'espoir que les citoyen•ne•s ont passé le relai aux parlementaires : celles et ceux-ci examineront bientôt le projet de loi « climat et résilience » censé reprendre près de la moitié des propositions de la Convention. Plusieurs député•e•s de l'opposition ont annoncé qu'elles et ils défendraient l'ambition de la Convention citoyenne dans l'hémicycle, tout en craignant que les débats ne soient bâclés (Reporterre).

• Samedi, environ 10 000 personnes ont manifesté à Fort-de-France (Martinique) contre la menace de prescription dans le dossier du chlordécone. Cet insecticide cancérigène, interdit en Métropole en 1990, a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe jusqu’en 1993. La plainte déposée en 2006 par plusieurs associations locales pour « mise en danger de la vie d’autrui » pourrait être classée, ont prévenu les juges d’instruction fin janvier. - France Info
• Un navire méthanier russe est parvenu pour la première fois à traverser l'Arctique entre janvier et février, alors que d'ordinaire, ce passage est seulement praticable de juillet à fin novembre. Cette première, qui fait le bonheur de quelques industriels, est permise par le réchauffement climatique, raconte Novethic.

Climat : l'ONU en « alerte rouge »
ONUrge ! Le rapport intérimaire de l'ONU sur les changements climatiques juge que les gouvernements sont « loin d'être au niveau » alors la catastrophe s'accélère.
« C'est incroyable de penser que, alors que les nations font face à une urgence qui pourrait à terme éradiquer la vie humaine sur cette planète [...] de nombreux pays s'en tiennent à leur approche de statu quo ». Cette réflexion outrée, c'est celle de la responsable climat de l'ONU, Patricia Espinosa (AFP). Elle fait suite au bilan accablant dressé vendredi 26 février par son institution dans le premier rapport intérimaire sur les plans d'action nationaux sur le climat (les CDN, ou contributions déterminées au niveau national).
Cinq ans après la signature de l'Accord de Paris, en 2015, les nations du globe devaient soumettre avant le 31 décembre 2020 une nouvelle version, plus ambitieuse, de leurs engagements climatiques. Hélas, seuls 75 pays, représentant 30% des émissions mondiales, s'y sont pliés. Parmi eux, seulement deux grands émetteurs - le Royaume-Uni et l'Union européenne. Selon l'ONU, l'impact combiné de ces 75 nouvelles contributions entraînerait moins de 1% de baisse des émissions d'ici à 2030 (comparé à 2010) quand il faudrait atteindre 45% pour limiter la hausse des températures à 1,5°C d'ici la fin du siècle.
L'ONU appelle les émetteurs les plus importants à présenter des CDN ambitieuses bien avant la conférence sur le climat de Glasgow (COP26) en novembre 2021. Plusieurs pays tels que la Chine, le Japon et la Corée du Sud se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle (Vert) mais sans déposer de feuille de route associée. La contribution des États-Unis, qui viennent de réintégrer l'Accord de Paris, est également attendue.

La viande, c'est pas obligatoire !
Steak ou pastèque ? Le « débat préhistorique » autour du menu végétarien servi dans les écoles primaires de Lyon permet de faire une mise au point salutaire sur nos prétendus « besoins » en viande.
Une polémique qui fait plus de bien que de mal, c'est assez rare pour être souligné ! Pour des raisons d'organisation liées à la pandémie, le maire de Lyon, Grégory Doucet, a décidé de ne servir que des repas sans viande (mais avec poissons et œufs) dans les cantines de sa ville. En s'enflammant contre cette « décision idéologique » les ministres Gérald Darmanin et Julien Denormandie ont réveillé à leurs dépens le débat autour du végétarisme.
De nombreux médias ont en effet saisi l'occasion pour s'interroger sur les méfaits présumés des régimes sans viande. Or, le consensus scientifique assure que les enfants peuvent tout à fait s'en passer et grandir en bonne santé. Pour s'en convaincre, les ministres pourront, par exemple, consulter les infographies très détaillées du Monde sur le sujet.
L'article du Monde rappelle au passage que la viande rouge augmente le risque de maladies chroniques chez les adultes et, qu'à l'inverse, les végétariens et végétaliens sont moins exposés aux risques de diabète, d'hypertension, à certaines maladies cardiaques et à certains cancers.
De son côté, 20 Minutes s'est attaché à balayer l'argument « social » du ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, selon lequel « ce sont les plus fragiles qui n’ont pas forcément accès à des repas équilibrés qui sont pénalisés par de telles décisions ». Or, selon une étude de l'Anses (Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale) datant de 2017, ce sont les fruits et légumes frais qui sont les plus difficiles d’accès pour les familles pauvres, qui privilégient ainsi la viande (hors volaille) et les pommes de terre.

La Convention est morte, vive la Convention !
La Convention citoyenne pour le climat s'est achevée officiellement hier. Alors que de nombreux observateurs ont salué le travail et l'ambition des 150 citoyens, Arte propose de découvrir les coulisses de cette expérience démocratique inédite en France dans un documentaire sorti fin janvier.
