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Climat : Total veut changer de nom, mais pas de stratégie

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Fos­sile à dire. Le géant pétro-gazier souhaite se rebap­tis­er TotalÉn­er­gies pour met­tre en avant sa diver­si­fi­ca­tion dans les éner­gies renou­ve­lables. Une grossière opéra­tion de green­wash­ing.

Ven­dre­di, lors de son Assem­blée générale annuelle, le groupe Total pro­posera à ses action­naires de valid­er son nou­veau nom ain­si qu’une stratégie pour réduire ses émis­sions de CO2 à l’hori­zon 2030. « Total­En­er­gies ancr­era notre stratégie de trans­for­ma­tion en un groupe mul­ti-éner­gies », explique son PDG Patrick Pouyan­né dans une vidéo pro­mo­tion­nelle. Quoique bien léché, le plan comm’ ne résiste pour­tant pas aux décryptages des asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales. 

Oxfam rap­pelle qu’à ce jour, pour une unité d’électricité pro­duite à par­tir de renou­ve­lables, Total pro­duit 447 unités d’hydrocarbures. En 2018, le groupe n’a dédié qu’1,9% de ses investisse­ments bruts totaux aux renou­ve­lables. A l’in­verse, le groupe con­sacre plus d’un tiers de son bud­get com­mu­ni­ca­tion à verdir son image de mar­que.

Les évo­lu­tions promis­es dans son plan cli­mat sont loin d’être com­pat­i­bles avec une tra­jec­toire de réchauf­fe­ment lim­itée à 1,5°C. En effet, près de 80% des investisse­ments entre 2026 et 2030 res­teront alloués aux éner­gies fos­siles et l’en­tre­prise n’a aucune­ment prévu de renon­cer à ses pro­jets, y com­pris dans des écosys­tèmes frag­iles comme l’Arctique, ou la région des grands lacs d’Afrique de l’Est, explique la direc­trice de l’ONG Reclaim Finance, Lucie Pin­son, dans une tri­bune au Monde.

Résul­tat : l’en­tre­prise pro­duira en 2030 deux fois plus d’én­er­gies fos­siles que ce que recom­mande le GIEC (groupe­ment inter­gou­verne­men­tal d’ex­perts pour le cli­mat), rap­pelle Oxfam. Les experts jugent en effet néces­saire que la pro­duc­tion brute d’énergies fos­siles dimin­ue de 87% et 74% respec­tive­ment pour le pét­role et le gaz d’ici 2050, par rap­port à 2010. Or, dans le scé­nario retenu par Total, la pro­duc­tion mon­di­ale de gaz aug­mente de 30% d’ici à 2050 et la pro­duc­tion de pét­role ne dimin­ue que de 43%.