La quotidienne

La guerre des boutons

Chères toutes et chers tous,

🤔 Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous vous proposerons de choisir entre deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


Au Bangladesh, les ouvriers du textile pour qui l'habit ne fait pas le mois ont décidé de ne plus filer droit.


Comment la loi européenne sur les matières premières est devenue une aubaine pour l’aéronautique et l’armement

Fable des matières. Censée sécuriser l’approvisionnement de l’Europe en matériaux essentiels à la transition énergétique, la future loi européenne sur les matières premières critiques va encourager l’extractivisme, y compris au profit d’industries très problématiques, alerte un rapport.

Même les technologies «vertes» ont leurs points noirs, le principal étant leur voracité en minerais, dont la plupart sont extraits et raffinés hors d’Europe à grands frais environnementaux et sociaux.

Pour accroître sa souveraineté – et relocaliser une partie de ces pollutions – l’Union européenne veut extraire sur son territoire 10% de sa consommation annuelle totale de matières premières «critiques» (contre 3% aujourd’hui), en traiter et en raffiner 50% et en recycler 45% d’ici à 2030.

Pour y parvenir, les États et le Parlement européen négocient actuellement les derniers éléments d’une une loi sur les matières premières critiques (Critical Raw Materials Act, CRMA dans le jargon bruxellois). Celle-ci prévoit d’offrir des facilités financières et des procédures réglementaires accélérées à certaines activités minières. Ces projets d’«intérêt public supérieur» seront également autorisés à contourner plusieurs normes environnementales. La Commission prévoit par ailleurs de soutenir des projets «stratégiques» hors d’Europe.

Carte des pays producteurs de matières premières critiques. © Commission européenne

Présentée comme un mal nécessaire pour garantir la transition vers des technologies bas carbone, la CRMA contient beaucoup trop de largesses pour atteindre sa cible, alertent l’Observatoire des multinationales et Corporate Europe Observatory dans leur enquête diffusée aujourd’hui.

Les deux associations y détaillent par exemple comment les industries de l’aéronautique et de l’armement ont influencé la loi. Elles sont ainsi parvenues à ajouter l’aluminium et le titane dans la liste des matériaux critiques alors qu’ils sont d’une utilité limitée pour la transition énergétique.

L’enquête souligne d’autre part que la CRMA ne contient aucune disposition permettant de suivre les usages qui seront faites de ces matériaux critiques ni de prioriser les applications «vertes».

Enfin, la nécessaire sobriété est la grande oubliée du texte, qui ne contient «aucun objectif contraignant de réduction des matières premières». Les deux associations craignent que le texte ait des «effets négatifs directs sur la transition écologique en contribuant à une augmentation inconsidérée de la production de tous les métaux listés et à leur utilisation dans des secteurs nocifs pour l’environnement».

· Le département du Pas-de-Calais est placé en vigilance rouge depuis lundi, et jusqu’à mercredi soir, en raison d’une «crue exceptionnelle» attendue sur les fleuves Aa et Liane. Annoncée comme «supérieure à celle de 2002», cette crue devrait occasionner des débordements généralisés. Les établissements scolaires dans les 36 communes du bassin de l’Aa sont fermés ce mardi. - Le Monde (AFP)
 

· Lundi, dans le cadre du projet de loi de finances 2024, les député·es ont adopté un amendement transpartisan, contre l’avis du gouvernement, visant la mise en place d’une aide d’urgence de 271 millions d’euros pour soutenir l’agriculture biologique. Si le gouvernement fait appel à l’article 49.3, il est peu probable que cette mesure soit retenue dans le texte final. - Le Figaro (AFP)


· Officiellement lancé ce mardi, le bonus réparation pour les vêtements et chaussures permet aux citoyen·nes d’avoir accès à une aide entre 6 euros et 25 euros (selon le produit) dans les boutiques labellisées par l’éco-organisme Refashion. L’objectif du gouvernement est d’augmenter de 35% le nombre de réparations d’ici 2028 par rapport à 2019. Ce dispositif ne demande aucune démarche supplémentaire aux client·es, qui peuvent bénéficier d’autant d’aides qu’elles ou ils souhaitent. - Ouest-France

