L’Amazonie brésilienne émet plus de CO2 qu’elle n’en absorbe

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Forêt que ça cesse. Au Brésil, les activ­ités humaines et le change­ment cli­ma­tique ont à ce point mod­i­fié l’é­cosys­tème ama­zonien que la forêt ne joue plus son rôle de puits de car­bone.

Entre 2010 et 2019, l’A­ma­zonie brésili­enne a émis env­i­ron 18% de plus de car­bone qu’elle n’en a absorbé, avec 4,45 mil­liards de tonnes rejetées, con­tre 3,78 mil­liards de tonnes stock­ées, révèle une étude pub­liée dans Nature Cli­mate Change. Le con­stat est aus­si inédit qu’in­quié­tant puisqu’il con­firme les pronos­tics les plus som­bres selon lesquels la forêt ama­zoni­enne toute entière s’ap­proche d’un point de non-retour, sous l’ef­fet con­jugué de l’ac­tiv­ité humaine et du change­ment cli­ma­tique.

Feux provo­qués pour con­quérir des espaces agri­coles sur la forêt, aux abor­ds du Rio Xin­gu © Nasa

Autre nou­veauté : l’é­tude met en avant le rôle mécon­nu des « dégra­da­tions » subies par la forêt, c’est-à-dire les sit­u­a­tions qui affaib­lis­sent l’é­cosys­tème sans qu’il y ait de destruc­tion. Il s’agit, par exem­ple, des fortes chaleurs, des petits incendies ou de la sécher­esse. Dans ces sit­u­a­tions, les arbres cessent d’ab­sorber du CO2 et relâchent une par­tie de ce qu’ils ont stocké dans le sol. Ces dégra­da­tions auraient con­tribué à hau­teur de 73% aux rejets de car­bone, con­tre 27% pour la déforesta­tion, qui est pour­tant mas­sive : en 2019, année de l’ar­rivée au pou­voir du prési­dent Jair Bol­sonaro, 3,9 mil­lions d’hectares ont ain­si été per­dus, soit près de qua­tre fois plus qu’en 2017 et 2018, note l’étude.

Pour l’in­stant, la sur­face de forêt ama­zoni­enne qui s’é­tend sur huit autres pays d’Amérique du sud et qui représente 40% de ce grand poumon vert, affiche une meilleure san­té, ce qui sig­ni­fie que la forêt ama­zoni­enne dans son ensem­ble con­stitue encore un puits de car­bone. De plus en plus d’é­tudes prédis­ent toute­fois qu’elle pour­rait se trans­former rapi­de­ment en un écosys­tème de type savane, en par­ti­c­uli­er si le cycle de l’eau était rompu par les sécher­ess­es et le déboise­ment.