La quotidienne

Biodiversité : l’affaire éclot

Chères toutes et chers tous,

🐾 Cette semaine, à l'occasion du congrès mondial de l'Union pour la conservation de la nature (UICN) vous pourrez lire chaque jour des articles consacrés à la biodiversité et aux liens entre le vivant et le climat, et une galerie de portraits d'espèces qui raconteront les bouleversements en cours.


Un numéro où l'on verra que mettre le vivant à mal peut se finir au tribunal.


Éclairages nocturnes : et la lumière tue

C'est l'hécatombe sous nos lampadaires, pourtant la lutte contre la pollution lumineuse continue d'être le parent pauvre dans la protection de la biodiversité.

Sous le feu des projecteurs - et autres enseignes clignotantes -, la nuit est en voie de disparition. « Le phénomène est en augmentation constante et touche désormais toute la planète, à de rares exceptions près », indique à Vert Romain Sordello, expert de l'Office français de la biodiversité.

Or, « on le sait peu mais la majorité des animaux sont nocturnes », explique-t-il encore. Quand les lumières restent allumées la nuit, ce sont donc 30% des vertébrés et 65% des invertébrés qui s'en trouvent directement perturbés. Les animaux attirés par la lumière – car ils se dirigent grâce aux astres – se retrouvent désorientés, comme les insectes qui meurent d'épuisement sous les lampadaires. D'autres, à l'inverse, fuient la luminosité – pour se protéger des prédateurs, par exemple – et voient alors leur habitat sensiblement réduit et fragmenté. Indirectement, l'éclairage nocturne a aussi un impact sur les plantes car les insectes sont détournés de la pollinisation, qui a surtout lieu la nuit. Enfin, le déploiement des lumières LED ne devrait rien arranger puisque leur spectre de lumière riche en bleu perturbe le rythme biologique de tous les animaux, humains compris.

La pollution lumineuse augmente en moyenne de 2% par an. © Nasa

On estime ainsi que la pollution lumineuse est la deuxième cause de mortalité chez les insectes, juste derrière les pesticides. Pourtant, «

La prise de conscience pourrait toutefois évoluer prochainement avec la parution d'un indicateur national de pollution lumineuse prévu à l'automne, qui permettra de cartographier les nuisances sur le territoire. D'autre part, la révision de la future stratégie nationale biodiversité pour 2021-2030 d’ici la fin de l’année va – pour la première fois – intégrer un chapitre dédié à la biodiversité nocturne.

• Mercredi soir, il est tombé l’équivalent de deux mois de précipitations en moins de deux heures sur la ville d’Agen (Lot-et-Garonne). L’eau est montée jusqu’à deux mètres dans certaines rues mais aucune victime n’a pour l’instant été déclarée. Météo-France indique un « record absolu » de précipitations. - France info

Pour avoir une chance de contenir le réchauffement climatique à moins de 1,5°C d’ici la fin du siècle, il faudrait laisser 90% du gaz et 60% du pétrole dans le sol, révèle une étude publiée mercredi dans Nature. Les scientifiques estiment que la production mondiale de ces deux hydrocarbures devrait décroître de 3% par an jusqu’en 2050. - Le Monde (abonnés)

Ingénieur précieux de nos écosystèmes, le castor est de retour

Perd Castor. Il a frôlé l'extinction au début du XXè siècle; le retour du castor européen est synonyme de grands bénéfices pour les écosystèmes.

A force d'en vouloir à sa fourrure, à sa viande mais aussi à ses glandes très recherchées en parfumerie et cosmétique, les Européen·ne·s ont bien failli avoir la peau du castor ! Au début du siècle dernier, il ne restait plus sur le continent que 1 200 castors européens (Castor Fiber), rassemblés au sein d’une poignée de peuplements fragmentés. Si le rongeur recolonise aujourd'hui nos rivières c'est parce que l'espèce est protégée depuis 1968 et que des programmes de réintroduction ont essaimé partout en Europe. Avec un tel succès, qu’en 2006, on comptait au moins 639 000 individus. Et, bien qu'il soit souvent considéré comme un nuisible par les riverains dont il abat les arbres, le rongeur est en fait un auxiliaire précieux pour la préservation et la restauration de la biodiversité locale.

Un castor européen (Castor Fiber) © Martina Lion

Grâce à ses fameux barrages, le castor transforme des ruisseaux en zones humides, dont la qualité biologique est bien supérieure. On constate en effet que la constitution d'étangs par les castors permet d'accroître la variété de végétaux, d'oiseaux et de poissons. Au Canada, on estime ainsi que 80 % des milieux humides de la forêt boréale ciblés par des programmes de conservation ont été créés par les castors. Leurs barrages filtrants ont également pour effet d'améliorer la qualité de l'eau et d'atténuer inondations et sécheresses en aval. Lors des incendies de forêts, ces espaces humides constituent en outre des refuges ignifugés pour d’autres espèces, contribuant ensuite à la récupération des écosystèmes.

Des associations demandent justice pour la biodiversité

Notre Affaire à Tous et Pollinis s'apprêtent à lancer une action en justice contre l’État pour manquement à ses obligations de protection du vivant.

Réunies ce jeudi au congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Notre Affaire à tous et Pollinis ont lancé au gouvernement français un ultimatum : celui-ci a deux mois pour annoncer (et prendre) les mesures nécessaires à la protection de la biodiversité. Dans un communiqué, les deux associations visent notamment « le recours immodéré et systématique aux pesticides » dont la France continue d'être l'un des plus gros consommateurs d'Europe. Elles dénoncent en outre « les défaillances notoires » du processus d’autorisation et de mise sur le marché estimant que « les pesticides nocifs pour le vivant sont autorisés sans contrôle rigoureux et sans évaluation pertinente de leurs effets réels sur la biodiversité »

Les ONG pointent notamment la dérogation accordée aux producteurs de betteraves à sucre, réautorisés à recourir aux néonicotinoïdes (Vert), pesticides aux effets délétères sur les abeilles, ainsi que l’usage du glyphosate, toujours permis en France malgré la promesse d'Emmanuel Macron de l'interdire.

Si la réponse du gouvernement n’est pas satisfaisante passé cet ultimatum, les deux associations engageront un recours en carence fautive auprès du tribunal administratif de Paris pour faire reconnaître le préjudice écologique. « Il est temps que l’État français soit tenu responsable de l’effondrement du vivant et respecte ses engagements », a indiqué Cécilia Rinaudo, coordinatrice de Notre Affaire à Tous. Pour rappel, l'association a réussi à faire condamner l'Etat pour carence fautive dans son action climatique en février dernier, comme Vert vous l’avait raconté.

Une vie d'abeille

Attire d'elle. Consacré à la transition écologique et démocratique, le site de streaming Imago.tv héberge sur sa plateforme une véritable pépite visuelle : un court-métrage titré « Apis Mellifera » du nom de sa protagoniste. On y suit pendant 10 minutes les battements d'ailes d'une abeille européenne, volant parmi les fleurs ou travaillant dans sa ruche. Un film à taille d'abeille, d'une beauté et d'une précision rare.

© Jean-Michel Poulichot