La quotidienne

C’est de la bombe, bébé(s)

Mort du vivant, déracinements, modification du climat et des courants; l’humanité se pose des bombes à retardement.


En France, 2 400 espèces sont menacées de disparition

En France, 2 430 espèces animales et végétales sont menacées d'extinction, d'après un bilan des treize années d'existence de la « liste rouge » nationale. 

En 2008, l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) lançait la version française de sa célèbre liste rouge des espèces menacées. A l'époque, seules 348 espèces, toutes situées France métropolitaine, avaient été évaluées. En 2020, elles sont désormais 13 842, dont plus de la moitié dans les outre-mers.

Publié mercredi, le bilan de l'UICN révèle que 17% des espèces évaluées sont menacées d'extinction. Au premier rang, en métropole : les oiseaux nicheurs (32%), les crustacés d'eau douce (28%), les reptiles (24%), les amphibiens (23%) et les éphémères (22%) - une ancienne famille d'insectes très sensibles à la pollution lumineuse et aux pesticides. En outre-mer, certaines espèces connaissent des situations encore plus critiques : à Mayotte, 43% de la flore vasculaire (qui regroupe les plantes à fleurs, les conifères ou les fougères) est menacée, comme 42% des reptiles terrestres. Ou 34% des espèces d'oiseaux en Polynésie.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir © UICN

On pourrait croire que les politiques de conservation ont permis d'enrayer le déclin du vivant en France au cours des dernières années. Hélas, il n'en est rien. Par exemple : en 2008, un quart des espèces d'oiseaux nicheurs étaient menacées d'extinction, contre un tiers huit ans plus tard, note l'UICN

Parmi les causes de ce déclin : l'usage de pesticides ou le changement d'utilisation des sols (une forêt devenue un champ, ou un pré changé en entrepôt Amazon). Les résultats détaillés de la liste rouge, pour chaque groupe d'espèces, sont à retrouver sur le site de l'UICN

• Dans une tribune publiée mercredi, six organisations engagées contre la précarité (dont le Secours catholique ou la Fondation Abbé Pierre) s'inquiètent que « le gouvernement s’apprête à réduire les aides à la rénovation énergétique des logements des familles modestes ». En cause : une modification du système des certificats d'économies d'énergie (CEE). Dans ce cadre, les fournisseurs d'énergie sont contraints à sponsoriser certains travaux de rénovation chez les plus précaires. Or, l'objectif que prévoit de fixer le gouvernement pour les années à venir correspond à celui déjà atteint par les actions réalisées ou en cours, ce qui « revient à supprimer toute aide versée via ce dispositif pour les futurs travaux ». - Le Monde (abonnés)

Le Gulf stream est au plus faible depuis 1 000 ans

Le Gulf stream, ce courant marin de l'Atlantique qui régule les températures, connaît un important ralentissement et le réchauffement climatique pourrait en être la cause.

C'est le principal enseignement d'une étude, publiée fin février dans la revue Nature geoscience : le Gulf stream n'a jamais été aussi faible depuis 1 000 ans. En étudiant la composition de carottes glaciaires, l'équipe internationale de scientifiques a constaté un fort et récent affaiblissement de l'un de ses moteurs : la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC).

« Ce système fonctionne comme un tapis roulant géant, a expliqué au Monde Stefan Rahmstorf, coauteur de l’étude. L’eau chaude et salée se déplace du sud vers le nord où elle se refroidit et devient ainsi plus dense. Lorsqu’elle est suffisamment lourde, l’eau coule vers des couches océaniques plus profondes et retourne vers le sud. » Permettant ainsi de redistribuer la chaleur à travers l'Atlantique.

Les courants océaniques (dont le gulf stream) dans l'Atlantique et la mer de glace © Atlas mondial, manuel du service des forces armées des Etats-Unis M-101 (1943)

Problème : la fonte des glaciers alimente les océans en eau douce, moins dense que l'eau salée. L'élévation des températures réduit aussi la salinité de l'eau, ce qui l'empêche de plonger. Depuis des années, des scientifiques prédisent le ralentissement du Gulf stream sous l'effet du dérèglement du climat, mais « des cycles naturels pourraient également entrer en jeu » explique au Monde Didier Swingedouw, chercheur au CNRS à l’université de Bordeaux. 

En tout état de cause, ce dérèglement est récent et très rapide : l'étude montre que la circulation est restée stable jusqu'aux années 1850 avant de diminuer légèrement, puis de connaître un déclin radical à partir de la moitié du XXème siècle. Le courant aurait diminué de 15% en 70 ans. 

Parmi les conséquences attendues : des hivers plus rigoureux et des étés plus chauds en Europe, une élévation du niveau des mers en Amérique du Sud et des sécheresses aggravées en Afrique de l'Ouest. Et la situation pourrait bien s'aggraver : « À ce rythme […] l'Amoc pourrait s'affaiblir de 34 à 45 % d'ici 2100, alerte Stefan Rahmstorf dans un communiquéDe quoi nous approcher dangereusement du point de basculement au-delà duquel le courant devient instable ».

Au Kenya, des « bombes à graines » contre la déforestation

Nairobi style, c'est de la bombe, bébé. Au Kenya, pour lutter contre la déforestation illégale, des gardes posent des milliers de « bombes à graines » qui feront les forêts de demain

Pour satisfaire les besoins coloniaux hier, et ceux d'une population croissante aujourd'hui, ce pays de la corne de l'Afrique est victime d'une importante déforestation depuis des décennies. Dans le sud-est du Kenya, la forêt de Nyakweri n'échappe pas au saccage : elle aurait perdu plus de la moitié de sa surface en 20 ans, selon Marc Goss, directeur de l'ONG Mara Elephant Project (MEP), interrogé par l'AFP

Pour redonner rapidement vie aux hectares rasés par les braconniers du bois, les gardes forestiers de cette organisation se sont mis à y poser des « bombes à graines ». Il s'agit de capsules de charbon qui contiennent de nombreuses semences, de l'acacia, principalement. Leur enveloppe empêche les animaux de les manger avant qu'elles n'atteignent la terre. Lorsque vient la pluie, la gangue se dissout et les graines se logent dans les sols. 

Le reportage de France 24

Seedballs Kenya, l'entreprise à l'origine de ces « bombes », a déjà vendu plus de 13 millions de graines, rapporte encore l'AFP. Mais le taux de germination est mince : entre 5 et 10%. Par ailleurs, il faudra une vingtaine d'années pour qu'un acacia atteigne l'âge adulte après avoir été semé ainsi. 

Ce qui ne décourage pas les « rangers » du MEP, qui les sèment par milliers à pied, en pick-up ou en hélicoptère. En plus de stocker de grandes quantités de CO2, la repousse des arbres permet de structurer les sols, et d'offrir nourriture et habitat aux éléphants de la région, ainsi qu'à l'ensemble du vivant. 

Le radeau de la fourmi

Pour survivre aux inondations dans la forêt amazonienne, les fourmis de feu fabriquent des radeaux à l’aide de leurs propres corps. Une technique fascinante racontée dans cette extrait tiré de la série documentaire « Une planète parfaite », disponible en replay sur le site de France télévisions.

© Brut