La quotidienne

Le chaud et l’effroi

Chères toutes et chers tous,


🔥 Si vous avez loupé la table-ronde de jeudi dernier consacrée à l’énergie à Paris, vous pouvez retrouver la vidéo complète dès maintenant sur la chaîne Youtube de l’Académie du climat. Nous remercions encore une fois les intervenant·es pour cette passionnante discussion !


Le retour d'El Niño pourrait laisser présager une année brûlante alors que l’Asie subit déjà des températures horrifiantes.


Le retour du phénomène El Niño va-t-il encore aggraver le climat en 2023 ?

Le chaud et l’effroi. Les tendances indiquent une reprise probable du phénomène climatique El Niño à la fin de l’année 2023 - un retour qui pourrait faire grimper les températures et stimuler certains événements extrêmes.

El Niño est une anomalie océanique naturelle et cyclique (dont la périodicité varie entre deux et sept ans) aux effets globalement réchauffants sur l’atmosphère. La Niña, phénomène soeur, a tendance à refroidir le climat. Il existe aussi une situation standard, caractérisée par des conditions neutres. Ces phénomènes sont liés aux variations de températures des eaux de surface de l’océan Pacifique équatorial - El Niño correspondant à une anomalie chaude. 

En fin de semaine dernière, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a estimé à 62% la probabilité de voir El Niño revenir d’ici au mois de juillet, sept ans après le dernier épisode. Celui-ci peut avoir des conséquences à grande échelle sur le régime des vents, les précipitations ou la température marines et atmosphériques. En 2016, alors qu’El Niño était particulièrement marqué, on considère qu’il a participé à faire de cette année-là la plus chaude jamais mesurée à l’échelle mondiale. À partir du moment où les eaux de la zone équatoriale sont plus chaudes en surface, elles vont réchauffer l’air de cette zone, ce qui aura des conséquences sur la moyenne globale. «Mais ça ne va pas bouleverser la température mondiale», tempère Pierre Bonnin, climatologue à Météo-France, auprès de Vert.

© AFP

Le retour d’El Niño en 2023 n’est pas acté pour autant. Météo-France évoque une probabilité autour de 50-60% de voir le phénomène se développer cette année. Un scénario qui reste à confirmer, mais qui semble le plus probable à l’heure actuelle. 

Mais alors que 2022 a été une année exceptionnellement chaude, et ce malgré la présence du phénomène refroidissant La Niña, doit-on craindre les impacts de son cousin El Niño en 2023 ? Tout dépendrait de son intensité et in fine de son incidence sur les températures.

Si le mercure a battu des records en 2022, c’est davantage du fait du réchauffement climatique qu’aux conditions océaniques dans le Pacifique, pointe l’expert de Météo-France. Pour l’instant, les scientifiques peinent à établir un consensus sur l’impact du dérèglement climatique sur les phénomènes El Niño et La Niña. «Indépendamment d’El Niño ou de la Niña, ce que l’on sait avec certitude, c’est que le changement climatique va induire un risque de phénomènes extrêmes plus importants», établit Pierre Bonnin.

Retrouvez ce décryptage en intégralité sur vert.eco

· Lundi, l’État et l’interprofession viticole ont annoncé un plan de 57 millions d’euros pour arracher quelque 9 500 hectares de vignes dans le vignoble bordelais (sur 110 000 hectares) à partir de l’automne prochain. La région est victime d’une crise de surproduction, évaluée à un million d’hectolitres, et d’un effondrement des prix. Les viticulteur·ices seront dédommagé·es à hauteur de 6 000 euros par hectare. - Le Monde (AFP)

· Ce mardi, quatre personnes, dont Philippe Lacube, président de la Chambre d'agriculture de l’Ariège, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Foix dans l’affaire du «commando anti-ours». En septembre 2017, une vidéo adressée à plusieurs médias montrait une trentaine d’hommes cagoulés et armés qui appelaient à «rouvrir la chasse à l'ours en Ariège et mener une résistance active face aux agents de l'Etat». - France 3

· Une dizaine d’organisations humanitaires, dont Oxfam, Care, ou Handicap International, alertent sur la crise alimentaire sévère qui touche la corne de l’Afrique et le Sahel en raison «de dérèglements climatiques sans précédent, qui s’ajoutent à des crises économiques, sociales et politiques préexistantes». Dans une tribune à La Croix, les signataires demandent à la France de débourser au moins un milliard d’euros par an dans le cadre de sa stratégie humanitaire, actuellement en discussion.

