Les dirigeants bullent, les citoyens bouillent

Un "Green deal" européen bien pâlot

Dix jours après son entrée en fonction, la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté, hier, les grandes lignes de son « Green deal ». Un « pacte vert » annoncé en grandes pompes et qui doit guider la politique européenne pour atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050. 

Le green deal, « c’est notre stratégie de croissance », a-t-elle déclaré, mercredi 11 décembre, devant le Parlement européen de Strasbourg. Le changement de modèle de société n'est pas à l'ordre du jour. 

Révision des normes d’émission pour les véhicules, investissements dans le train afin de permettre de traverser l'Europe sans avion, mise en place d'un million de points de recharge de batteries... Le Monde a listé quelques-unes des mesures annoncées par Ursula von der Leyen. 

A terme, au moins un quart du budget de l'Union européenne (UE) devra être alloué à la transition écologique. Pour ne laisser personne sur le bas-côté, un fonds de « juste transition » devrait être créé afin d'aider les régions les plus en retard. Il doit être abondé à hauteur de 100 milliards d'euros entre 2021 et 2027.

Ursula von der Leyen a expliqué que les futurs accords entre l'UE et le reste du monde seraient désormais conditionnés au respect de l'accord de Paris. En revanche, la Commission a abandonné l'idée d'une taxe à l'importation pour les produits issus de pays qui ne respecteraient pas les objectifs de la COP21.

Au rang des déceptions : pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la présidente de la Commission a souvent répété que les émissions européennes de CO2 devraient baisser de 50 à 55% d'ici 2030, contre un objectif actuel de 40%. Mais ce nouveau palier ne sera pas contenu dans la future loi climat de 2020, comme ce devait être le cas initialement. Ursula von der Leyen n'a pas non plus fait d'annonces fortes sur la politique agricole commune, dont la réforme à venir doit être pensée pour réduire l'impact de l'agriculture sur l'environnement. La taxation du kérozène des avions n'a pas été évoquée. Plus d'informations à lire dans le Monde et 20 Minutes.

Lubrizol va rouvrir partiellement

Contre toute logique, la préfecture de Seine-Maritime va autoriser la réouverture partielle de l'usine Lubrizol de Rouen, qui avait été détruite par un spectaculaire incendie, fin septembre dernier. Mardi 10 décembre, le conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) s'est prononcé en faveur d'un redémarrage de l'activité. Le préfet avait promis de suivre l'avis de cette instance. 

Cette réouverture intervient alors que le préfet de Seine-Maritime lui-même s'était opposé à plusieurs reprises à une réouverture, comme le raconte Actu environnement« Lubrizol […] doit nettoyer ses pollutions, doit remettre en état son site, doit rendre compte d'un certain nombre d'infractions qui ont été constatées administrativement et pénalement », avait déclaré Pierre-André Durand lors de son audition par la mission d'information de l'Assemblée nationale, le 30 octobre. Or, depuis, les causes de l'accident n'ont été déterminées ni par l'enquête judiciaire, ni par l'enquête administrative, ni par la commission d'enquête du Sénat.
 

Greta Thunberg, personnalité de l'année

La valeur n'attend pas le nombre des années. Greta Thunberg, 16 ans, est élue « personnalité de l'année » par le Time magazine. Sa photo en Une est accompagnée de la mention « Le pouvoir de la jeunesse » : elle est la plus jeune récipiendaire de ce prix symbolique depuis sa création en 1927.

La militante pour le climat s'est faite connaître lorsqu'à l'été 2018, elle s'est mise, seule, à manifester devant le parlement suédois avant de lancer, en novembre 2018, ses premières grèves de l'école pour le climat. Ironiquement, parmi les autres candidat•e•s en lice pour le prix du Time figurait sa némésis : Donald Trump. 
 

La COP25, déjà un échec ?

« Le vrai danger est quand les politiques et les dirigeants d’entreprise font croire que des actions réelles se passent quand, en réalité, rien n’est fait ». Mercredi 11 décembre, à la tribune de la conférence pour le climat à Madrid, Greta Thunberg a exprimé le malaise qui s'est emparé d'un certain nombre d'observateurs : la COP25 serait-elle en train d'accoucher d'une souris?

