La quotidienne

La fonte des poules

Chères toutes et chers tous,

📺 Contrairement à ce que nous avions annoncé, le tournage de l'émission avec l'ingénieur Philippe Bihouix ne pourra pas se faire en présence de public pour des raisons bien indépendantes de notre volonté. Vous êtes toutefois invité·e·s à regarder le tournage en direct depuis la page Facebook de l'événement. Ce sera à 19h30 !

🐾 Pour cette rentrée et à l'occasion du congrès mondial de l'Union pour la conservation de la nature (UICN) qui se tient actuellement à Marseille, nous avons prévu une programmation spéciale. En cette « semaine du vivant », vous pourrez lire chaque jour des articles consacrés à la biodiversité et aux liens entre le vivant et le climat, et une galerie de portraits d'espèces qui raconteront les bouleversements en cours.


Rien ne sert de s'épuiser à choisir entre lutte pour le vivant et pour le climat, puisqu'il s'agit du même combat.


Les liens entre vivant et climat

Vivant et climat, même combat : voici l'un des messages principaux du congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui se tient cette semaine à Marseille. Décryptage des principaux mécanismes à l’œuvre.

Premier constat, duquel tous les autres découlent : c'est le vivant qui absorbe et stocke le carbone (C). Grâce à la photosynthèse, les végétaux se nourrissent de cet élément constitutif du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4), les deux gaz à effet de serre responsables de la plus large part du réchauffement climatique. A elles seules, les forêts ont stocké quelque 16 gigatonnes (milliards de tonnes) d'équivalent CO2 par an au cours de la dernière décennie (Nature). A contrario, leur dégradation a entraîné l'émission de 8 Gt de CO2 de plus par an.

Des sommes colossales, à rapporter aux émissions totales de l'humanité : 34 Gt en 2020 (Global Carbon project). D'autres milieux naturels terrestres, en tête desquels les tourbières, stockent également des quantités faramineuses de carbone. Le phytoplancton qui peuple les océans joue également un rôle de premier plan dans ce processus. Mais le réchauffement sans précédent des mers, qui ont absorbé la majeure partie de l'excédent de chaleur planétaire, met gravement en danger ce mécanisme.

Vue satellite de masses de phytoplancton dans la mer de Barents © Nasa

Le bouleversement du climat menace en retour l'ensemble du vivant. Chaleur, sécheresses, acidification et stratification des océans, multiplication des événements extrêmes (tempêtes tropicales, moussons, etc.) rendent invivables les habitats des animaux et végétaux, littéralement forcés à la migration en direction des pôles. Pas une mince affaire lorsque l'on est enraciné comme un chêne, laissant craindre la disparition à moyen terme de milliers d'espèces végétales. Passé un point de rupture, si les végétaux sont trop affectés par la chaleur, ils perdent leur capacité à stocker le CO2. C'est ainsi qu'entre 2010 et 2019, l'Amazonie brésilienne est devenue émettrice nette de carbone (Vert).

Le bouleversement du cycle de l'eau et des températures fait également naître de nouveaux dangers : de nombreux passereaux des îles hawaïennes, en fuite vers les sommets, sont rattrapés et décimés par des moustiques vecteurs du paludisme (Le Monde). En 2018, une étude du WWF avait déterminé qu'un réchauffement de +4,5°C d'ici la fin du siècle menacerait d'extinction au niveau local la moitié des espèces qui peuplent 35 écorégions du globe.

TotalEnergies vient de signer un contrat à 10 milliards de dollars (8 milliards d'euros) sur 25 ans avec le gouvernement irakien, a-t-on appris dimanche. Le groupe prévoit d'installer un champ d'éoliennes dans le sud du pays. Une large part du contrat concerne des projets liés au gaz et au pétrole. - Les Echos (abonnés)

« Où est le plan industriel à la hauteur des changements requis pour l'économie et la société britanniques ? » Lundi, le membre de Massive Attack, Rob Del Naja, s'en est pris à l'inaction climatique du gouvernement de Boris Johnson. Au même moment, le groupe de musique publiait un rapport commandé à des scientifiques, qui ébauche de nombreuses pistes pour permettre au secteur de la musique de réaliser des tournées « super-bas carbone » compatibles avec l'accord de Paris. - The Guardian (anglais)

• Lundi, le procès d’un réseau international de trafiquants d’ivoire et de cornes de rhinocéros s’est ouvert à Rennes (Ille-et-Vilaine). Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2015, des douaniers avaient saisi quatre défenses d’éléphant d’Afrique et 32 800 euros en espèces dans une BMW. La police avait ensuite découvert des ateliers de transformation de cornes et de défenses et mis au jour un vaste trafic destiné au marché chinois. - Le Monde (AFP)

Le grand baobab de Madagascar prend l’eau

Bas aux baobabs. Emblématique de Madagascar, seul endroit où on le trouve sur Terre, le baobab « de Grandidier » - le plus haut de tous - est menacé de disparition.

