La chimie contre les vivants

Des « tueurs d'abeilles » interdits en France

Une bonne nouvelle pour commencer, une fois n'est pas coutume. Dans une décision annoncée mercredi 4 décembre, le tribunal administratif de Nice a interdit la vente de deux pesticides soupçonnés de nuire aux populations d'abeilles. Commercialisés par l'Américain Dow AgroSciences (membre du géant Corteva), le Closer et le Transform contiennent du sulfoxaflor, un cousin des néonicotinoïdes. 

La justice a ainsi validé le recours porté par les associations Générations futures, Agir pour l'environnement, et l'Union nationale de l'apiculture française. « L’existence d’un risque pour les pollinisateurs doit être regardée comme une hypothèse suffisamment plausible en l’état des connaissances scientifiques », a estimé le tribunal dans son jugement, considérant que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait « méconnu le principe de précaution » au moment de délivrer l'autorisation de mise sur le marché de ces deux produits, comme l'a rapporté l'AFP.
 

Le plastique, enjeu de santé publique

Ils contiennent nos aliments mais pas que. Les emballages plastiques sont une source majeure d'exposition à tout un tas de polluants, comme l'a rappelé la mission d'information parlementaire sur les perturbateurs endocriniens (PE). 

Dans son rapport, présenté mercredi 4 avril, la mission a alerté sur « le caractère très préoccupant de l’exposition généralisée de la population aux perturbateurs endocriniens et sur ses conséquences pour la santé », comme l'a relevé le Monde.

Les PE sont des substances chimiques qui perturbent le fonctionnement hormonal. On en trouve principalement dans les plastiques et dans les pesticides. Leurs effets à long terme sont encore mal connus mais on sait qu'ils provoquent diabète, obésité, cancers ou encore, maladies thyroïdiennes.

« Il est donc urgent d’agir sur ceux que nous utilisons quotidiennement et qui présentent le plus d’impacts : alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques », considèrent les deux rapporteuses (LREM) du texte, les députées Laurianne Rossi et Claire Pitollat. Le président de la mission, Michel Vialay (LR), a rappelé ce chiffre frappant : nous ingérons en moyenne cinq grammes de plastique par semaine, soit l'équivalent d'une carte bancaire. 

Jugeant que la législation n'est pas à la hauteur de l'enjeu, les auteurs du rapport demandent que les plastiques alimentaires considérés comme des PE connaissent les mêmes contraintes de mise sur le marché que les pesticides. Parmi les suggestions : l'apposition d'un « toxi-score » sur les produits alimentaires afin d'informer les consommateurs sur la présence de substances chimiques dans les emballages, sur le modèle du nutri-score qui note les ingrédients. 

Le bisphénol A, perturbateur endocrinien bien connu, a été interdit en France en 2015. Toutefois, il a été remplacé dans de nombreux usages par des substituts (bisphénols B ou S) tout aussi - sinon plus - dangereux. Parce que la législation a toujours un temps de retard sur les industriels, la mission propose « d’interdire simultanément une molécule et celles dont la structure est très proche, sans attendre la multiplication des études scientifiques sur toutes les molécules alternatives de la même famille ». Plus d'informations à lire sur le site de LCP.
 

Pour lutter contre le plastique, rien de tel que la bonne vieille bouteille en verre. Les membres de l'association Zero Waste France n'ont pas attendu ce rapport parlementaire pour prendre cette question à bras le corps. Alors que le projet de « loi anti-gaspillage » doit être débattu à l'assemblée nationale dès lundi prochain, des « bouteilles à la mer » accompagnées de messages ont été envoyées aux députés. Le but : promouvoir la consigne « pour réemploi » afin d'encourager les consommateurs à rapporter leurs bouteilles pour que celles-ci soit nettoyées puis remplies.

Compte Twitter de Zero Waste France

Le Japon, une des premières victime du climat

1 282 morts, 36 milliards de dollars de pertes : c'est ce qu'ont coûté au Japon les événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique en 2018. Au troisième jour de la COP25, à Madrid, l'ONG allemande Germanwatch a révélé les conclusions de son dernier « Climate risk index », rapport qui évalue pour chaque pays les risques et les dégâts liés à la crise climatique. Au total, en 2018, ces événements ont causé la mort de 9 013 personnes ainsi que la perte de 238 milliards de dollars. 

Au classement des pays les plus touchés, l'Allemagne fait un surprenant troisième, à cause de la canicule que le pays a connu l'an dernier. La France figure, elle, en 15ème position.

Porto Rico, Honduras, Birmanie ; Depuis 1998, ce sont bien entendu les pays les plus pauvres qui ont le plus souffert de ces dérèglements, comme l'expliquait l'ONG dans son précédent rapport. Plus d'informations à lire dans 20 Minutes.