45,4°C

Printemps indien. Depuis la fin de semaine dernière, l’Asie étouffe sous une chaleur précoce. Si le continent arrive dans ses mois les plus chauds de l’année, les températures relevées affolent déjà les compteurs. On a relevé 43°C à Ishwardi, au Bangladesh ; 41,6°C à Luang Prabang, au Laos - nouveau record local ; record national pour un mois d’avril avec 44°C à Kalewa, en Birmanie ; record national tout court pour la Thaïlande, qui dépassé les 45°C pour la première fois de son histoire (45,4°C le 14 avril). Dimanche, au moins 11 personnes sont mortes à la suite d’un coup de chaud lors d’une cérémonie qui a rassemblé un million de personnes en plein soleil et par une forte humidité près de Bombay, en Inde (The Times of India). Il s’agit de «la pire vague de chaleur pour un mois d’avril de l’Histoire de l’Asie», des mots du climatologue Maximiliano Herrera. Le bouleversement du climat influe sur la précocité, la durée et l’intensité des vagues de chaleur.

La Thaïlande a enregistré plus de 45°C pour la première fois de son histoire le 14 avril © Compte Twitter du météorologiste Scott Duncan

Un nouveau collectif paysan veut faire de l’agriculture «une grande cause nationale»

Plutôt nourrir ! Le collectif Nourrir, officialisé ce lundi, veut oeuvrer à renouveler les générations agricoles pour faire face aux enjeux environnementaux et garantir une alimentation saine.

Les 54 associations qui peuplent ce nouveau collectif ont un objectif ambitieux : atteindre le million de paysan·nes d’ici à 2050 en associant les citoyen·nes afin de massifier le mouvement vers une agriculture respectueuse du vivant et de la planète. «On veut faire la même bascule que le mouvement climat, en faisant de l'agriculture un sujet central», explique Clotilde Bato, co-présidente du collectif dans le grand hall du Conseil économique, social et environnemental (Cese), choisi pour l’occasion comme symbole de la participation de la société civile.

À l’origine, un constat d’échec partagé sur la politique française et européenne. La PAC déterminant les subventions européennes pour les quatre prochaines années fait notamment la part belle aux ambitions écologiques portées par les associations. Fin juin, La plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire (PCTAA) et Pour une autre PAC décident d’unir leurs forces pour y remédier.

Du syndicat de la Confédération paysanne à l’ONG écologiste Greenpeace, en passant par le Secours Catholique, le collectif présente aujourd’hui un panel varié d’organisations mobilisées aussi bien sur les actions concrètes que le plaidoyer, en France comme à l’étranger.

Le collectif Nourrir souhaite soutenir l'élevage paysan en espérant passer le cap d’un million d’exploitant·es d’ici 2050 © Karolina Grabowska

Pour nourrir tout le monde dans le respect du vivant, il faudra des bras. La volonté du collectif Nourrir est d'abord d'enrayer le déclin des agricuteur·ices, alors que 200 fermes disparaissent chaque semaine en France. Dans un manifeste publié à l’occasion du salon de l’agriculture, l’association plaide pour l’installation massive de nouveaux paysan·es afin d’atteindre le cap d’un million d’exploitant·es d’ici 2050, alors que le dernier recensement en 2020 n’en compte que 416 000 (100 000 de moins en dix ans). «Ce projet doit devenir une cause nationale», souligne Clotilde Bato à la tribune. 

À l’image de celles sur le climat ou la fin de vie, le collectif demande la mise en place d’une convention citoyenne sur l'alimentation pour mettre le sujet à l’agenda. «Mêlez vous des questions agricoles», lance à l’intention des citoyen·nes Mathieu Courgeau, co-président du Collectif et agriculteur en Vendée.

Nos terres en danger face au grignotage du béton

Clé de sol. Tous les dix ans, l’équivalent d’un département comme le Rhône disparait sous le béton. Logements, routes et grands aménagements, la série documentaire de France 5 Le monde en face explore les raisons qui nous ont poussé à sacrifier nos terres fertiles. À la clé, un changement de regard sur le sol, du statut de support à celui de matière vivante qui nous nourrit.

© Le monde d'en face

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.