Tout est majestueux chez le Grandidier : sa taille, de 25 à 30 mètres, son large tronc, jusqu’à 8 mètres de diamètre, et sa longévité, pouvant aller jusqu’à 2 000 ans. Longtemps épargné de la déforestation par respect pour sa puissance symbolique, le baobab de Grandidier est en danger. Avec le dérèglement climatique et l’artificialisation des sols, les rivières restent en eau toute l’année. Un phénomène qui fait pourrir les jeunes baobabs qui grandissent les pieds dans l’eau, selon Sébastien Garnaud, président de l’Institut pour l’étude et la conservation du baobab (INECOBA). Pire encore, leur lente croissance ne permet pas à l’espèce de se régénérer et celle-ci se raréfie. Le Grandidier comptabilise encore entre 100 000 et 200 000 représentants, ce qui reste peu par rapport à la taille de l’île.

Dans la région de Menabe, à l’ouest de Madagascar, la célèbre « allée des baobabs » est une attraction touristique importante. © Georges Lissillour

Or, le baobab est un arbre essentiel à Madagascar. Ses fruits, son écorce et ses feuilles sont notamment exploités pour soigner des maladies et s’alimenter. De nombreuses espèces, comme les chauves-souris ou les lémuriens, sont quasiment inféodées à ces arbres dans lesquels elles viennent se nourrir et se nicher.

La perte de ce baobab ne serait pas qu’un dommage écologique. Cet arbre géant revêt une importance sociale et culturelle toute particulière. Souvent surnommé « l’arbre à palabres », le baobab est un lieu de réunion central dans les villages. Sa disparition, à terme, serait « purement dramatique », indique à Vert Sébastien Garnaud.

Six des neuf espèces de baobabs, dont le Grandidier, sont endémiques de l’île. C’est-à-dire qu’on ne les trouve qu’à Madagascar. Trois d’entre elles sont classées « en danger » sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN).

La trame verte et bleue pour retisser le vivant

Une trame verte nommée désir. Dans la préservation du vivant et de ses lieux de vie, il est une solution qui fait son chemin en France et en Europe : la trame verte et bleue.

Routes, zones urbaines et industrielles, champs arrosés de pesticides à perte de vue... L'artificialisation et la fragmentation des espaces naturels figurent parmi les principales menaces qui pèsent sur le vivant. Pour pouvoir se rencontrer, se reproduire et se perpétuer, les espèces ont besoin de lieux de vie reliés entre eux.

Pour recréer des continuités écologiques entre des espaces autrefois morcelés, des collectivités locales françaises s'emploient à retisser une trame verte et bleue à travers le pays. Il s'agit de rebâtir des corridors verts (faits de végétation) et bleus (cours d'eau et zones humides) entre différents réservoirs de vie.

Schéma expliquant les corridors et les réservoirs de biodiversité formant les continuités écologiques © UMS PatriNat

Consacrée par le Grenelle de l'environnement de 2007, et déclinée plus tard dans les codes de l'urbanisme et de l'environnement, cette notion a essaimé à travers les régions et les communes de l'hexagone. A Muttersholtz, village pionnier de l'écologie en Alsace, la municipalité a mené un vaste projet de renaturation des cours d’eau, resserrés et « reméandrés » pour y remettre du courant (Reporterre). De quoi faire revenir animaux et végétaux qui s'en étaient allés. Le village a aussi acheté une bande de cinq mètres de large de chaque côté de tous les cours d'eaux de la municipalité pour recréer des corridors boisés entre les champs cultivés.

Replantage de haies, renaturation de cours d'eau, préservation et restauration de zones humides et de forêts ; la trame verte et bleue permet de favoriser la survie et le développement de réservoirs de biodiversité et de puits de carbone. Une solution soutenue par de nombreux organismes, comme le Réseau action climat et sa trentaine d'associations membres, et portée aujourd'hui par l'Union européenne.

Devenez gardien·ne·s de la nature

Graou ! Pour protéger le vivant et faire renaître des forêts libres, l'ONG On est prêt lance une campagne baptisée « Bienvenue en zone sauvage ». Comme ses nombreux soutiens l'expliquent dans cette vidéo, l'objectif est de récolter de quoi sponsoriser des associations telles que l'Aspas, qui œuvre à racheter des bois pour les préserver des activités humaines (la cagnotte de la campagne). Pour se reconnecter au vivant, les citoyen·ne·s sont également invité·e·s à découvrir leur animal totem.

© On est prêt