La quotidienne

Gaspillages élémentaires

Le monde gaspille et dévore, mais des gens brillent très fort.


Le gaspillage alimentaire se compte en milliards de tonnes

N'en jetez plus ! Près de 30% de la nourriture produite dans le monde n'est jamais consommée, alerte l'ONU ; une aberration sociale et écologique.

17% des aliments accessibles aux consommateur•rice•s ont été gaspillés en 2019 : c'est l'une des révélations du rapport sur l'indice du gaspillage alimentaire présenté jeudi par le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Cela représente près d'un milliard de tonnes, « ou sept fois le tour de la Terre avec 23 millions de camions de 40 tonnes mis bout à bout ». L'étude a porté plus particulièrement sur la vente au détail, les restaurants et les ménages dans 54 pays aux niveaux de développement très variés. Elle indique que le gaspillage domestique représente à lui seul 11% des 17% de pertes constatées. Si ce dernier est souvent considéré comme une dérive de pays riches, l'étude souligne qu'aucune corrélation ne peut être établie entre le gaspillage et le niveau de revenu des ménages.

 La restauration représente 5% sur les 17% de gaspillage alimentaire selon l'ONU © Flickr / Philip Cohen

En complément de ce rapport, l'AFP rappelle qu'une autre organisation onusienne, la FAO (dédiée à l'alimentation et l'agriculture), mesure de son côté les « pertes » alimentaires lors de la production agricole et de la distribution. Selon ses chiffres, environ 14% des aliments produits dans le monde sont perdus avant même de parvenir sur le marché. En tout, c'est donc près de 30% des aliments produits dans le monde qui ne sont jamais consommés.

L'ONU rappelle que près de 700 millions de personnes à travers le monde souffrent encore de la faim et que trois milliards n'ont pas accès à une alimentation saine. Le problème est également d'ordre écologique puisque la production d'aliments est responsable de nombreux désastres environnementaux et que le gaspillage alimentaire représente entre 8 et 10% des émissions mondiales de gaz à effet serre, toujours selon l'ONU.

• La consommation d'électricité française a baissé de 3,5 % en 2020 du fait de la crise sanitaire, a indiqué le gestionnaire de transport RTE dans son bilan électrique 2020. La production nucléaire a chuté de 11,6 % en raison, notamment, de la fermeture de Fessenheim. Les énergies renouvelables ont progressé : de 17% pour l'éolien, 8 % pour l’hydraulique et 2,3 % pour le solaire. - AFP

• Jeudi, des « faucheurs » d'OGM ont détruit des centaines de sacs de semences entreposés sur le site d'une coopérative agricole à Castelnaudary (Aude). Elles et ils s'insurgent contre la commercialisation de ces graines de colza et de tournesol obtenues par les NBT (new breeding techniques). Ces nouvelles techniques de sélection végétale permettent de modifier le génome des plantes sans insertion de gène étranger (transgénèse), contrairement aux OGM obtenus par mutagénèse. En février 2020, le Conseil d’État avait estimé que ces nouvelles techniques devaient être soumises à la réglementation OGM. Or le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a estimé début janvier que les NBT « ne sont pas des OGM ». - AFP

• Ce vendredi, neuf activistes de Greenpeace se sont introduit•e•s au sein de l’aéroport Charles de Gaulle pour repeindre un avion en vert. Les militant•e•s voulaient dénoncer le greenwashing du gouvernement concernant le secteur aérien. Comme Vert le racontait hier, l'exécutif n’a de cesse de mettre en avant l’avion « vert » comme solution à l'avenir du secteur aéronautique, malgré les démentis de la communauté scientifique. - Greenpeace
 

La dignité au bout du tunnel

Par sincérité, par humanité et parce que chaque gramme de beauté en vaut la peine ; dans son essai politico-poétique « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce », Corinne Morel Darleux propose de lutter encore face à la catastrophe qui vient.

Présenté par l'autrice comme un « livre d'intuitions » sur l'effondrement, ce petit ouvrage écrit à la première personne mêle tout à la fois des considérations politiques et des réflexions philosophiques sur notre destin, individuel et collectif. La mémoire du navigateur Bernard Moitessier, les lucioles de Pasolini ou les écrits de Romain Gary accompagnent le récit. L'écriture est délicate et ciselée, souvent nostalgique, toujours bienveillante.

Face « au Monstre, à la Machine » et aux destructions qu'engendre le monde moderne, Corinne Morel Darleux propose une éthique de la catastrophe, en trois actes : le refus de parvenir, le cesser de nuire et la dignité du présent. Ainsi, contre les désirs programmés du consommateur-payeur, elle refuse les réussites qui n'en sont pas, comme l'accumulation de biens matériels ou le carriérisme stérile. Sa réflexion sur nos trajectoires personnelles s'accompagne d'une proposition politique sur le renforcement des services publics et des biens communs, égratignant au passage le développement d'« une écologie 'intérieure' dépourvue de conscience de classe, qui se drape dans l'apolitisme et s'exonère d'analyse systémique ».

Sa proposition la plus puissante est celle de préserver la beauté du monde « en gage de notre humanité ». Alors que l'avenir s'assombrit, Corinne Morel Darleux invite à réévaluer nos actions et nos luttes « non plus uniquement à l'aune de leur efficacité future mais aussi à celle de leur sincérité et de la dignité qu'elles apportent au présent ». En bref, sauver ce qui peut l'être, tout simplement parce qu’il le faut.

Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux, 2019, Libertalia, 109 p., 10€

Le vendredi, chez Vert, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous-même) ! Cette semaine, on fait venir le soleil avec une recette d'autobronzant ! Vous pouvez également fabriquer votre propre crème hydratante avec cette recette facile que Vert vous avait donné il y a quelques semaines.

Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'afficher en plein écran et l'enregistrer d'un coup de clic droit © Vert

Les punks du vin !

Depuis une dizaine d’années, le monde du vin est bousculé par les vins naturels. « Comme le rock a pu l’être par le punk en son temps », explique Bruno Sauvard dans son documentaire « Wine Calling : le vin se lève ! ». Le réalisateur, qui a suivi huit de ces rebelles dans leurs vignobles d'Occitanie pendant toute une saison, retranscrit avec brio leur passion, leur énergie et leur bonheur contagieux ; le tout sur fond de musique rock !

Wine calling : le vin se lève !, Bruno Sauvard, 2018, disponible en accès payant sur Viméo

© Viméo