La quotidienne

Débats qui se perdent

Chères toutes et chers tous,

🗣️ Le 4 juin à 19 heures, Makesense organise une soirée pour s’y retrouver dans les élections européennes, à la Gaieté Lyrique, à Paris. Au programme : décryptage des programmes des candidat·es par le Réseau action climat et Singa, séance photo avec Mary-Lou Mauricio et surprises à gogo. Infos et inscriptions juste là.


Le débat politique se transforme parfois en une parodie, au mépris des électeurs et de la démocratie.


«Rien ne justifie que le service public mette en scène le débat entre Attal et Bardella»

C’était «l’événement» tant attendu : hier soir, Jordan Bardella et Gabriel Attal ont livré la joute que les aficionados de popol espéraient tant. Les amateurs de démocratie, eux, en restent bouche bée.

Car c’est seulement après une heure et trente minutes de pugilat, vaguement modéré par une seule journaliste entre le vainqueur des sondages et un Premier ministre qui n’est même pas candidat, que quatre autres têtes de listes ont pu se rendre sur le plateau de France 2. 

Non seulement elles et ils n’ont pas pu se mesurer à leurs rivaux, mais les suivant·es se sont retrouvé·es face à un véritable tribunal, composé de trois journalistes et d’un sondeur. 

Jordan Bardella et Gabriel Attal lors du débat. © Capture d’écran France Télévisions

Un deux poids-deux mesures sidérant à deux semaines d’une élection majeure, notamment sur les questions sociales et environnementales.

Ce qui s’est passé hier soir, c’est François-Xavier Bellamy, tête de liste LR, qui en a le mieux parlé. Lui qui a «hésité à venir», y a vu «le signe d’une crise démocratique assez profonde, qui se révèle dans la mise en scène à laquelle nous avons assisté. Qu’est-ce qui permet d’organiser la confrontation entre ces deux personnes ?», a-t-il demandé à la journaliste et maîtresse de cérémonie Caroline Roux, qui l’a accusé de «faire un happening».

«Si on regardait les intentions de vote, il aurait fallu inviter au moins Raphaël Glucksmann», le candidat socialiste qui se hisse pour l’heure sur le podium des sondeurs, a plaidé son rival de droite. «Rien ne justifie que le service public mette en scène ce débat», a-t-il enfin asséné.

En rejouant ad nauseam le match de 2017, la télévision publique continue de fabriquer un marchepied XXL à l’extrême droite. Jordan Bardella aura eu beau livrer une prestation pathétique, sa seule présence dans un tel dispositif légitime sa figure et ses idées. Les pires qui soient pour le climat et les humains.

👉 Cliquez ici pour (re)lire et partager cet édito de Loup Espargilière.

· Jeudi, six associations de défense de la nature ont révélé que le nombre de loups présents sur le territoire français était en recul de 9% en un an, avec 1 003 individus identifiés en 2023, contre 1 096 en 2022. Pour les ONG, ce chiffre indique que l’espèce «n’est pas en bon état de conservation» en France, alors que le gouvernement propose un déclassement du statut de protection de l’animal. - Le Parisien

· La moitié des enfants scolarisés au Pakistan (26 millions d’élèves) ne pourront pas se rendre à l’école jusqu’à la fin du mois de mai en raison de la canicule qui frappe le pays, a indiqué l’ONG Save the Children ce jeudi. L’Unicef a de son côté appelé à la vigilance pour toute l’Asie du Sud où 460 millions d’enfants subissent à des températures supérieures à 35 degrés au moins 83 jours par an. En début de semaine, il faisait 47,8°C dans la banlieue de Delhi, la capitale indienne. - Le Monde

