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D’engrais ou de force

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Pour préparer les agriculteurs au chaos climatique, le gouvernement appuie sur le frein écologique. 


Nouvelle la loi agricole : ces trois articles qui font bondir les défenseurs de l’environnement

Ça champ pas bon. Assurer le renouvellement des générations et la souveraineté alimentaire. Adapter le secteur agricole au réchauffement. C’est l’objectif de la loi soumise au vote à l’Assemblée nationale ce mardi. Les associations écologistes s’inquiètent d’une absence de cap et de plusieurs reculs significatifs. Vert fait le point.

Composé de 20 articles, ce texte, promis par Emmanuel Macron depuis 2022, a été modifié après la gronde de l’hiver 2023 (notre article) en suivant un mot d’ordre : simplification. Moins de contrôles, moins de normes, moins de paperasses pour alléger le laborieux quotidien des 416 000 exploitations agricoles françaises.

Pour les associations de défense de l’environnement consultées par Vert, c’est surtout la préservation des écosystèmes qui fait les frais de cette simplification. Trois articles de la loi provoquent en particulier l’inquiétude.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, le 22 mai 2024 lors de l’examen de la loi agricole à l’Assemblée nationale. © Amaury Cornu / Hans Lucas / AFP

Article 9 : l’occasion manquée des «diagnostics climatiques»

C’était l’une des innovations du texte : la mise en place d’un diagnostic pour permettre aux nouveaux agriculteurs de tester la viabilité de leur projet au regard des défis du changement climatique. Après examen à l’Assemblée début mai, la mesure a perdu de sa substance, regrette auprès de Vert Marion Vigneau, du Collectif Nourrir qui regroupe 54 organisations nationales agissant en faveur de la transition agricole et alimentaire : «Rien dans le projet de loi ne précise si cet outil est obligatoire ou conditionne l’attribution de certaines aides publiques. L’État va-t-il le prendre en charge ? On n’en sait rien non plus. On peut donc s’attendre à ce qu'il y ait seulement 5 à 10% des agriculteurs qui s'en saisissent».

👉 Cliquez ici pour découvrir les deux autres articles problématiques de ce projet de loi, décryptés par Jennifer Gallé. 

· Plus de 2 000 personnes pourraient avoir péri dans un gigantesque glissement de terrain ayant eu lieu vendredi dans la province isolée d’Enga en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’éboulement a enseveli un village entier en pleine nuit, laissant peu d’espoir de retrouver des survivant·es. Près de 8 000 personnes ont été évacuées depuis ce week-end dans la crainte d’un nouveau glissement de terrain. - Le Monde (AFP)

· Lundi, le comité des Champs-Élysées, une association qui regroupe l’ensemble des acteurs de l’avenue, a rendu les conclusions d’une étude de 1 800 pages visant à «réenchanter» la célèbre voie parisienne. Près de 200 expert·es ont travaillé sur 150 propositions qui visent notamment à accorder davantage de place aux piéton·nes, développer de nouveaux espaces verts et à réduire les voies de circulation pour revitaliser les lieux. La Ville de Paris a promis d’étudier le dossier avec intérêt. - Le Parisien (abonné·es)

· Ce mardi, le Réseau action climat (RAC) qui réunit près de 30 associations écologistes, a publié un comparatif des programmes des huit principales listes candidates aux élections européennes en matière de climat et de biodiversité. Les programmes considérés comme les plus ambitieux sont ceux des Écologistes, de la France insoumise et du PS/Place publique. La liste Renaissance apparaît lacunaire et celle des Républicains est jugée contradictoire tandis que les programmes du Rassemblement national et Reconquête cherchent à détricoter les acquis environnementaux.

© Réseau action climat

«Ce n’est certainement pas avec cette écologie de la punition, de l’interdiction, de la réglementation qu’on va y arriver […]. Tout ça pour quoi ? Pour faire payer aujourd’hui le pays qui produit 1% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.»

- Marion Maréchal

«L’Europe est-elle trop verte ?» C’est par ces mots que fut introduite, ce lundi soir sur BFM TV et RMC, la discussion entre les huit principales têtes de liste aux élections européennes consacrée aux sujets environnementaux. Au cœur du débat : la fin de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035 que le Rassemblement national, Reconquête, Les Républicains et même le Parti communiste ont voulu repousser, voire tout simplement balayer. La séquence la plus lunaire est venue de Marion Maréchal (Reconquête) qui s’est lancée dans un bingo du climatorassurisme. Elle a notamment devisé que «La France, c’est que 1% des émissions» (notre décryptage), «ce ne sont pas les Français qui sont responsables, c’est la Chine», et fustigé les véhicules électriques qui exploitent «40 000 enfants dans les mines de cobalt». Et tout ça au nom de «la science», piétinée par l’extrême droite pendant toute la durée du débat.

«Biopiraterie»

Pirate d’en finir. C’est l’aboutissement de deux décennies de négociations : vendredi dernier, 190 pays se sont entendus sur un traité pour lutter contre la «biopiraterie». Ce terme désigne le fait, pour des organismes de recherche ou des entreprises, de s’approprier illégitimement des ressources de la biodiversité et des connaissances des peuples autochtones, les dépôts de brevets permettant d’obtenir un monopole d’exploitation sur certaines molécules issues, par exemple, de végétaux utilisés par les populations locales. La bataille de 2015 autour de la stevia, cette plante d’Amazonie connue des Amérindiens du Brésil et du Paraguay depuis des siècles pour ses propriétés édulcorantes, aujourd’hui largement utilisée dans l’agroalimentaire, est emblématique des scandales de la biopiraterie mondiale. Le traité indique que les déposants de brevets devront désormais indiquer les origines des ressources génétiques et des savoirs traditionnels utilisés dans leurs inventions, ce qui pourrait donner lieu à un partage plus équitable des bénéfices.

Quand la mer devient une poubelle militaire

Marée crasse. Où sont situées les centaines de tonnes d’armes déversées en mer durant le XXème siècle et tous ces autres déchets militaires abandonnés qui polluent les eaux ? C’est la question à laquelle répond le nouvel et dernier épisode de l’excellente série «Vert de rage» diffusé sur France 5 (en replay ici) en cartographiant ce lourd héritage le long et au large des côtes françaises.

© France télévisions

+  Loup Espargilière, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.