Des « phytos » sur « Insta »


Pour contrer ses adversaires et continuer d'arroser de phytos ses terres, l'agriculture industrielle se cherche de nouveaux followers. 


Raoni dépose une plainte pour crimes contre l’humanité à l'encontre de Bolsonaro

Meurtres, accaparement de terres... Deux chefs indigènes – dont le célèbre Raoni - ont déposé une plainte pour crime contre l'humanité à l'encontre du président brésilien Jair Bolsonaro.

L'avocat Français William Bourdon a adressé, vendredi, une plainte à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye au nom du chef kayapo Raoni et de Almir Surui, à la tête des Paiter-Surui. Comme le rapporte le Monde, qui a eu accès au document, celui-ci accuse Jair Bolsonaro et son gouvernement de meurtres, d’extermination, de transferts forcés de population, de mise en esclavage et de persécutions commises contre les autochtones de l’Amazonie.

Raoni Metuktire (à droite) et son neveu Megaron Txucarramãe pendant le S.O.S. Amazônia Tour, en 2014 © Gert-Peter Bruch

« Jair Bolsonaro a pour projet politique de diminuer la surface des territoires autochtones afin d’étendre la superficie disponible pour l’exploitation agro-industrielle », et impose « des conditions de vie insupportables aux autochtones de certaines régions, afin de les forcer à se déplacer de territoires convoités par les agriculteurs » indique encore la plainte. 

Dès son arrivée au pouvoir, Bolsonaro a placé la démarcation des terres indigènes sous l'autorité du ministère de l'agriculture, dirigé par une championne de l'agrobusiness (20 Minutes). Depuis, il n'a eu de cesse de multiplier les harangues contre les peuples autochtones. Une politique qui a porté ses fruits : rien qu'en 2019, sept chefs indigènes ont été assassinés (Reporterre).

Publié la semaine dernière, un rapport de la Coalition solidarité Brésil révélait qu'entre 2018 et 2019, les violences commises à l'encontre des personnes autochtones avaient été multipliées par deux. Dans le même temps, les invasions de territoires indigènes ainsi que la déforestation, ont explosé (Vert). Plus d'informations dans le Monde (abonnés). 

• Le groupe Chéritel abandonne sa plainte pour diffamation contre la journaliste Inès LéraudDans une enquête, publiée en mars 2019 dans Bastamag, celle-ci avait mis au jour de nombreux abus chez ce grossiste de fruits et légumes. Jeudi dernier, Reporters sans frontières avait publié un communiqué pour dénoncer les pressions du lobby agro-industriel breton contre les journalistes. - 20 Minutes

• L'INPI a rejeté la requête du groupe Canal + à l’encontre de la marque « Run for Planet », comme l'a annoncé le collectif Notre planète à tous, le 20 janvier. Il pourrait s'agir de la fin du monopole sur la marque « planète » que tentait d'exercer le groupe Canal, en attaquant toutes celles et ceux qui voulaient utiliser ce mot commun (Vert). - Reporterre

480 000

C’est le nombre de personnes tuées lors d’événements météorologiques extrêmes au cours des 20 dernières années, d’après un rapport de l’ONG GermanWatch, publié lundi. Au total, le document fait état de plus de 11 000 événements ; qui ont principalement meurtri les pays les plus pauvres. Puerto Rico, la Birmanie et Haïti ont été les plus touchés. Tempêtes, inondations, canicules... Ces catastrophes sont vouées à se multiplier sous l'effet du bouleversement climatique. - Le Monde (AFP) 

La nouvelle parade des maires contre les pesticides

Habile, édile. Un maire de Loire-Atlantique a peut-être trouvé une manière détournée de protéger ses administré•e•s de l'exposition aux pesticides.

Depuis mai 2019, dans la foulée de Daniel Cueff, l'édile de Langouët (Ille-et-Vilaine), de nombreux maires de petites communes avaient signé des arrêtés pour interdire la pulvérisation de produits phytosanitaires à proximité d'écoles ou d'habitations. Un mouvement auquel le Conseil d'Etat vient de mettre un coup d'arrêt. Le 31 décembre, la plus haute juridiction administrative a décidé d'interdire la publication d'arrêtés antipesticides au motif que cette compétence revenait à l'Etat.

Mais un maire, celui de La Montagne (Loire-Atlantique) a peut-être trouvé une parade, comme le rapporte Actu-environnement. Dans un arrêté publié le 11 janvier, Fabien Gracia s'en est pris aux pesticides non pas en tant que tels mais au nom de la lutte contre les dépôts sauvages de déchets : « hors de la propriété à laquelle ils sont destinés » le rejet de pesticides « constitue un dépôt de déchets », indique le texte. 

« L'arrêté est fondé sur deux compétences indéniables de police municipale : le trouble de voisinage et le dépôt de déchets », explique à Actu-environnement Daniel Ibanez des Amis de la Terre, qui a oeuvré à la rédaction de ce texte. En occultant le débat sur la dangerosité ou l'innocuité des pesticides, ce type d'arrêté pourrait se révéler plus difficile à attaquer. A lire dans Actu-environnement (abonnés). 

Ce que Trump a défait, Biden devra le refaire

Une maille à l'envers, une maille à l'endroit. Donald Trump a passé quatre ans à détricoter toute réglementation environnementale ; le Washington Post refait le fil de tout ce que Joe Biden aura à retisser

Pendant quatre longues années, le New York Times a fait la chronique des retours en arrière de Trump sur l'écologie (florilège à lire dans Vert). Durant la campagne présidentielle, Biden avait promis de tout annuler. Le Washington Post a pris ce dernier au mot : dans un important dossier, le quotidien met en regard les détricotages de Trump et les mesures – annoncées ou mises en œuvre – par l'actuelle administration. 

Au total, le Washington Post comptabilise 207 actions à entreprendre. Pour l'heure, Biden a inversé la tendance pour 8 d'entre elles, et promis d'en faire autant pour 60 de plus. 139 mesures ne sont pas encore « ciblées » par l'actuel président. 

« Forages et extraction » ;« vie sauvage » ;« infrastructures » ; Ces mesures sont classées par thème et par niveau de difficulté (Facile, moyen ou difficile). Sur la pollution de l'air et les émissions de gaz à effet de serre, par exemple, un seul point a été rétabli : Biden a signé le retour des Etats-Unis dans l'Accord de Paris. Plus que 63 mesures à prendre sur ce seul thème. Chiche ? A lire dans le Washington Post (anglais). 

Quand les lobbies agricoles débarquent sur Insta

« J'ai reçu un message inattendu. Deux agriculteurs avaient besoin de mon aide pour partager un message »Sur son compte Instagram, l'influenceur Johan Papz a récemment publié une vidéo dans laquelle il se rend au chevet de maraîchers à qui « on veut […] interdire un produit qu'ils utilisent contre une mauvaise herbe qui détruit tous leurs légumes. » Le « produit » en question, c'est le Bonalan, un herbicide que la Commission européenne songe à interdire en raison de sa dangerosité. Problème, détaillé dans un fil Twitter par le journaliste Hugo Clément, tout était cousu de fil blanc : « cette vidéo n'est pas un reportage désintéressé, mais un partenariat rémunéré, financé par Interfel [lobby des producteurs de fruits et légumes - Ndlr] et produit par une agence belge ». Ce qu'avait opportunément oublié d'indiquer son auteur. À voir, cette compilation parfaite des arguments fallacieux des lobbies agro-industriels. 

© Johan Papz