La pollution de l'air tue 47 000 personnes par an, mais certains ont enfin décidé de s'en occuper en bons parents.

L'Eurométropole de Strasbourg instaure sa zone à faibles émissions
Révolution'air. Vendredi, le conseil de l'Eurométropole de Strasbourg a entériné la création d'une zone à faibles émissions (ZFE) sur tout son territoire à compter du 1er janvier 2022.
A cette date, l'ensemble des véhicules - privés ou professionnels - classés crit'air 5 (la classification est à retrouver ici) seront visés par des contrôles pédagogiques et ce, pendant un an. Dès le 1er janvier 2023, ils seront interdits de circuler 24 heures sur 24 dans l'ensemble des 33 communes de la métropole. L'interdiction sera étendue aux vignettes crit'air 4 en 2024, puis aux crit'air 3 en 2025. Enfin, quatre communes (Strasbourg, Schiltigheim, Ostwald et Holtzheim) prévoient de bannir les véhicules diesel – même récents - à partir de 2028.
Cette décision est le fruit de trois années de tractations, notamment entre les communes de la première couronne et celles de la seconde. Treize maires se sont opposé·e·s jusqu'au bout à la ZFE, arguant que les dispositifs d'accompagnement des ménages étaient insuffisants. Certain·e·s ont dénoncé « l'idéologie anti-voiture » de la mesure notamment portée par la majorité écologiste de la ville de Strasbourg (Dernières nouvelles d'Alsace).

Le jour même, l'Eurométropole a voté une enveloppe de 50 millions d'euros pour accompagner les particuliers grâce à une aide aux mobilités alternatives et des aides à la conversion. La collectivité a également engagé 500 millions d'euros sur la durée de son mandat pour développer le vélo, les transports en commun (bientôt gratuits pour les jeunes) et créer un réseau express métropolitain, sorte de RER local (France Bleu). Une quinzaine d'exceptions, notamment à destination des professionnels, sont prévues dans la nouvelle ZFE (Rue89Strasbourg).
Les associations locales réclamaient de longue date cette ZFE pour lutter contre la pollution de l'air (Reporterre), alors que certains axes de Strasbourg sont sujets à des dépassements réguliers des normes européennes en matière de dioxyde d'azote ou de particules fines. Après la ville de Paris en juin dernier, l'Eurométropole de Strasbourg est la première agglomération à mettre en place une ZFE généralisée à l'ensemble de son territoire.

· Vendredi, en Allemagne, les Sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les Libéraux (FDP) ont présenté un accord préliminaire en vue de former un gouvernement de coalition après les élections fédérales du mois dernier. Dans ce projet de texte, les Verts ont obtenu l'avancement de la sortie du charbon à 2030, soit dix ans plus tôt qu'escompté actuellement. La version détaillée doit être présentée « avant Noël ». - La Croix
· Vendredi encore, la cour administrative d'appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a annulé l'arrêté préfectoral qui autorisait l'enfouissement définitif de 42 000 tonnes de déchets dangereux sur le site de StocaMine, dans le Haut-Rhin. L'exploitant, la société des Mines de potasse d’Alsace ne justifie pas « de capacités financières la mettant à même de mener à bien l’exploitation illimitée », indique le tribunal. Une décision qui intervient alors que du béton devait être coulé dès novembre pour condamner l'accès aux déchets (amiante, mercure, etc.) enfouis dans cette ancienne mine. Les riverains, associations et élus locaux se battent depuis 2002 contre ce projet dont ils craignent que des fuites puissent polluer la nappe phréatique d'Alsace. - Le Monde


3 200
Que de l'air pur perdure ! 3 200 vies pourraient être épargnées chaque année en France si la pollution de l'air était en permanence aussi faible que lors du confinement du printemps 2020. C'est ce que révèle une étude de Santé publique France, parue le 14 octobre. Dans le détail, environ 900 décès pourraient être évités grâce à une diminution de l’exposition au dioxyde d'azote (NO2), et quelque 2 300 pour les particules fines PM2,5 (d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres). Ces dernières sont émises par la combustion (moteurs thermiques, activités industrielles, chauffage), le freinage des voitures et les épandages agricoles. Les NO2 sont aussi relâchés pendant le processus de combustion. L'agence nationale de santé publique a également mis à jour ses données clefs sur la mortalité liée à la pollution : entre 2016 et 2019, 47 000 décès sont imputables chaque année à la pollution de l'air. Soit 8% de la mortalité totale annuelle. Un coût estimé à plus de 153 milliards d'euros par an (130 milliards d’euros pour les PM2,5 et 23 milliards d’euros pour le NO2).

Avant la COP26, des jeunes se forment aux négociations sur le climat
COP-ératif. Samedi, des associations ont organisé une journée de formation pour familiariser les jeunes invité·e·s à la COP aux négociations climatiques.
« Ça ferme à quelle heure, l’espace de conférences ? », « Où trouve-t-on l’agenda des événements en marge des négociations ? ». À l’Académie du Climat, un nouveau lieu parisien d’éducation autour de l’environnement, les questions fusent, ce samedi. Des interrogations légitimes posées par des jeunes non-initiés avant d’être jetés dans le grand bain des COP (pour « Conferences of Parties »), les conférences mondiales de l’ONU.
Trois associations - le RESES (Réseau Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire), CliMates et les Jeunes Ambassadeurs pour le Climat, organisaient une journée de préparation à la COP26, qui débutera à Glasgow (Écosse) le 31 octobre. Accrédité·e·s par des associations étudiantes ou par leurs établissements, une petite centaine de jeunes Français·es devraient participer à l’événement. « Notre objectif, c’est qu’il y ait le plus de jeunes possibles aux COP, car ils seront les premiers concernés par ce qui s’y décide », indique à Vert Anaïs Darenes, responsable projets et plaidoyer au RESES. Là-bas, elles et ils observeront les négociations et porteront la voix de la société civile.

Au programme de cette formation accélérée : un récapitulatif de l’histoire des négociations climatiques, le détail d’une journée-type à la COP ou encore, des retours d’expérience de la part d’ancien·ne·s participant·e·s. « On croit beaucoup à la formation entre pairs », souligne Anaïs Darenes. Les intervenant·e·s sont majoritairement des jeunes entre 20 et 25 ans.
Je me sens plus armée pour y aller » : à la fin de la session, la mission est réussie pour Leïla, étudiante en école de commerce. Dans deux semaines, elle se rendra à sa première COP où elle retrouvera de nombreux visages désormais familiers.

Datagueule : Ne voiture rien venir ?
Elles prennent de l'espace, nous assourdissent et nous pompent l'air : notre appétit pour les voitures nous fait payer un lourd tribut. Alors que 66% de la population devrait habiter des zones urbaines d'ici 2050, « le temps est peut-être venu de questionner la place de la voiture dans nos cités », risquait la chaîne Datagueule dans cet épisode de 2016.

+ Justine Prados a contribué à ce numéro