Les oiseaux rétrécissent...

… Et c'est la faute du réchauffement climatique. Qui l'eut cru ? David Willard, un ornithologue de Chicago, a étudié pendant 40 ans les oiseaux morts de sa ville ; Il a d'abord récupéré, seul, ceux qui percutaient les vitres des tours de verre. Puis, en la compagnie de certains de ses collègues du Field museum, rejoints à leur tour par l'association des Observateurs des collisions des oiseaux de Chicago (Chicago Bird Collision Monitors), comme le raconte le Washington post.

Résultat, David Willard a pu étudier plus de 70 000 spécimens depuis 1978. Lui et les co-auteurs d'une étude publiée mercredi 4 décembre dans la revue Ecology letters, ont fait le constat suivant : les oiseaux ont rétréci en l'espace de quelques décennies. Leurs pattes sont plus courtes et ils se sont allégés. En revanche, leurs ailes se sont légèrement allongées. 

Initialement, l'étude n'avait rien à voir avec le réchauffement. Mais elle met en lumière un effet collatéral de la hausse des températures. C'est ce que les zoologistes connaissent sous le nom de la règle de Bergmann, comme l'explique le Monde : parmi les animaux dont la température est constante (dits « homéothermes »), ceux qui vivent sous les latitudes les plus froides ont une masse corporelle plus grande en moyenne. Cela leur permet de mieux conserver la chaleur puisque la surface de leur corps exposée au froid, en proportion, est moins importante. A l'inverse, donc, plus il fait chaud et plus les individus rétrécissent. 

Ce qui fait tout l'intérêt de cette étude, c'est qu'elle porte sur une durée inhabituellement longue. Elle démontre l'importance d'avoir des données sur plusieurs décennies afin de mettre en lumière les effets à long terme du réchauffement climatique sur les espèces animales, mais aussi végétales.

 

L'ombre, un truc de nantis

Les riches traversent les quartiers arborés de Bel Air ou Beverly Hills au volant de leur Tesla climatisée pendant que les pauvres cuisent au soleil légendaire de Californie en attendant le bus. Au-delà de la caricature, c'est à peu près ce qui se passe aujourd'hui à Los Angeles, où l'ombre est devenue un marqueur social, comme le raconte le New York Times

Avec le réchauffement climatique, les épisodes de chaleur au-delà de 35°C se multiplient. Dans cette ville qui connaît des inégalités colossales, les pauvres en souffrent bien davantage que les riches. C'est pour tenter de répondre à cette « enjeu d'équité » que le maire démocrate Eric Garcetti a lancé un plan express pour abriter du soleil près de 750 arrêts de bus et planter 90 000 arbres d'ici 2021.

Si historiquement, les quartiers les plus pauvres sont dépourvus d'arbres, c'est notamment à cause de la politique de lutte contre les stupéfiants : la police a longtemps vu les végétaux comme des planques de drogues ou d'armes potentielles.

 

Les arbres de demain de la région parisienne

En Ile-de-France, des expérimentations sont menées pour trouver quels arbres résisteront le mieux au changement climatique. Après un été caniculaire, des dizaines d'hectares de pins ont séché sur pied dans la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Sur une parcelle expérimentale de 25 hectares, l'Office national des forêts plantera bientôt diverses essences pour trouver les arbres les plus susceptibles de survivre aux prochaines fortes chaleurs. 

Comme le raconte le Parisien, dans la capitale, des capteurs ont été installés sur 36 arbres de 9 essences différentes à travers la ville. Ils enregistreront pendant trois ans l'évaporation de l'eau et la température. Objectif : voir quelles espèces se montreront les plus résistantes, demanderont le moins d'eau et permettront le mieux de faire baisser le mercure autour d'eux.

Bruno Le Maire aime la voiture. Bruno le Maire ADORE la voiture. Et il l'a bien fait savoir, dans une allocution lors de la journée de la filière automobile. La voiture, selon le ministre de l'Economie, « c'est la France », la voiture « c'est notre culture ». Et c'est même un peu plus que ça, la voiture :

« Je ne fais pas partie de tous ceux qui réclament la fin, […] la disparition de la voiture. La voiture c'est la liberté. Tous ceux qui condamnent aussi facilement la voiture devraient se souvenir de ce qu'était l'Union soviétique […] J'y suis allé, et ce qui m'avait le plus frappé à l'époque, dans les années 1980 […], c'est qu'il n'y avait pas de voitures. Parce qu'il n'y avait pas de liberté », explique-t-il, dans une déclaration d'amour à la bagnole comme on n'en fait plus en 2019. Au moment où se déroule la COP25 et alors que la voiture individuelle est responsable a elle seule de 15% environ des émissions de gaz à effet de serre en France, le choix est clair : le SUV ou le goulag.