La quotidienne

Forêt cierge

Un numéro où l'on verra que ça brûle à terre pendant que les riches s'envoient en l'air.


La destruction de forêts tropicales en forte hausse

Forêt noire. Les tropiques ont perdu 12,2 millions d'hectares de forêts en 2020, dont plus de 4 millions d'hectares de forêt vierge, et les pays riches sont largement responsables de cette hécatombe.

La pandémie n'a pas épargné les forêts tropicales, ces réservoirs de biodiversité qui abritent entre 50 et 90% des espèces terrestres. C'est le principal enseignement du rapport annuel Global Forest Watch du World Resources Institute qui paraît aujourd'hui. Au contraire, le rythme de la déforestation s'est encore accru de 12% par rapport à 2019, indiquent des données satellites.

Le Brésil est, de loin, le pays le plus touché avec une surface disparue (1,7 million d'hectares) trois fois supérieure à celle de la République démocratique du Congo. La destruction de la forêt n'a cessé d'y augmenter depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en 2019, note l'ONG. A l'inverse, l'Indonésie a réussi à réduire le rythme de sa déforestation de 17% par rapport à 2019, descendant ainsi du podium pour la première fois depuis le premier rapport de Global Forest Watch il y a vingt ans.

© Flickr / crustmania

Sans surprise, c'est la demande grandissante des pays riches en produits agricoles tels que le soja, l'huile de palme, le café ou le cacao qui tire le rythme de ces destructions. Une autre étude, publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution révèle ainsi que les pays du G7 font peser jusqu'à 99% de leur « empreinte déforestation » (c'est à dire le risque de déforestation engendré par leur consommation) sur des pays étrangers, dont la moitié dans les Tropiques. Parmi les pays riches, la France a le taux le plus élevé de déforestation par habitant, avec 21 mètres carrés en 2015, juste devant l'Allemagne et la Norvège.

Cette année, la Commission européenne proposera une loi pour proscrire la vente de produits liés à la déforestation. Mais l'ambition de ce texte dépendra du soutien des États membres - en particulier la France, qui présidera l'Union Européenne début 2022. Le WWF a lancé une pétition pour mettre la pression sur les négociations.

 Selon les données préliminaires enregistrées par Météo France, l'après-midi d'hier, mardi, fut la plus chaude jamais observée en mars (période 1947-2021) avec un indicateur de température maximal de 23,6 °C, battant les 23,2°C enregistrés le 30 mars 2017. - Météo France

Installée sur la colline du Mormont dans le pays Vaudois, la première zone à défendre (ZAD) de Suisse a été évacuée, mardi, par les forces de l'ordre. Quelque 200 écologistes, installé·e·s là depuis octobre 2020, protestent contre le projet d’extension d’une carrière de calcaire exploitée par le cimentier LafargeHolcim - Reporterre

La direction d'Air France veut négocier avec les syndicats un accord permettant la réduction des rémunérations pour compenser les effets de la crise sanitaire. Les dirigeant·e·s de la compagnie aérienne veulent intégrer la prime du 13ème mois dans le salaire de base afin qu'il soit concerné par le système de l'activité partielle et donc pris en charge, pour l'essentiel, par l’État. La direction cherche aussi à supprimer des jours de congés. Pour rappel, Air France a touché 7 milliards d'euros d'aides de l'Etat en 2020. – France Info

L'avion : un loisir de riches qui coûte cher à la planète

Avion à réactions. L'aviation civile, qui contribue à hauteur de 6% au réchauffement climatique, est majoritairement le fait des élites en vacances.

En novembre dernier, une étude de l’université suédoise de Linnaeus révélait qu'en 2018, seulement 1% de la population mondiale était responsable de la moitié des émissions de gaz à effet de serre liées à l’aviation, alors que 80% de l'humanité n'a jamais pris l'avion (Les Echos). Pendant que les avions sont cloués au sol, l'association britannique Possible fait le point sur le monde fabuleux des voyages en avion, tel qu'il se développait avant la crise.

Publié ce mercredi, le rapport de Possible, qui compile une centaines d'études et d'articles sur le sujet, complète la typologie des passagers. Pas tout à fait conforme au cliché du businessman en mission – qui représente tout de même 25% du trafic aérien – le passager d'avion se déplace avant tout pour des vacances ou visiter ses proches.

Cinq nationalités – britannique, étasunienne, chinoise, allemande et française - représentent un tiers des passagers. Les Français·e·s représentent ainsi 60 millions de vols, soit 4% du trafic.

Maho Beach sur l'île antillaise de Sint Maarten est célèbre pour son aéroport tout proche. © Flickr/ Aero Icarus

Si le déploiement des vols low cost a pu permettre de rendre l'avion accessible à une plus large part de la population des pays développés, la croissance du trafic reste essentiellement le fait des hauts revenus, souligne l'étude. En Grande-Bretagne par exemple, les 20% de la population les plus riches ont pris quatre fois plus l'avion que les 20% les plus pauvres entre 2012 et 2018.

Parmi les recommandations du rapport : l'instauration d'une « taxe grands voyageurs », qui pénaliserait seulement une petite partie de la population à l'empreinte carbone disproportionnée.

Les étudiant·e·s veulent mettre sans délai l'écologie aux programmes

Ecole buissonière. Plusieurs organisations étudiantes réclament que l'écologie figure dans tous les programmes, ainsi que le suggère un rapport commandé, puis mis de côté, par le ministère de l'enseignement supérieur. 

En février 2020, l'éminent climatologue Jean Jouzel était missionné par la ministre de l'enseignement supérieur, Frédérique Vidal, pour trouver comment mettre de l'écologie dans tous les programmes universitaires. Remis en juillet suivant, son rapport dresse un constat sévère : « la transition écologique n’est enseignée que de façon marginale, quand elle l’est ».

Les auteur·rice·s proposent un ambitieux plan de transformation sur cinq ans afin de parvenir à ce « que 100 % des apprenants [...] soient formés » à ces enjeux. Associant universitaires et étudiant·e·s, le groupe de travail a défini un corpus de connaissances sur l'écologie, fait l'inventaire de leviers de transformation des programmes, et propose une feuille de route à la ministre… pour une mise en pratique dès la rentrée 2020. Hélas, le ministère a laissé le document - et ses recommandations - prendre la poussière.

« Le rapport avait été pensé pour que des actions rapides soient lancées dès septembre.  […] Nous sommes très déçu·e·s.  » indique à Vert Pia Benguigui, présidente du Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable (REFEDD). Des organisations aussi différentes que l'UNEF, la FAGE ou la Conférence des Présidents d'Université sont parvenues à un accord sur les sujets cruciaux de l'écologie, c'est une vraie avancée ». Dans un communiqué commun, les organisations étudiantes exigent que les recommandations du rapport soient mises en œuvre sans délai.

En début d'année déjà, HEC réclamait une direction plus écolo (Vert). Signé par 32 000 étudiant·e·s, le manifeste Pour un réveil écologique plaidait, dès 2018, pour une intégration des enjeux environnementaux à l'ensemble des programmes du supérieur.

Une loi Climat : et après ?

Les député·e·s planchent depuis lundi sur le projet de loi « climat et résilience ». Plus qu'un texte unique voté pour plusieurs années, c'est toutes les lois qu’il faudrait examiner au regard de leur impact climatique, plaide le journaliste Olivier Gardette dans sa chronique « En transition » sur France Culture.

© France Culture

+ Tristan Saramon a contribué à ce numéro