La quotidienne

God save the climat

Chères toutes et chers tous,

🌱 C'est le jour du Vert du faux ! Ce jeudi, nous vous proposons de choisir entre deux sujets proposés par les lectrices et lecteurs de Vert. Puis, nous répondrons à celui que vous aurez retenu la semaine prochaine. À vos votes !


Pendant que le roi britannique poursuit sa visite écologique, son Premier ministre envoie royalement valser ses engagements climatiques. 


En Europe, plus personne n’échappe à l’air toxique

Airpocalypse. 98% des Européen·nes respirent un air pollué, responsable de 400 000 morts prématurées chaque année sur le continent, révèle une enquête du Guardian.

En s’appuyant sur des données satellitaires et celles produites par près de 1 500 stations au sol, des scientifiques et des journalistes du quotidien britannique ont établi qu’une immense majorité d’Européen·nes vivaient dans des zones où respirer est tout simplement dangereux pour la santé.

Ce risque sanitaire a été évalué à l’aune des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans l’air, la concentration de particules fines (d’un diamètre de 2,5 micromètres ou moins, appelées PM2,5) ne doit pas dépasser, en moyenne et sur une année, les 5 microgrammes par mètre cube d’air.

Ainsi, près de 40% des Français·es sont exposé·es à un air nocif, deux fois plus pollué que les recommandations de l’OMS. La palme des pays les plus exposés revient à la Macédoine du Nord et à la Serbie. D’une manière générale, ces nouvelles données compilées dans une carte interactive montre que l’Europe de l’Est est particulièrement exposée.

Capture écran de la carte interactive du Guardian montrant l’exposition des différents pays européens à une pollution de l’air plus ou moins toxique. © The Guardian

Ces particules fines présentes dans l’air sont un mélange de différents composés chimiques, produits principalement par le trafic routier, le chauffage, les activités industrielles et agricoles. Leur taille minuscule permet la pénétration dans l’appareil respiratoire et le sang pour atteindre les organes. En Europe, on estime à 400 000 le nombre annuel de morts prématurées imputables à cet air pollué. Et 40 000 dans l’hexagone, selon Santé publique France.

Le 13 septembre dernier, les eurodéputé·es se sont prononcé·es pour un durcissement de la directive sur la qualité de l’air au sein de l’UE. Un texte de 2008 à réviser d’urgence.

· Mercredi, la Commission européenne a proposé de renouveler l’autorisation du glyphosate pour dix ans dans l’Union européenne. En juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait ouvert la voie au renouvellement de l’herbicide - pourtant classé «cancérogène probable» par l’Organisation mondiale de la santé -, n’ayant pas identifié de «préoccupation critique» sur la santé humaine et animale, ou l’environnement. Les pays membres de l’UE doivent examiner la proposition vendredi et rendre leur décision à la mi-octobre. - Le Monde (AFP)

· Mercredi encore, les eurodéputé·es et les pays membres de l’Union européenne ont décidé d’encadrer le greenwashing (ou «écoblanchiment») et l’obsolescence programmée. Les allégations environnementales trop vagues («respectueux de l’environnement», «neutre pour le climat», «naturel») ne pourront plus être utilisées sur les produits sans être accompagnées de preuves détaillées. Le texte doit encore être validé formellement par les parlementaires et les 27 Etats avant de pouvoir entrer en vigueur. - Libération (AFP)

· Mercredi toujours, la construction d’une centaine de villas de luxe sur un terrain abritant des espèces protégées à côté du golf de Fuveau (Bouches-du-Rhône) a été interrompue par le promoteur du projet à la suite de la mobilisation d’activistes écologistes. Depuis une semaine, des militant·ses se rejoignaient quotidiennement pour gêner le déroulement du chantier. Le propriétaire a justifié cette suspension par la volonté d’éviter des débordements ou dégradations. - Marsactu

«Je suis fier que la Grande-Bretagne soit le numéro 1 mondial sur le changement climatique» 

