La quotidienne

Chavires marchands

Un numéro où l'on verra que les cargos de la mondialisation charrient avec eux destruction et pollution.


Le Sri Lanka en proie à la pire pollution de son histoire

Le plastique c'est dramatique. Un porte-conteneurs en feu déverse ses cargaisons toxiques sur les plages de Colombo au Sri Lanka.

Le MV X-Press Pearl arrivait du Gujarat, en Inde, lorsqu'un incendie s'est déclaré à bord le 20 mai dernier, à quelques kilomètres de la capitale srilankaise. L'incendie, toujours en cours, a détruit l'essentiel de sa cargaison, qui incluait notamment 25 tonnes d'acide nitrique, de la soude caustique, des lubrifiants et d'autres produits chimiques. Mais aussi des millions de granulés de polyéthylène destinés à l'industrie de l'emballage et qui se déversent aujourd'hui sur les plages à 80 kilomètres à la ronde. La maîtrise de l'incendie a toutefois permis d'éviter que le cargo ne relâche en mer son combustible : 278 tonnes de fioul et cinquante tonnes de gazole marin.

 

© France 24

Les militaires et les volontaires se relaient aujourd'hui pour tenter de débarrasser les plages de l'épaisse soupe grisâtre qui s'accumule sans cesse. La zone est constituée d'écosystèmes fragiles de mangroves et de lagons et toute la biodiversité locale est menacée. Déjà, l'Autorité srilankaise de protection de l'environnement marin (MEPA) a qualifié l’événement de "pollution probablement la plus importante de l’histoire" du pays et les conséquences pourraient durer une dizaine d'années, préviennent les scientifiques.

Les autorités ont annoncé dimanche qu'elles allaient attaquer en justice X-Press Feeders, le propriétaire du bateau immatriculé à Singapour ; ainsi que les membres de l'équipage et la compagnie d'assurance. 

• Jeudi, le président Brésilien Jair Bolsonaro a promis aux représentant·e·s des communautés amazoniennes Yanomani de faire cesser toute exploitation minière sur leurs territoires. Depuis plusieurs semaines, ces communautés installées au nord de l'Amazonie brésilienne subissent les attaques de mineurs illégaux, ce qui a conduit la cour suprême du Brésil à ordonner au gouvernement de prendre les « mesures nécessaires » pour les protéger. Les mines illégales ont augmenté de 30% l'an dernier, dévastant l'équivalent de 500 terrains de football, selon un rapport d'une association yanomani consulté par l'AFP. – Le Monde (AFP)

• Vendredi, les actionnaires de Total ont validé le changement de nom (TotalEnergies) et de logo de l'entreprise, censé représenter la transition du groupe vers les énergies non fossiles. Ils et elles ont également voté le plan climat de l'entreprise prévoyant une baisse des émissions directes de CO2 de 40 % d'ici 2030 (par rapport à 2015) et une baisse des ventes de produits pétroliers pour atteindre 35 % des ventes en 2030 contre 55 % en 2019. Une stratégie loin de satisfaire aux exigences de l'Accord de Paris, comme l'avaient pointé de nombreuses associations environnementales. – Vert

La hausse des températures risque d'atteindre +1,5°C d'ici 2025

A prendre au premier degré. Le seuil fatidique de +1,5 °C, inscrit dans l’Accord de Paris pour le climat, a 40% de risques d'être dépassé au cours des cinq prochaines années, annonce l’ONU.

L'organisation météorologique mondiale (OMM), dépendante de l'ONU, a publié jeudi une mise à jour des prévisions annuelles à décennales du climat mondial (global annual to decadal climate update) dans laquelle elle anticipe avec une précision quasi clinique les chiffres du réchauffement climatique. Ainsi, la hausse générale des températures – calculée par rapport aux moyennes constatées en 1850-1900 – atteindra « probablement » au moins 1°C et sera « très probablement » entre 0,9 et 1,8°C au cours des cinq prochaines années. D'autre part, la probabilité que le record absolu de chaleur constaté en 2016 soit battu est de 90%.

Si le seuil de 1,5°C a presque une chance sur deux (40%) d'être franchi au cours de l'une des cinq prochaines années, il y a en revanche 10% de chance seulement que cela soit le cas cinq années d'affilée, précise l'organisation. Mais « ce sont plus que de simples statistiques », a précisé le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, dans un communiqué. « La hausse des températures, c'est plus de fonte des glaces, une plus grande élévation du niveau des mers, plus de vagues de chaleur et d’événements climatiques extrêmes, plus d'impacts sur la sécurité alimentaire, la santé et l'environnement ».

 

Même une hausse minime des températures a des conséquences importantes pour l’écosystème mondial. © AFP

En décembre 2015, l'ensemble des pays du globe se sont entendus pour « contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, en poursuivant l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5°C ». A l'époque le seuil de 1,5°C avait été reconnu comme une nécessité pour la survie des États insulaires déjà très exposés aux submersions marines (Novethic). 

Greenpeace bloque un entrepôt de soja pour dénoncer la déforestation importée

Nourritures funestes. L'ONG bloque depuis ce matin un entrepôt de soja dans le port de Saint-Nazaire (Loire Atlantique) pour dénoncer la déforestation importée et l'inaction coupable du gouvernement.

La cible des dix activistes de Greenpeace n'a pas été choisie au hasard puisque le port de Saint-Nazaire est le premier port d'importation de soja en France, principalement originaire du Brésil. Or, l'Hexagone importe ces marchandises « sans aucune garantie ou traçabilité suffisante » alors que « la culture du soja est l’une des causes majeures de la déforestation et de la destruction d’écosystèmes précieux en Amérique latine », rappelle Greenpeace dans un communiqué.

Les activistes dénoncent en particulier l'inefficacité de la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) adoptée en 2018. « Sa mise en œuvre est un échec car le gouvernement refuse de prendre des mesures juridiquement contraignantes et préfère miser, en dépit des leçons tirées ces dernières années, sur le bon-vouloir des entreprises », précise Greenpeace.

Les activistes se sont enchaîné·es aux grilles de l'entrepôt et bloqué le tapis roulant sur lequel sont acheminées les cargaisons. © Sidney Léa Le Bour / Greenpeace

Selon les douanes françaises, entre soixante et soixante-dix cargos chargés de soja accostent en France chaque année. Cela représente en 2019, 3,8 millions de tonnes de marchandises, dont 2,1 millions de tonnes viennent du Brésil. Environ 90% de ces importations sont destinées à l'alimentation animale, sous forme de tourteaux de soja. Et bien que ces importations aient diminué au cours des vingt dernières années grâce au développement d'alternatives nationales, les importations de tourteaux sont reparties en hausse de 9% en 2019,

Parallèlement, la déforestation en Amazonie brésilienne atteint sans cesse de nouveaux records. En 2019, 3,9 millions d'hectares ont été perdus, soit près de quatre fois plus qu'en 2017 et 2018 et une étude vient de démontrer que l'Amazonie Brésilienne émet désormais plus de carbone qu'elle n'en absorbe (Vert). 

La pollution lumineuse éteindra-t-elle les étoiles ?

Fruste ciel ! Plus de 80 % de la population mondiale est privée du spectacle merveilleux d'une nuit noire et étoilée. Aujourd'hui, c'est l'éclairage public de plus en intense qui cause la majorité des nuisances mais de nouveaux projets, venus du ciel cette fois, pourraient aggraver encore la situation. Une vidéo signée Futura.

© Futura