La quotidienne

Il avait la glace

Chères toutes et chers tous,

Jeudi 13 avril à l’Académie du climat (Paris 4), Vert organise une grande soirée intitulée «Sobriété, nucléaire, renouvelables : quelles énergies pour quel futur ?». Au menu, une table ronde sur l’indispensable sobriété, avec Anne Bringault, du Réseau action climat, l’ingénieur et vulgarisateur Rodolphe Meyer, alias «Le Réveilleur», et Thomas Pellerin-Carlin, de l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE). Puis, nos expert·es répondront à toutes vos questions - bêtes et moins bêtes - sur l’énergie. Réservez votre place sans plus attendre en cliquant ici.


Il avait alerté sur nos activités et leurs dommages; le monde de la recherche sur le climat lui rend hommage. 


Disparition de Claude Lorius, glaciologue et pionnier de la climatologie

Glaçante nouvelle. On lui doit la découverte des liens entre les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique : le glaciologue français Claude Lorius s’est éteint mardi 21 mars à l’âge de 91 ans.

L’histoire débute en 1955 lorsqu’une petite annonce postée sur le mur de l’université de Besançon, qui cherche des étudiant·es pour partir en Antarctique, retient l’attention de Claude Lorius, alors fraîchement diplômé. C’est ainsi qu’il atterrit en 1957 à la base Charcot, située en Terre Adélie, pour une mission d’un an - le début d’une grande histoire d’amour avec l’Antarctique. En cumulé, au long d’une vingtaine d’expéditions, ce pionnier de la climatologie aura vécu près de six ans dans cette région du monde.

C’est en 1965, lors d’une expédition sur la base antarctique Dumont-d’Urville, qu’il a une intuition sur les liens entre climat et gaz à effet de serre. «Un soir, au retour d’un forage, j’ai mis un glaçon vieux de plusieurs milliers d’années dans mon verre de whisky et j’ai vu s’échapper des bulles d’air à mesure que la glace fondait… J’ai imaginé que ce gaz pouvait être un témoin de l’atmosphère du passé», a-t-il raconté.

Une intuition qui l’a conduit à étudier la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère il y a 20 000 ans, à partir de l’analyse de carottes de glace - des échantillons issus de forages profonds.

Claude Lorius au festival de Cannes, en 2015. © Bertrand Langlois / AFP

Plus tard, dans les années 1980, c’est par ce même procédé que Claude Lorius et le paléoclimatologue Jean Jouzel ont pu reconstituer l’histoire des gaz à effet de serre sur 160 000 ans à travers des carottes de glace extraites à 2 000 mètres de la surface de la Terre. Ces résultats permettent aux chercheurs d’établir un lien direct et inédit entre la courbe croissante de la concentration de CO2 dans l’atmosphère et celle des températures. Ils constatent alors que ces courbes ont suivi des rythmes réguliers jusqu’à la révolution industrielle, au milieu du 19ème siècle. Période à partir de laquelle les températures s’emballent en même temps que la concentration de CO2 - prouvant ainsi l’origine humaine du changement climatique.

Au cours de sa vie, il a lutté sans relâche pour alerter au sujet de l’impact des activités humaines sur le climat. Il a été mis à l’honneur dans un film documentaire réalisé par Luc Jacquet en 2015, La Glace et le ciel, qui retrace son parcours extraordinaire. Il résumait alors : «À 82 ans, je suis aujourd’hui un vieil homme qui constate que l’histoire lui a donné raison».

· Samedi et dimanche, le collectif Bassines non-merci appelle à une «manifestation internationale» dans les Deux-Sèvres contre plusieurs projets de retenues artificielles d’eau pour l’agriculture. Des rassemblements sont prévus «à Sainte-Soline et/ou Mauzé-sur-le-Mignon», sites de deux «méga-bassines». Notre reportage sur cette mobilisation sera à lire lundi dans Vert.