A la veille de la clôture de la conférence, aucun Etat n'a pris de nouvel engagement fort pour réduire son impact sur le climat. Les négociations techniques patinent et n'ont pas permis d’avancer, comme le raconte l'AFP. Certains points de désaccord sont repoussés à plus tard.

Excédés par le peu d'ambition de cette COP, des dizaines de jeunes militants ont organisé une manifestation inattendue devant la salle plénière de la conférence. Comme l'a encore relaté l'AFP, les protestataires ont martelé des tasses métalliques en scandant « Justice climatique maintenant » et « honte, honte, honte ». Elles et ils ont été expulsé•e•s du centre de conférence et près de 300 personnes au total se sont vues retirer leurs badges. Parmi la foule, la directrice générale de Greepeace, Jennifer Morgan, qui a déclaré : « je participe à ces COP depuis 25 ans et je n’ai jamais vu une telle fracture entre ce qui se passe entre ces murs et ce qui se passe dehors ».

Les manifestants tenus à l'écart du centre de congrès © Compte Twitter de Nicolas Haeringer

2 milliards de personnes menacées par le tarissement des montagnes

Un quart de la population mondiale serait menacée de problèmes d'approvisionnement en eau en raison de l'étiolement des glaciers, de la neige et des lacs d'altitude. En cause : le réchauffement climatique et une demande en eau accrue par la croissance démographique. 

C'est la conclusion d'une étude parue dans la revue Nature. Les chercheurs se sont penchés sur le cas des principales montagnes du monde, qu'ils qualifient de « châteaux d'eau » naturels. Ils en ont étudié à chaque fois le contexte climatique, environnemental, mais aussi politique, démographique, etc. 

Le fleuve asiatique de l'Indus prend sa source parmi les massifs de l'Himalaya. Il alimente en eau de larges et denses bassins de population au Pakistan, en Inde, en Chine et en Afghanistan avant de se jeter dans la mer d'Arabie. Comme l'a relevé le Guardian, cette source d'approvisionnement en eau est directement menacée par l'élévation de 1,9°C attendu pour le milieu du siècle, couplée à une hausse de 50% de la population. Des dizaines de millions de personnes pourraient ainsi connaître des pénuries. 1,9 milliard à l'échelle du monde. A lire dans le Guardian.

Un plan pour les dauphins 

Pour éviter qu'à l'avenir, les dauphins et autres marsouins du Golfe de Gascogne ne figurent parmi les victimes collatérales des chalutiers, les filets de pêche devront bientôt être équipés de répulsifs acoustiques. Il s'agira de dispositifs diffusant des ondes sonores qui auront pour but de faire fuir ces mammifères marins. Cette mesure fera partie d'un Plan national de protection des cétacés qui entrera en vigueur « l'année prochaine », selon un communiqué du Premier ministre. Il sera par ailleurs interdit d'approcher les cétacés à moins de 100 mètres dans les zones protégées.

Noter la « réparabilité » des produits 

Le téléphone dont on ne peut pas remplacer la batterie ? « F » ! La gazinière dont toutes les pièces sont standard ? « A » ! Dans le cadre de la loi « antigaspillage » actuellement en débat à l'Assemblée nationale, les députés ont voté en faveur de la création d'un « indice de réparabilité » pour les produits électriques et électroniques. Celui-ci prendra la forme d'une note, sur le modèle de l'étiquette énergie, qui sera apposée sur les produits en magasin. 

Vis introuvables dans le commerce, pièces détachées hors de prix... Afin de forcer les consommateurs à remplacer plus rapidement leurs appareils, les constructeurs proposent des objets de plus en plus difficiles à réparer. A tel point que d'après une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) citée par l'AFP, seules 40 % des pannes sont réparées aujourd'hui en France. Avec cet amendement, le gouvernement espère atteindre 60 % d’ici à cinq ans.

Ils sont toujours prêts ! Du 9 au 19 décembre, les youtubers rassemblés au sein du collectif « On est prêt » sèment chaque jour une nouvelle vidéo pleine de bon sens à destination de leurs jeunes et moins jeunes spectateurs. Faire sa lessive maison, planter des arbres... Dans cette saison 2 du projet démarré en 2018, Norman et consorts reviennent sur les réseaux sociaux avec dix nouveaux défis quotidiens.