La quotidienne

Le bitume mord la poussière

A toujours trop arroser nos cultures de «phytos», nous ne reverrons pas les oiseaux et les abeilles de sitôt.


Le projet de pipeline Keystone XL est définitivement enterré

Le bon tuyau. La compagnie TC Energy vient d'annoncer l'abandon du projet Keystone XL : un méga pipeline qui devait acheminer du pétrole du Canada au Golfe du Mexique.

« TC Energy Corporation confirme aujourd'hui, après un passage en revue de ses options […] mettre fin au projet d'oléoduc Keystone XL ». Par ces mots, publiés mercredi dans un communiqué, l'entreprise canadienne met un terme à des années de bataille médiatique et judiciaire.

Keystone XL consistait en la construction d'un tronçon de plus de 1 900 kilomètres de long, reliant l’Alberta – province de l’ouest du Canada – au golfe du Mexique, dans le sud-est des Etats-Unis. Dans les tuyaux : 830 000 barils par jour de pétrole issu de sables bitumineux, l’une des méthodes d’extraction les plus sales. Sur le tracé : des espaces naturels et des zones où résident de nombreux peuples autochtones, qui avaient multiplié les actions médiatiques et les recours en justice.

En jaune, le tracé existant du pipeline Keystone, en rouge, l’extension prévue par le projet Keystone XL © Vox

Dès son arrivée au pouvoir, en janvier 2020, le nouveau président étasunien Joe Biden avait annulé le permis accordé en 2017 par l'administration Trump à TC Energy (Vert). Justin Trudeau, premier ministre canadien, s'était pourtant démené pour tenter de sauver ce projet afin de trouver des débouchés à son abondant pétrole. En vain.

« Cette victoire est un avertissement pour les pollueurs et leurs financeurs : abandonnez vos projets fossiles tout de suite – ou un impitoyable mouvement de masse y mettra fin pour vous », a savouré auprès du New York Times Kendall Mackey, une activiste de l'ONG 350.org, à la manœuvre dans ce dossier. Désormais, les associations écologistes veulent utiliser cet élan pour convaincre Joe Biden d'annuler un autre permis, accordé par Donald Trump au projet Enbridge Line 3, entre l'Alberta et le Minnesota (Etats-Unis).

• Mardi, Yann Wehrling a été démis de ses fonctions d'ambassadeur chargé de l'environnement par Emmanuel Macron. L'ancien dirigeant du MoDem a dénoncé une sanction de la part de l'exécutif, qui lui reprocherait d'avoir soutenu Valérie Pécresse, candidate (LR) aux élections régionales. Yann Wehrling est le deuxième ambassadeur nommé puis écarté par Emmanuel Macron, après le limogeage de Ségolène Royal, alors ambassadrice des pôles, en janvier 2020. - Le Monde (abonnés)

« Nous allons chercher comment réduire encore davantage nos émissions d'une manière réfléchie et rentable », a déclaré Ben van Beurden, le patron de Shell, dans un communiqué publié mercredi. Cette déclaration fait suite à la condamnation de sa firme par un tribunal de la Haye (Pays-Bas) à la fin mai (Vert), qui lui a ordonné de réduire ses émissions de 45% d'ici 2030, y compris celles liées à l'utilisation du pétrole vendu. Si Ben van Beurden prévoit des « mesures audacieuses mais mesurées » pour les années à venir, Shell compte toujours faire appel de la décision de justice. - Les Echos (abonnés)

En Chine, un troupeau d'éléphants parcoure des centaines de kilomètres à travers les villes et villages du Yunnan

Bâbord les éléphants. Depuis six mois, une quinzaine d'éléphants traversent la province chinoise du Yunnan pour une raison qui échappe toujours aux observateurs.

