Good COP, bad COP


Contre le bouleversement du climat, il y a ceux qui parlent, et il y a ceux qui font. 

Climat : un gouffre entre la parole des Etats et les actes

Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Entre les engagements climatiques des Etats et les quantités d'énergies fossiles qu'ils ont prévu de produire, il y a un gouffre béant, alerte l'ONU. 

Il y a cinq ans, lors de la signature de l'Accord de Paris, les nations mondiales se sont entendues pour contenir le réchauffement à moins de 1,5°C par rapport à la température de l'ère préindustrielle (avant 1850). Un objectif ambitieux qui implique de réduire drastiquement la production d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), sources majeures de gaz à effet de serre.

Pour ce faire, il faudrait qu'entre 2020 et 2030, la production mondiale baisse de 6% par an. Or, les programmes et projections des gouvernements indiquent une future hausse de 2% par an, alertent les auteur•rice•s d'un rapport publié ce mercredi et coordonné par le programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP). Ce fossé a un nom : le Production gap.

Les données sont exprimées en milliards de tonnes (gigatonnes) de CO2 par année © Production gap report

Au total, d'ici 2030, les Etats s'apprêtent à produire 120 % d'énergies fossiles de plus que ce qu'il faudrait pour rester sous la barre de 1,5°C, et 50 % de trop pour contenir le réchauffement à 2°C. 

En raison de la pandémie mondiale, la production devrait baisser de 7 % en 2020. Mais en l'absence de changements structurels, elle repartira immanquablement à la hausse. D'autant plus, notent les auteur•rice•s, que les plans de relance nationaux prévoient de subventionner bien plus largement l'industrie fossile que celle des énergies renouvelables.

Pour combler le fossé, le rapport recommande de réduire les subventions aux fossiles, d'introduire des restrictions sur la production et la construction d'infrastructures ou encore, de soutenir la transition des Etats les plus dépendants aux fossiles. 

• Mardi, neuf associations (dont Générations futures et Nature & progrès) ont déposé plainte contre X pour fraude à l'étiquetage, mise en danger de la vie d'autrui et atteinte à l'environnement. Cette procédure fait suite à la publication d'une récente étude, qui a mis en lumière la présence de métaux lourd et d'arsenic non-déclarés dans plusieurs herbicides. Une seconde plainte a été déposée contre l'Etat pour carence fautive. - Actu-environnement 

Un fonds d’indemnisation – à moitié – des victimes de pesticides

Le gouvernement vient de créer un fonds d'indemnisation pour les victimes de pesticides, jugé très insuffisant par les associations spécialisées

Parkinson, maladies cardiovasculaires, cancers en tous genre... Les maladies nées de l'exposition aux pesticides sont légion. Dans les tiroirs depuis de nombreuses années, un fonds d'indemnisation pour les victimes des produits phytosanitaires a enfin été créé par décret, vendredi 27 novembre. 

Parmi les avancées, celui-ci permet d'indemniser certaines victimes qui n'étaient pas couvertes jusque-là, comme les agriculteur•rice•s non salarié•e•s qui ont pris leur retraite avant 2002 ou les enfants exposés pendant la grossesse « du fait de l’activité professionnelle de l’un de leurs parents ». Ce nouveau fonds permet aussi aux exploitant•e•s de d'être indemnisé•e•s à partir de 10% d’incapacité, contre 30% auparavant. 

Pulvérisation de pesticides © Zeynel Cebeci

Doté de 53 millions d'euros d'ici 2022, le fonds sera financé par le relèvement de la taxe sur les ventes de pesticides et les cotisations pour les accidents du travail et maladies professionnelles des entreprises. Pas par l'Etat lui-même, pourtant coupable d'autorisations de mise sur le marché de produits dangereux. 

A la manœuvre depuis des années pour faire naître un tel dispositif, la sénatrice (socialiste) Nicole Bonnefoy déplore que celui-ci n'ait que peu à voir avec les fonds destinés aux victimes de l'amiante ou des essais nucléaires français. Il n'ouvre pas la voie à des réparations intégrales des victimes « c’est-à-dire sur les préjudices économiques, physiques, professionnels, moraux et familiaux », a-t-elle indiqué à Libération. Les riverains victimes des épandages – comme les enfants de l'école de Villeneuve (France Bleu) - ne sont pas concernés par ce fonds. 

Ce fonds a minima est également décrié par plusieurs associations. Vice-président de Phyto-victimes et ancien salarié agricole victime d'un lymphome, Julien Guillard a prévenu Libé : « on se réserve la possibilité d’utiliser tous les recours possibles ». Plus d'informations dans Libération.

La « fausse COP26 » accouche d'un vrai traité

Good COP, bad COP. Après deux semaines d'une immense conférence en ligne pour le climat, les jeunes de la Mock COP26 ont élaboré un traité à destination de leurs aîné•e•s

Initialement prévue pour novembre 2020, la 26ème conférence des parties sur les changements climatiques (COP26) s'annonçait cruciale. A l'entame d'une décennie critique, les Etats devaient y dévoiler de nouveaux efforts pour réduire leurs émissions de CO2. Ecoeuré•e•s par le report d'un an de cet événement, des adolescent•e•s du monde entier ont organisé leur propre COP.

© Mock COP26

Entre le 19 novembre et le 1er décembre, plus de 300 jeunes de 140 pays ont échangé et débattu en ligne avec des expert•e•s du climat, de l'éducation, du droit. Objectif : élaborer des mesures urgentes pour lutter contre le dérèglement du climat et remettre au cœur des discussions les pays les plus meurtris par le réchauffement - souvent les plus pauvres.

A l'issue de ces deux semaines de débats, elles et ils se sont mis•se d'accord sur un certain nombre de points, parmi lesquels : une meilleure éducation aux enjeux climatiques, des lois plus dures contre les écocides (les crimes contre la nature), ou des réglementations plus strictes en matière de pollution de l'air. Toutes ces mesures se retrouvent dans un projet de traité international, élaboré avec le soutien des juristes de l'ONG ClientEarth, que les jeunes transmettront à leurs gouvernements. 

Le succès de leur initiative les interroge quant à la bonne volonté de leurs dirigeant•e•s. « La COP26 n'aurait jamais dû être reportée, elle aurait dû être organisée en ligne comme nous l'avons fait, a déclaré au Guardian Sainey Gibba, déléguée de Gambie. Ils devraient apprendre de nous, parce que l'urgence est tellement grande ». Plus d'informations dans le Guardian (en anglais). 

Une association au secours des tortues de mer 

En Nouvelle-Calédonie, les tortues de mer ont la vie dureAlors que les populations de tortues à grosse tête sont en chute libre dans le Pacifique, une association – Bwärä - s'emploie à sensibiliser le public et préserver les rares nids qui subsistent encore sur les plages calédoniennes, comme le raconte Brut dans ce reportage. 

© Brut