- Rishi Sunak

God save the climat. En la matière, les Britanniques pouvaient difficilement faire pire. Et pourtant. Selon la BBC, le premier ministre conservateur Rishi Sunak s’apprête à revenir, ce vendredi, sur un paquet d’engagements. Son but : se distinguer de la gauche travailliste, en avance dans les sondages à un peu plus d’un an des élections générales. La fin des ventes de voitures neuves à essence et diesel pourrait être repoussée de 2030 à 2035 ; celle des chaudières au gaz serait décalée de 10 ans. Il devrait aussi annoncer qu'il n'y aura pas de nouvelles taxes pour décourager l’avion et plus rien pour végétaliser l’alimentation. Malgré cela, Rishi Sunak promet d’atteindre la neutralité carbone - soit l’équilibre entre les rejets de carbone et leur absorption - en 2050, mais d’une manière «plus proportionnée». Tout en sachant pertinemment que son pays est déjà hors des clous avec les maigres politiques actuelles. En visite en France, le roi Charles, dépeint en «roi écologiste», et Emmanuel Macron, en recherche de crédibilité sur la planification, doivent assister à une table ronde consacrée au réchauffement climatique. Débattront-ils du royal revirement du premier ministre ?

Comment convaincre ses proches de l’urgence écologique ?

Voilà des années que les scientifiques alertent le grand public sur les dangers du dérèglement climatique. Pourtant, nos entourages sont toujours peuplés d’oncles climatosceptiques, de cousines un peu complotistes ou d’amis qui pensent que la technologie règlera tout. Voici nos sept conseils pour embarquer vos proches à qui les rapports du Giec donnent de l’urticaire.
 

N’ayez pas peur de parler de la crise écologique

Vidéos d’altercations violentes lors de manifestations, culture du clash sur les réseaux sociaux ou sur les plateaux de télévision… Voilà de quoi refroidir les ardeurs de celles et ceux qui voudraient évoquer les sujets écologiques avec leurs proches, mais craignent le conflit. «On arrive souvent à cette conclusion, fausse, que le sujet est méga-clivé et qu’il ne faut pas en parler pour ne pas gâcher la fête», explique Lucas Francou Damesin, directeur de Parlons climat, un programme qui cherche à mettre le climat au centre du débat public. Pourtant, 85% des Français·es s’inquiètent des effets du changement climatique, et 72% souhaitent en faire davantage au quotidien pour lutter contre la crise, d’après une étude réalisée en juin pour Parlons climat. «Parlez-en, c’est le meilleur “petit geste”», insiste Lucas Francou Damesin.
 

Ne tombez pas dans les discours stéréotypés

Pour éviter le dialogue de sourds, ne vous laissez pas enfermer dans une case : vous n’êtes pas le ou la porte-parole de la communauté scientifique, des militant·es pour le climat ou d’une quelconque «élite politique», et vous n’êtes pas astreint·e à une «pureté» dans vos actes, qui est toujours inatteignable. «Avec des proches, on peut plus facilement se relier à ce que l’autre est en train de vivre, d’imaginer ce qu’elle ressent et ce qu’elle ne dit peut-être pas, notamment quand il y a des réactions un peu défensives», conseille Jean Le Goff, psychosociologue, spécialiste dans la question du vécu émotionnel face au changement climatique.

Découvrez la suite de nos conseils pour échanger sans criser avec ses proches sur vert.eco

On a déclaré la guerre aux poissons

Comme un poison dans l’eau. Dans une nouvelle série de podcasts intitulée Mission Poséidon, le trublion Guillaume Meurice prend le rôle d’un tonton qui embarque ses neveux à la découverte des secrets des milieux marins. Une manière ludique de sensibiliser les plus jeunes aux effets du réchauffement climatique sur les mers et océans. Consacré aux dangers de la pêche industrielle, le premier épisode est à découvrir ici.

© France inter

+ Loup Espargilière, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.