Tant qu'ils continueront leurs grises politiques, les Etats nous forceront à broyer du noir.

Cinq ans après l'Accord de Paris, le monde sur la mauvaise pente
Et 1, et 2, et 3 degrés ! A l'avant-veille du cinquième anniversaire de l'Accord de Paris, les politiques climatiques sont largement hors des clous, alertent les Nations unies dans un important rapport paru mercredi.
En 2015, les Etats du monde entier s'étaient promis d'accomplir les efforts permettant de contenir le réchauffement climatique « bien en-deçà de 2°C », voire à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Cinq ans après, le constat du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) est sans appel : les politiques actuelles nous mènent vers un réchauffement catastrophique de +3 ou +4°C d'ici la fin du siècle.
En 2019, note le rapport, les émissions mondiales se sont montées à 59 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 ou équivalent : un record. Ce chiffre est en hausse de 2,6% en un an à cause, notamment, de la multiplication des feux de forêt. Depuis 2010, les émissions croissent de 1,4% en moyenne alors qu'il faudrait les faire baisser rapidement.
Les engagements individuels pris en 2015 par les Etats (ou « contributions déterminées au niveau national » – CDN) ne suffiront pas à rester sous 2°C. Pis, indique le PNUE, la majorité des pays ne respectent pas les objectifs qu'ils se sont eux-même fixés. Ceux-ci devaient présenter de nouvelles CDN plus ambitieuses lors de la COP26 de novembre 2020, repoussée à l'année prochaine.

Les mesures de confinement prises en réponse à la pandémie de Covid-19 devraient faire chuter la génération de CO2 de l'ordre de 7% en 2020, avant de repartir à la hausse en 2021. Comme beaucoup d'autres, les auteur•rice•s de ce rapport insistent sur le fait que les plans de relance (qui représenteront 12% du PIB mondial en 2020) peuvent inverser la tendance. Sous réserve que les financements soient attribués en priorité aux secteurs les moins émetteurs de CO2, comme les énergies renouvelables.
Le rapport préconise de lutter contre les inégalités : d'ici 2030, les 1% les plus riches devraient diviser par 30 leurs émissions quand les 50% les plus pauvres pourraient multiplier par trois les leurs. Enfin, prévient le PNUE : seul un changement de nos modes de vie permettra de contenir le réchauffement à un niveau supportable.

• « A la limite du sabotage » ; parmi les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), certain•e•s ont mal vécu les arbitrages présentés en début de semaine par le gouvernement au sujet de sa future loi climat. Celle-ci doit, en principe, reprendre 40% des quelque 150 propositions faites au printemps par la CCC. Mais les citoyen•ne•s dénoncent le « moins-disant » du gouvernement et son absence de concertation. Florilège de réactions sur le site France info.
• Plastique, métal, béton… La masse des objets créés par les humains dépasse désormais celle de l’ensemble du vivant - animaux et végétaux, d’après une étude, publiée mercredi dans Nature. Soit plus de 1,1 tératonne (mille milliards de tonnes). En moyenne, chacun•e génère l’équivalent de son poids en matériaux divers chaque semaine. - The Guardian (anglais)

Quelle ambition climatique pour l'Union européenne ?
Faites ce que je dis, ET ce que je fais ? Jeudi et vendredi, les chef•fe•s d'Etat et de gouvernements européens se réunissent à Bruxelles pour convenir d'un nouvel objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Pour l'heure, l'Union européenne (UE) s'est donnée pour but d'atteindre une baisse de 40% de ses émissions d'ici 2030. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen plaide désormais pour une réduction de -55% (Vert) ; début octobre, le Parlement européen s'est prononcé pour un objectif de -60%.

Réunis en conseil européen, les dirigeant•e•s des 27 devront se mettre d'accord sur l'ampleur des efforts à fournir au niveau continental. Si l'objectif de -55% pourrait convenir au plus grand nombre, que diront les pays les plus dépendants aux énergies fossiles et rétifs au changement, comme la République Tchèque ou la Pologne ?
Par ailleurs, à la signature de l'Accord de Paris en 2015, l'UE avait promis d'accroître ses efforts en présentant, cinq ans plus tard, des objectifs revus à la hausse. Comme toutes les parties de l'Accord, l'Union devait faire parvenir sa propre contribution déterminée au niveau national (CDN) cet automne au moment de la COP26.
En creux, note 20 Minutes, se pose la question du leadership : l'Europe est-elle prête à accroître ses efforts pour avoir son mot à dire sur la diplomatie climatique, alors que la Chine, pour ne citer qu'elle, s'est récemment promise d'atteindre la neutralité carbone en 2060 ? Plus d'informations dans 20 Minutes.

Changer de boulot
Au revoir, au revoir, président. Le Shift project lance une plateforme pour permettre à chacun•e de quitter sa boîte pour une entreprise engagée dans la transition écologique.
L'éco-anxiété et le sentiment d'impuissance naissent quand l'écart devient trop grand entre les convictions personnelles et la vie professionnelle. Pour soigner ce « blues de l'emploi fossile », ainsi que le nomme l'ingénieur Jean-Marc Jancovici, son think tank Shift project a créé Shift your job : un site qui répertorie des centaines d'entreprises concourant à améliorer la situation climatique.
Celles-ci sont classées par secteur : Energie, construction, finance, formation, etc. On y trouve aussi bien des entreprises oeuvrant activement à la réduction ou à la compensation des émissions de CO2, ou d'autres qui s'emploient à informer le grand public. Les bénévoles s'assurent que chacune d'entre elles s'inscrive dans une trajectoire crédible de transition limitant le réchauffement à moins de 2°C, promet le site.
De quoi donner des idées pour changer de secteur ou de métier, « tout en faisant preuve d'esprit critique » : Shift your job ne veut pas être considéré comme une liste de bons élèves, et les organisations n'ont pas été auditées, précise le guide d'utilisation du site.

Eco-anxieux mais pas conso-gourmand
Thomas VDB a trouvé, lui aussi, qu'il avait fait chaud, ce mois de novembre. De quoi se faire traiter d'« éco-anxieux » par ses amis. Dans sa dernière chronique sur France Inter, l'humoriste ironise sur ce terme et surtout, ceux qui l'emploient. Et pourquoi pas extinction-chiffon, tant qu'on y est ?