Des pachydermes qui déambulent en pleine ville, boivent 2 000 litres d'eau dans une station service, abattent les barrières d'une ferme et piétinent deux poulets ; ces scènes improbables sont devenues presque banales pour les habitant·e·s du Yunnan. En décembre 2020, une harde d'éléphants à quitté sa forêt tropicale de la préfecture de Pu'er, et se dirige vers Kunming, la capitale de cette province du sud-ouest de la Chine. Depuis, rien n'arrête la harde, ni les routes, ni les centres urbains.

© South China Morning Post

Au cours de leur périple de 500 kilomètres, les pachydermes ont provoqué de nombreux dégâts, estimés à 6,8 millions de yuans (1,1 M€). Les autorités locales tentent désormais d'aiguiller les éléphants pour éviter de nouvelles destructions. Un feuilleton quotidien raconté par l'agence gouvernementale Xinhua. Dimanche, 14 drones ont été utilisés pour suivre la harde, pendant que 510 personnes et 110 véhicules barraient la route pour guider la migration loin de la ville. En début de semaine, coup de tonnerre : un mâle a quitté le troupeau pour faire bande à part.

Une telle migration n'a pas été observée depuis 400 ans, a expliqué la spécialiste Becky Shu Chen au quotidien South China morning post. Parmi les raisons avancées par certains : la fragmentation de l'habitat des éléphants dans cette région. Pourtant, la forêt y a été protégée il y a une vingtaine d'années, indique le SCMP. Les éléphants pourraient s'être adaptés à leur nouvel environnement, désertant les forêts pour se servir dans les champs et les villes où la nourriture est abondante.

Rafraîchir les villes pour supporter les vagues de chaleur estivales

C'est frais. L'Ademe propose 19 solutions pour adapter les villes aux canicules qui se multiplient.

Sous l'effet du réchauffement, les vagues de chaleur estivales se répètent et s'amplifient d'année en année, transformant les villes en véritables fours. Une situation qui va immanquablement s'aggraver. Pour tenter de rafraîchir les zones urbaines, l'Agence de la transition écologique (Ademe) vient de publier un guide à destination des pouvoirs publics.

Celui-ci propose tout d'abord des solutions « basées sur la nature ». Parmi elles, la création de parcs et la plantation d'arbres sont, de loin, les remèdes les plus efficaces. A condition de choisir les bonnes espèces, les arbres peuvent réduire de 3°C la température à leurs abords. Autres options « vertes » étudiées par l'Ademe : faire pousser pelouses et prairies, établir des plans d'eau, ou équiper les immeubles de toits et façades végétalisées. Toutes ces solutions sont triées en fonction de leur capacité à refroidir l'air, leurs cobénéfices (sur la biodiversité, la séquestration de carbone ou la santé) et leurs impacts (coût, consommation de ressources, etc.).

© DR

Autre famille : les solutions « grises », basées sur la technique. Une ville construite selon une « forme bioclimatique », qui optimiserait la circulation de l'air et limiterait les fortes densités bâties, pourrait diminuer localement la température. L'Ademe propose également l'installation de structures d'ombrage et de panneaux solaires (qui stockent moins la chaleur que les toits) ou l'utilisation de revêtements « à albédo élevé » : plus une surface est claire, plus elle renvoie d'énergie solaire (et donc de chaleur) vers le ciel, c'est l'effet d'albédo.

Enfin, l'Ademe recommande de limiter l'usage des climatiseurs, qui réchauffent fortement les villes et consomment d'immenses quantités d'électricité. Toutes ces solutions peuvent, bien entendu, être combinées.

Le handicap, oublié de l'écologie ?

Une paille. On l'a ciblée comme un symbole de notre surconsommation de plastique avant que la majorité ne l'interdise au début de l'année 2021. Pourtant, la paille en plastique jetable est indispensable à certaines personnes lourdement handicapées qui s'en servent pour se nourrir. A partir de cet exemple, les youtubeurs d'Après l'effondrement nous invitent à considérer notre mue écologique à travers le prisme de l'invalidité dans leur dernière vidéo.

© Après l'effondrement