© Alexandre Carré / Vert

Prière de déranger. Mardi matin, des croyant·es ont manifesté devant les bureaux de TotalEnergies à Paris, pour dénoncer le projet d’oléoduc Eacop en Ouganda (notre article). Organisée par le collectif chrétien Lutte et contemplation, le Mouvement Laudato Si’ et l’association interreligieuse GreenFaith, cette opération silencieuse, non-violente, a rassemblé une trentaine de croyant·es. Revêtu·es de pancartes interpellant sur le projet écocide de l’entreprise française, les manifestant·es ont entamé une prière collective avant d’entrer en silence pendant une heure et demie. Tout autour d’eux, des employé·es de Total se rendaient au travail. Même si certain·es, pressé·es, traversaient le cercle, la majorité l’ont contourné. «On sent que ça interpelle les gens», raconte à Vert Charlotte, membre de Lutte et contemplation. Le cercle s’est dispersé dans le calme vers 9h30.

Au Bangladesh, une grève historique chez les ouvriers du textile

Dur à coudre. Des milliers d’ouvrier·es du textile du Bangladesh sont en grève pour exiger un triplement de leur salaire et de meilleures conditions de travail

Il y a une semaine, de violents affrontements ont éclaté aux quatre coins du pays, où des ouvrier·es du textile ont entamé une grève, qui a entraîné la fermeture de centaines d’usines. Samedi 4 novembre, dans la ville industrielle d'Ashulia située à l’ouest de la capitale Dacca, des heurts ont eu lieu alors que 10 000 ouvrier·es ont tenté d'empêcher leurs collègues de reprendre leur poste, rapporte France 24. Les usines à l’arrêt fournissent notamment Gap, H&M, Zara, Levi's, Primark et bien d’autres.

Dans ce pays dont dépend l’industrie mondiale de la mode, «les ouvriers ne sont payés que l’équivalent de 70€ par mois, explique à Vert Catherine Dauriac, journaliste et présidente de l’association Fashion Revolution France. Tous subissent - et surtout les femmes -, du harcèlement moral et physique sur une base de 16 heures de travail quotidien, avec une cadence de folie».

Des ouvriers du textile réclament des salaires justes lors d’une manifestation le 31 octobre à Gazipur, à 50 kilomètres de Dacca, la capitale du Bangladesh. La veille, deux grévistes sont morts lors d’affrontements avec la police durant une manifestation similaire. © Anik Rahman / NurPhoto via AFP

Alors que leur pouvoir d’achat n’a jamais été aussi bas en raison de l’inflation, les manifestant·es demandent une hausse de près de trois fois leur salaire actuel, soit 190 euros.

Depuis l’effondrement de l’immense atelier de textile du Rana plaza en 2013, qui avait fait plus de 1 100 morts, de nombreuses contestations pour de meilleures conditions de travail ont éclaté, sans grand succès jusqu’ici.

Cette fois-ci, même si l’ampleur de l’engagement est inédite, Catherine Dauriac craint les répercussions. «Les patrons des usines sont membres du gouvernement, donc ça va être très compliqué. C’est une grève très politique.»

Deuxième exportateur mondial de vêtements après la Chine, le Bangladesh emploie pas moins de quatre millions de personnes dans le textile, réparties dans 3 500 usines. Le bas coût du travail attire les entreprises étrangères et encourage le gouvernement à maintenir de mauvaises conditions de travail.

La fabrique du mensonge : au cœur du déni climatique

Faux et usages d’info. Paradoxal (ou pas), le climato-scepticisme retrouve la cote au moment même où la crise climatique s’aggrave sous nos yeux. Sur les réseaux sociaux, dans les conversations et jusque dans les discours politiques, le consensus scientifique ploie face aux arguments «climato-réalistes». Dans un nouvel épisode de «La fabrique du mensonge», France télévisions explore la façon dont ces informations dénialistes sont diffusées et propagées dans l’opinion publique depuis déjà des décennies.

© France télévisions

+ Alexandre Carré, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Justine Prados ont contribué à ce numéro.