La quotidienne

C’est un Sultan

Chères toutes et chers tous,

Vous avez loupé le coche pendant la première semaine de janvier ? Il n’est pas trop tard pour se lancer dans le « Sober january » (« janvier sobre »), un challenge lancé par le réseau Makesense et le jeu Ma petite planète pour faire preuve de sobriété au quotidien. Plus d’informations sur ce « calendrier de l’après » sur notre article ou sur le site du défi. Alors, on s’y met ?


Prière de ne pas rire : à la COP28, un pétrolier devra faire respecter l’accord de Paris.


Qui est Sultan Al Jaber, le pétrolier des Émirats arabes unis pressenti pour présider la COP28 sur le climat ?

Sultan Al Jaber est à la fois ministre, envoyé spécial à l’ONU pour le climat et PDG d’une compagnie pétrolière. Une triple casquette qui soulève de nombreuses critiques, alors qu’Abu Dhabi présente son poulain comme un réformateur pragmatique.

La nouvelle de sa probable nomination comme président de la 28ème conférence des Nations unies (COP28) sur le climat, qui se tiendra en novembre à Dubaï (Émirats arabes unis), a fait le tour du monde. Pompier pyromane, ultra-pollueur, lobbyiste infiltré…. Les noms d’oiseau fusent contre Sultan Al aber, l’actuel ministre émirati de l’Industrie, qui est aussi PDG de la compagnie nationale pétrolière Abu Dhabi national oil company (ADNOC). C’est le Conseil mondial des communications stratégiques (GSCC), un réseau de professionnels du climat, qui a révélé l’information début janvier, sans que celle-ci soit confirmée officiellement par Abu Dhabi.

De prime abord, la nomination d’un pétrolier à ce poste a de quoi surprendre. Pas aux Émirats, où Al Jaber était pressenti de longue date comme le prochain chef du grand orchestre des négociations climatiques. En quelques années, cet investisseur est devenu une figure incontournable des délégations émiraties à la COP. Mais qu’il soit feint ou sincère, l’engagement d’Al Jaber pour le climat est jugé insuffisant par de nombreux observateurs, et sa potentielle nomination fait déjà polémique. Au grand dam d’Abu Dhabi, qui voit sa vaste stratégie de communication autour de la COP28 s’enliser.

Sultan Al Jaber (à gauche) et Patrick Pouyanné (à droite), ont scellé un accord entre l’ADNOC et TotalEnergies visant à développement la production de gaz et de pétrole aux Emirats arabes unis ainsi qu’un projet de capture de CO2, lors de la visite à Paris du président émirati Mohamed bin Zayed Al Nahyan en juillet 2022. © Christophe Petit-Tesson/AFP

Al Jaber s’est fait connaitre en 2006 en fondant Masdar, un groupe d’investissement dans les énergies renouvelables. Celui-ci, dont l’ADNOC est actionnaire, est étroitement lié à l’État. Tout comme Al Jaber, aujourd’hui ministre de l’industrie après avoir occupé diverses fonctions au sein du gouvernement. Un pied dans l’industrie pétrolière, l’autre dans le renouvelable, Al Jaber incarne parfaitement la stratégie climatique d’Abu Dhabi, qui investit massivement dans les énergies renouvelables à travers le monde tout en continuant d’exploiter son brut, qui fournit plus de la moitié des revenus du pays.

Pour en savoir plus sur ce candidat controversé et sur la stratégie d’influence des Émirats arabes unis avant la COP28, retrouvez l'enquête de Lyse Mauvais en intégralité sur vert.eco

· Lundi, lors de la Conférence internationale des donateurs à Genève, le Pakistan a obtenu neuf milliards de dollars d’aides (dont 360 millions de la France) pour se reconstruire après les inondations dévastatrices qui ont plongé un tiers du pays sous l’eau et causé la mort de 1 700 personnes cet été. Des financements accordés sous forme de prêts et de dons, qui représentent la moitié des besoins estimés du pays (16,3 milliards de dollars). - France info (AFP)

· Ce mardi, le projet de loi sur les énergies renouvelables du gouvernement est discuté à l’Assemblée nationale. Il doit permettre de déployer massivement l’éolien et le solaire en France, alors qu’avec 19,3% de la consommation finale d’énergie provenant des renouvelables, le pays est le seul à ne pas avoir atteint l’objectif de l’Union européenne - qui s’élevait à 23% en 2020 pour l’Hexagone. - Ouest-France

