La quotidienne

Le bitcoin du mauvais sens

Si nous continuons à tout « miner », le climat se chargera de nous rendre la monnaie. 


Le bitcoin, frappé au coin du mauvais sens

Le revers de la pièce. L'explosion du bitcoin - la plus célèbre des cryptomonnaies – entraîne une surconsommation d'énergie phénoménale à travers la planète

Il y a un an, en mars 2020, un bitcoin valait environ 5 000 euros. Le 11 mars 2021, il s'échangeait désormais contre 48 236 euros. De quoi aiguiser des appétits voraces.

Pour obtenir de nouveaux bitcoins, il faut « miner » : c'est-à-dire vérifier et sécuriser des transactions grâce à des ordinateurs pour le compte de la plateforme. En échange d'un très grand nombre d'opérations, les mineurs collectent les bitcoins nouvellement créés. Tous les quatre ans environ, le nombre d'opérations à vérifier pour obtenir cette même récompense double, indique le site bitcoin.fr

Si, autrefois, des utilisateurs individuels ont pu se lancer dans cette activité avec leurs modestes moyens, celle-ci est désormais l'apanage d'industriels. Et les revenus sont directement proportionnels à la puissance de calcul déployée par leurs machines. Ce qui génère une surconsommation folle d'électricité.

Un centre de minage de bitcoins © Greenidge generation

En 2017, le réseau bitcoin pompait 30 terawatts heure d'électricité par an, soit la consommation annuelle de l'Irlande. Aujourd'hui, elle atteindrait entre 78 et 101 TWh : à peu près autant que la Norvège, a calculé Alex de Vries. Dans son étude, publiée mercredi dans Joule, cet économiste néerlandais prédit que les récents gains permis par le bitcoin vont encourager les « mineurs » à investir dans du matériel supplémentaire et à accroître encore leur consommation d'électricité. Celle-ci pourrait rapidement grimper à 184 TWh, non loin des 200 TWh consommés par la totalité des data centers du globe. 

Pour limiter la gabegie, Alex de Vries suggère la hausse des taxes sur l'électricité, la mise en place de moratoires sur l'installation de nouveaux équipements – comme l'a fait le Québec, ou la confiscation du matériel.

• Mercredi, l'organisation internationale d'armateurs Bimco et neuf pays ont proposé l'instauration d'une taxe sur les carburants des navires de fret (communiqué). Celle-ci se monterait à 1,7€ par tonne de fuel et devrait permettre de lever quelque 4,2 milliards d'euros pour financer la recherche sur les navires « zéro émission ». Une proposition fantaisiste d'un point de vue technique et qui donnerait un argument supplémentaire pour ne pas réduire le trafic maritime. - The Guardian (anglais). 

• Jeudi, le rapporteur public du tribunal administratif de Marseille a proposé l'annulation partielle de l’arrêté préfectoral qui autorise l'exploitation, par Total, de sa bioraffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône). Si les juges suivent son avis, Total devrait fournir une nouvelle étude d'impact sur les effets de la culture de l'huile de palme qui alimente ce site industriel. Attendu dans trois semaines, le jugement fait suite à un recours déposé en 2018 par six associations, dont les Amis de la Terre ou la Ligue de protection des oiseaux. - Reporterre
 

De l’ORE dans les mains

A l'ORE des bois. En Gironde, un amoureux du vivant a acheté des bouts de forêts qu'il a sanctuarisés grâce à un nouveau type de contrats : l'« obligation réelle environnementale » (ORE).

Chef d'entreprise retraité de 72 ans, Jacques-Eloi Duffau a vendu un appartement à Arcachon pour acquérir une parcelle de 40 hectares à Belin-Béliet (Gironde). Sur celle-ci, des chênes centenaires et une frênaie vouée à l'abattage, sauvé•e•s d'un groupement forestier qui pratique la sylviculture intensive, raconte la Croix. Pour sanctuariser cette zone humide et ces bois, Jacques-Eloi Duffau a signé, mardi 9 mars, une « obligation réelle environnementale » avec le Parc naturel des Landes de Gascogne. 

Introduite par la loi de reconquête de la biodiversité d'août 2016, l'ORE permet aux propriétaires de passer un contrat avec une collectivité, un établissement public ou une personne morale de droit privé, en fixant les critères écologiques de leur choix. Ces contrats sont valables jusqu'à 99 ans. 

Ainsi, le Parc naturel des Landes de Gascogne est désormais chargé de la gestion du terrain avec un niveau de protection maximal : « On ne touche à rien et on laisse vivre la nature ! » indique à la Croix Jacques-Eloi Duffau. En décembre 2020, il avait déjà signé une première ORE avec le Conseil départemental de Gironde, à laquelle il avait confié une forêt de 8 hectares dont les pins centenaires étaient promis à la tronçonneuse. 

S'il annonce qu'il n'a plus les moyens d'acheter davantage de terrain, Jacques-Eloi Duffau indique qu'il bûche à l'élaboration d’un site Internet qui donnerait des indications sur l'ORE aux propriétaires qui voudraient prendre sa suite. 

Le vendredi, chez Vert, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous-même) ! Aujourd'hui, une recette simplissime pour adoucir l'amertume des temps qui courent : celle d'un lait d'avoine maison. La bouillie restante servira de base à d'excellentes galettes.

Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'afficher en plein écran et l'enregistrer d'un coup de clic droit © Vert

Fast fashion, les dessous de la mode à bas prix

Ubérisation à outrance, catastrophes sanitaires et écologiques, esclavage moderne jusque dans les ateliers d'Europe... La mode jetable n'a pas de prix, mais elle a un coût exorbitant.

Dans Fast fashion (2020), Edouard Perrin et Gilles Bovon racontent l'invraisemblable histoire des vêtements quasi-gratuits, de Zara à la « super fast fashion » désormais portée par des marques comme Boohoo auprès de la jeunesse. 

Fast fashion, les dessous de la mode à bas prix, Edouard Perrin et Gilles Bovon, 2020, disponible en replay sur le site d'Arte. 

© Arte