Un numéro dans lequel l'eau est salée, comme le sera la facture de l'inaction contre le réchauffement climatique.

Une réforme du droit de l'environnement bien tiède
Le gouvernement n'est pas en train d'inventer l'eau chaude. Mercredi 29 janvier, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a présenté en conseil des ministres un projet qui devrait réformer le droit pénal de l'environnement. La promesse : spécialiser la justice sur ces sujets et durcir les sanctions. Des juridictions dédiées à l'environnement devraient être installées dans les 36 cours d’appel que compte le pays. Comme l'explique Actu Environnement, les magistrats y gèreront les affaires complexes - par exemple - de pollution de l'eau ou des sols par des industries, les atteintes aux espèces protégées, etc.
Autre innovation, qui devrait fortement déplaire aux ONG : la création d'une convention judiciaire environnementale sur le modèle de la convention judiciaire d'intérêt publique, principalement utilisée dans les affaires de fraude fiscale. Cette procédure, sorte de « plaider coupable », permet de passer un accord financier pour éviter le scandale public que représente un procès pour les grandes entreprises, notamment. Impliquée dans le scandale des Swiss leaks, la banque HSBC avait discrètement signé la première convention de ce type en 2017.
Pour sensibiliser les auteurs d'atteintes à l'environnement, des travaux d'intérêts généraux pourront leur être infligés. « On parle là de personnes physiques alors que ce sont les systèmes qui, généralement, se trouvent mis en cause », juge un avocat cité par les Echos.
Enfin, un nouveau « délit d'atteinte grave et de mise en péril de l'environnement et de la biodiversité » devrait être inscrit au code pénal et sera passible de dix ans d'emprisonnement.
« L’enfumage en matière de droit de l'environnement continue avec un projet inutile. Le pôle santé environnement existe depuis 20 ans et la justice fait son travail mais tous souffrent du manque de moyens voulu par Nicole Belloubet », a tancé sur Twitter l'avocate spécialiste de l'environnement Corinne Lepage. Le projet de loi pourrait être discuté dès le 25 février au Sénat. A lire dans Actu Environnement (abonnés).

L'Académie des sciences retrouve la raison
Malgré le consensus de la recherche mondiale sur la crise climatique, il subsistait un endroit en France où il fallait en parler à mots couverts. Une page vient de se tourner à l'Académie des sciences, qui a organisé, mardi 28 et mercredi 29 janvier à Paris, son premier débat public sur le climat.
Après des années de paralysie, comme le raconte le Monde, il est désormais permis d'y affirmer haut et fort que la planète se réchauffe et que l'Homme en est responsable. Des années pendant lesquelles l'aréopage d'illustres chercheurs du quai Conti (Paris) n'a pu parler d'une seule voix à cause d'une minorité de climato-sceptiques forts en gueule et en réseau. A leur tête : l'ancien ministre et géochimiste Claude Allègre, et Vincent Courtillot, géophysicien, se sont appliqués à paralyser les débats le plus longtemps possible.
Ç'en est fini, explique le Monde, depuis que le mathématicien Etienne Ghys a été élu secrétaire perpétuel de la vénérable institution. Les regimbeurs ont été réduits au silence et l'Académie a retrouvé de la voix. A lire dans le Monde (abonnés).

La « Venise africaine » sous les eaux
La montée des mers, conséquence du réchauffement climatique, ça n'est pas pour demain. Située au confluent du fleuve Sénégal et de l'océan Atlantique, Saint-Louis, l'ancienne capitale coloniale du Sénégal surnommée la « Venise africaine », a déjà les pieds dans l'eau.
En-dehors de la ville, située dans le nord du Sénégal, de nombreux villages alentours ont déjà disparu sous les eaux, comme le raconte le Guardian. Dans la cité, classée au patrimoine mondial de l'Unesco et où vivent 230 000 habitants, les inondations ont déjà balayé maisons, écoles et mosquées.
D'après la Banque mondiale, 10 000 Saint-Louisien•ne•s ont déjà été déplacé•e•s, ou vivent dans une zone à risque située à moins de 20 mètres de l'océan. Plus inquiétant encore, selon une étude commandée par le gouvernement sénégalais, 80% du territoire de Saint-Louis risque d'être submergé et 150 000 habitants devront être déplacés d'ici 2080. La plupart des villes d'Afrique de l'Ouest, dans lesquelles vivent 105 millions de personnes, font face à une menace similaire. Un reportage glaçant à lire dans le Guardian (en anglais).
Les milliers de dauphins victimes collatérales des pêcheurs
Eux, gisent déjà six nageoires sous mer. Victimes collatérales des pêcheurs de la côte Atlantique française, des milliers de dauphins sont morts asphyxiés en 2019.
En quelques mois seulement, entre janvier et mai 2019, 1200 dauphins se sont échoués sur les plages de la façade Atlantique, raconte Reporterre. Mais d'après les calculs réalisés par l’Observatoire Pelagis, rattaché au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de La Rochelle, ce sont environ 11 300 dauphins qui seraient morts dans des filets de pêche.
Des chiffres qui augmentent d'année en année malgré l'installation désormais obligatoire sur les bateaux de pingers, ces appareils qui envoient des sons censés éloigner les cétacés. Seule solution pour l'ONG Sea Shepherd : interdire toute forme de pêche non-sélective, qui ramène indistinctement dans les filets poissons, marsouins, phoques ou albatros. A lire dans Reporterre.

Un concours Lépine de la fuite en avant
On vous présente une nouvelle rubrique consacrée à celles et ceux qui se proposent de sauver la planète en repeignant leur SUV en vert, inaugurée en fanfare par le Parisien.
« Environnement : changer maintenant, c’est possible et ça peut rapporter gros », promet le quotidien qui annonce, toutes trompettes dehors, l'ouverture du salon ChangeNow, ce jeudi à Paris. « Les solutions existent pour échapper à une (sic) catastrophe écologique », rassure d'emblée le Parisien. En plus, c'est le jackpot, celles-ci « sont rentables et sources d’emploi ». Autrement, on peut faire du business comme avant à condition d'ajuster un peu le produit.
Le quotidien s'émerveille ça et là d'une paire de baskets en pneus usagés, de fausse viande faite à base de protéines végétales, mais aussi d'un « injecteur qui rend les voitures propres ».
Au cours de cette « exposition universelle des solutions pour la planète », seront présentées « pas moins d'un millier d'initiatives ayant un impact positif sur l'environnement ». Traduction : dans ce concours Lépine de la fuite en avant, on vous montrera de nouveaux biens de consommation dont l'impact sur la planète sera, espérons-le, un peu moins néfaste.
Dans cet article, le Parisien rejoint la vague de technophiles qui promettent que c'est l'innovation, et non pas un changement radical de nos modes de consommation, qui nous sauvera du changement climatique. A lire sur le site du Parisien.

Il a nagé à travers le continent de plastique
Au cours de 80 jours passés en mer entre Hawaï et la Californie, Benoît Lecomte a traversé en long, en large, et à la nage, le « continent de plastique ». Il y a ramassé quelque 3700 morceaux de plastique, contenant parfois des poissons. Dans le même temps, son équipage captait 45 000 fragments de micro-plastiques. Dans cette vidéo de Brut, Benoît Lecomte raconte sa folle expédition effectuée en juin 2019.