« Couche d’ozone »

Ça vous en bouche un trou. La couche d’ozone, endommagée dans les années 1980, est « en bonne voie » pour se reconstituer dans les 40 ans à venir, a révélé un rapport d’expert·es publié lundi sous l’égide des Nations unies. Le célèbre « trou de la couche d’ozone », situé au-dessus de l’Antarctique, a été creusé dans les années 1980 par l’usage massif de chlorofluorocarbures (CFC) dans les réfrigérateurs, climatiseurs et aérosols et leur relargage dans l'atmosphère. Grâce au Protocole de Montréal, signé en 1987 et actuellement ratifié par 198 pays, près de 99% des substances qui détruisaient l’ozone ont été éliminés de l’atmosphère. La diminution des substances dangereuses pour la couche d’ozone a aussi permis d’éviter un réchauffement climatique de 0,5 à 1 degré d’ici à 2050, par rapport à un scénario où ces substances n’auraient pas été contrôlées. Si les efforts actuels restent en place, la couche d’ozone devrait retrouver son état de 1980 à horizon 2066 au-dessus de l’Antarctique, 2045 au-dessus de l’Arctique et 2040 pour le reste du monde. Cette barrière protectrice absorbe les rayons ultraviolets dangereux pour les êtres vivants.

Le gouvernement refuse d’interdire la chasse le dimanche et promet une application pour sécuriser la pratique

Chasse à court d’idées. Lundi, le gouvernement a dévoilé les mesures de son nouveau « plan chasse » visant à sécuriser la pratique – des annonces jugées très insuffisantes par les associations écologistes.

En visite dans le Loiret, la secrétaire d’État à l’écologie Bérangère Couillard a rendu plusieurs arbitrages très attendus. Le gouvernement a refusé la proposition défendue par plusieurs associations d’instaurer un jour sans chasse par semaine. La semaine dernière, un sondage Ifop révélait que 78% des Français·es étaient favorables à une telle mesure.

Le gouvernement a promis la création d’une application smartphone qui recensera les zones de chasse pour permettre aux promeneur·ses de les éviter. C'est « une tartufferie. [...] Qu’adviendra-t-il en cas d’accident ? », s’interrogeait le directeur général de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Matthieu Orphelin il y a quelques jours.

Une battue administrative organisée dans le Maine-et-Loire en décembre 2020. © Frederic Pétry /Hans Lucas via AFP

Le plan gouvernemental prévoit d’interdire la pratique « sous l’emprise excessive de l’alcool » à travers la création d’un délit. « Ça va dans la bonne direction, mais on ne va pas applaudir une mesure qui tombe sous le coup du bon sens et qui aurait dû être mise en place depuis des années », juge Mila Sanchez, co-fondatrice du collectif Un jour un chasseur, qui recense les abus de la chasse.

L’exécutif met l’accent sur la formation des chasseurs, avec la mise en place d’un volet pratique au cours de la remise à niveau décennale qui leur est imposée depuis une loi de 2019. Il a également annoncé un durcissement des sanctions en cas de condamnations après à un accident de chasse, dont les peines complémentaires qui permettent le retrait du permis et un délai d’interdiction de le repasser.

Pour Mila Sanchez, l’exécutif a manqué l’occasion d’écouter les attentes des citoyen·nes, qui témoignent d’un sentiment grandissant d’insécurité dans les campagnes : « La réponse du gouvernement ne va pas du tout dans le sens d’un apaisement »

Le retard français dans les renouvelables

L’addition est salée. Parce qu’elle est loin d’avoir tenu ses objectifs en terme d’énergie renouvelable, la France risque d’avoir à verser des centaines de millions d’euros d’amende en 2023. Des débats publics sur la place de l’éolienne dans le paysage urbains aux positionnements politiques sur l’aménagement des énergies vertes, le journaliste Luc Bronner explore les causes et les conséquences de ce retard dans « L’Heure du Monde ».

© Le Monde

+ Pénélope Dickinson, Loup Espargilière, Lyse Mauvais et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.