· Jeudi, le ministre de la fonction publique, Stanislas Guerini, a annoncé un futur plan de sobriété sur l’eau dans l’administration publique. Celui-ci devrait permettre de réduire «rapidement» de 10% la consommation d’eau. Ce qui devrait représenter une économie de deux millions de mètres cubes par an, sur les cinq milliards consommés chaque année sur tout le territoire français. - Sud-Ouest (AFP)

«Le chef de l’État n’écoute pas plus les millions de personnes descendues dans la rue que les scientifiques alertant de manière répétée sur le manque d’action de la France face au dérèglement climatique.»

Retraites et climat : même combat et même manque de considération de la part du chef de l’État, estime le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, dans une tribune à Vert. Alors que la contestation contre la réforme des retraites s’est poursuivie, jeudi 23 mars avec une mobilisation massive, il appelle à redéfinir les conditions d’une véritable démocratie en France pour faire advenir une société écologique.

Roi du pétrole. Mercredi, Vert a soufflé sa troisième bougie en votre (nombreuse) compagnie à la Recyclerie de Paris. Merci à toutes et à tous pour cette superbe soirée ! Elle fut l’occasion d’un ultime vote du public, qui a permis de couronner le King du greenwashing en compagnie du collectif Pour un réveil écologique. Avec une très large avance sur les autres prétendants, c’est finalement TotalEnergies qui monte sur le trône de Vert avec sa campagne de communication qui utilise les rapports du Giec pour tenter de justifier la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles. Bravo à notre nouveau roi.

© Alexandre Biville/Vert

Sobriété (la vraie) : mode d’emploi d’un mode de vie soutenable

Pour un nouveau mode. Dans Sobriété (la vraie), mode d’emploi, l’ingénieur et essayiste Vincent Liegey et la journaliste Isabelle Brokman donnent les recettes d’un quotidien sobre à toutes les échelles pour vivre mieux sans casser la planète.

La sobriété est à la mode ; mais de quoi parle-t-on vraiment ? Comment faire avec moins ? Face à la raréfaction des ressources, à l’inflation et à la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, Vincent Liegey et Isabelle Brokman s’attachent à définir et illustrer «la vraie» sobriété dans tous les domaines de nos vies. Habiter sobrement, moins se déplacer, mieux manger, acheter peu et partager les loisirs : ce petit guide bien ficelé passe au crible nos dépenses quotidiennes et propose une foule de solutions individuelles et collectives pour réduire nos impacts sur l’environnement.

Quoi de plus sensé, par exemple, que de partager l’espace, baisser le chauffage et n’occuper qu’une petite partie de la maison en hiver, plutôt que de tiédir des pièces peu habitées ? Quoi de plus évident que de retrouver du temps pour soi et les autres, et organiser la vie de son quartier ? De plus judicieux que de voyager moins loin, en train et à vélo? De plus sympa que de cuisiner soi-même des produits locaux et de saison?

L’ouvrage propose de passer «de notre individualisme connecté à une coopération sobre et joyeuse». Car «on ne devient pas sobre tout seul dans son coin». Un petit trésor de pédagogie pour se mettre, dès aujourd’hui, au monde de demain.

Sobriété (la vraie), mode d’emploi, Vincent Liegey, Isabelle Brokman, Tana, février 2023, 96p, 13,9€.

L’ormeau chilien, mollusque de l’année 2023

King du crustacing. L’ormeau chilien - Concholepas concholepas pour les intimes -, vient d’être élu «mollusque international de l’année 2023». Une victoire dans la troisième édition de ce concours original organisé par le muséum Senckenberg, la Société internationale de recherche sur les mollusques et le Centre Loewe pour la Génomique translationnelle de la biodiversité. Certaines molécules de cet escargot de mer ont des effets immunothérapeutiques utiles contre plusieurs types de cancer. Avec ce prix, l’ormeau chilien a gagné un séquençage complet de son ADN par des scientifiques. Voici la liste des autres prétendants, dont le chouchou de Vert ; l’escargot à bulle ondulée.

L’ormeau chilien peut atteindre jusqu’à quinze centimètres. Cliquez sur la photo pour découvrir les autres mollusques qui étaient en lice pour le prix. © Cristian Sepulveda

+ Loup Espargilière et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.