© Justine Prados/Vert

Ce vendredi matin, des grimpeur·ses de Greenpeace ont déployé une grande banderole sur la façade du centre commercial Cnit, à La Défense (Hauts-de-Seine), pour critiquer la stratégie de TotalEnergies en matière de lutte contre le changement climatique et la complaisance de l’État. En deuxième partie de matinée, plusieurs centaines de militants d’XR se sont mobilisés devant le siège d’Amundi (Paris, 15ème), principal actionnaire de Total. Certains ont pénétré dans le bâtiment, tandis qu’une grande fanfare et des installations artistiques se sont déployées sur le parvis. Ce vendredi après-midi, la compagnie pétrolière organise sa 100ème assemblée générale dans son siège de La Défense. De nombreuses organisations ont prévu de se mobiliser contre la major française. Vert est sur place toute la journée ; récit dès demain dans l’hebdo et lundi dans la quotidienne. 

Des manifestant·es devant le siège d’Amundi (Paris, 15ème). © Alexandre Carré/Vert

Sous le feu des projecteurs, pourquoi Seb continue-t-il d’utiliser des «polluants éternels» dans ses poêles ?

Pfas à face. Malgré les polémiques, Seb multiplie les contrefeux médiatiques et continue d’affirmer que ses revêtements antiadhésifs sont «sûrs». Pourquoi continue-t-il d’utiliser des «polluants éternels», alors qu’il sait employer d’autres matériaux inoffensifs, comme l’inox ? Vert s’est invité à l’assemblée générale des actionnaires de Seb pour poser la question à sa direction.

«Nos revêtements antiadhésifs sont reconnus comme étant sûrs», pouvait-on lire ce mois-ci sur les arrêts de bus de grandes villes, comme à Paris ou Lyon. L’industriel Seb (propriétaire de la marque Tefal) ne lésine pas sur la communication pour rassurer les consommateurs sur le revêtement de ses poêles fabriquées à partir de PFAS (les substances per- et polyfluoroalkylées).

Lors de l’assemblée générale de Seb, le 23 mai 2024 à Paris. © Geoffroy Van der Hasselt/AFP 

Qualifiés de «polluants éternels» en raison de leur très longue persistance, les PFAS forment une famille de plusieurs milliers de molécules qui ont des effets nocifs sur l’environnement et la santé humaine (cancers du rein et des testicules, maladies thyroïdiennes, problèmes de fertilité…).

Seb sait pourtant fabriquer des poêles sans PFAS

Depuis la fin mars, le groupe Seb est sous le feu des projecteurs. Une proposition de loi portée par l’écologiste Nicolas Thierry prévoyait d’interdire l’usage de ces PFAS dans les ustensiles de cuisine. À quelques jours du vote en première lecture à l’Assemblée nationale, un documentaire de l’activiste Camille Etienne a enfoncé le clou. Poursuivant le travail du Monde, elle expliquait que le fabricant de casseroles se servait d’Adona (un PFAS) dans son revêtement de poêle en PTFE (le fameux Teflon), après avoir utilisé pendant longtemps le PFOA (désormais interdit après avoir été jugé cancérigène par l’OMS). Le PTFE, qui forme ce revêtement noir sur la poêle, est aussi un «polluant éternel», concerné par le projet de restriction européen des PFAS.

Ni une, ni deux, la direction de Seb s’est rendue devant l’Assemblée nationale le 3 avril, avec plusieurs centaines de salarié·es, arguant que le vote de cette loi menaçait 3 000 emplois en France. Une stratégie payante : les ustensiles de cuisine ont été exclus du texte voté à l’Assemblée, qui revient au Sénat la semaine prochaine. Mais depuis, les poêles Tefal restent associées aux PFAS.

👉 Cliquez ici pour lire ce décryptage d’Hugo Coignard dans son intégralité.

Queer par nature

Certaines personnes pensent encore que la non-binarité, la transidentité ou encore l’homosexualité sont «contre-nature». Dommage, car la nature est foisonnante de créativité quand il s’agit de fluidité des genres ! C’est ce que nous révèle Ophélie «Ta mère Nature» Damblé dans sa nouvelle chronique pour Vert.

© Vert

+ Alexandre Carré, Hugo Coignard, Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Justine Prados ont contribué à ce numéro.