Bidoche vs forêts

Un accord sur la neutralité carbone en Europe sans la Pologne

Il y avait le feu, ce jeudi matin, à l'entame du Conseil européen, qui réunissait à Bruxelles les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE). Afin de symboliser l'urgence de la situation, une trentaine de militants de Greenpeace ont utilisé fumigènes et banderoles pour simuler un incendie sur la façade du Conseil. Avant d'être délogés par la police belge.

© Compte Twitter de Greenpeace France

Après de nombreuses heures de négociations qui se sont poursuivies jusque dans la nuit de jeudi à vendredi, le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé que les Etats-membres s'étaient mis d'accord pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ils ont donc 30 ans pour réussir à émettre autant – sinon moins – de CO2 qu'ils ne peuvent en capter. 

Comme l'explique l'AFP, l'accord a été annoncé alors que la Pologne a pourtant refusé de s'engager sur cette voie. Varsovie réclamait un report à 2070 de cet objectif. Les autres membres espèrent convaincre la Pologne d'ici cet été de les rejoindre. 

Avant le Conseil, la Hongrie et la République tchèque rechignaient également à prendre cet engagement, réclamant des aides financières pour faire leur transition, y compris pour développer le nucléaire. Les pays-membres ont cédé à leurs exigences.

Pour de nombreuses ONG environnementales, dont Greenpeace, cette date de 2050 est bien trop lointaine pour espérer endiguer à temps les effets les plus dévastateurs du réchauffement climatique. Plus d'informations dans le Monde (accès libre).

L'écocide n'est toujours pas un crime

Toujours pas de crime contre l'environnement dans le droit français. Jeudi 12 décembre, les députés ont rejeté une proposition de loi, faite par le Parti socialiste, visant à inscrire l'écocide dans le code pénal. Le texte était soutenu par des dizaines de chercheurs, d'intellectuels et de membres d'ONG, ainsi que par les élus écologistes, tous signataires d'une tribune en ce sens

La proposition définissait l'écocide comme « toute action concertée et délibérée tendant à causer directement des dommages étendus, irréversibles et irréparables à un écosystème, commise en connaissance des conséquences ». Le but était de permettre de prendre des sanctions plus dures à l'encontre des responsables d'atteintes graves à l'environnement. 

Des députés de la majorité, ainsi que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, ont considéré que la loi punissait déjà suffisamment les atteintes à l'environnement, comme le raconte l'AFP. Pour sa part, le député Modem Erwann Balanant, allié de la majorité, a considéré qu'il faudrait réécrire en profondeur le droit de l'environnement. 

 

Erika fête ses 20 ans

Ce vote intervient 20 ans jour pour jour après la catastrophe de l'Erika, ce pétrolier qui avait fait naufrage et dont la cargaison avait pollué 400 kilomètres de côtes bretonnes. Comme Vert l'avait rappelé, Total n'avait été condamné qu'à 375 000 euros d'amende. Images d'archive à l'appui, France 3 revient sur ce désastre écologique, qui a causé la mort de 200 000 oiseaux et plus d'un milliard d'euros de pertes économiques.

Où sont passées les contributions au débat sur les pesticides ?

C'est ballot. Cet été, après des débats animés opposant élus et agriculteurs au sujet de la distance minimale à respecter entre habitations et zones d'épandage de pesticides, le gouvernement avait mis sur pied une consultation publique en ligne. Celle-ci s'était close début octobre, après avoir recueilli un nombre record de contributions : 53 000

Le ministère de l'écologie avait promis qu'une synthèse serait produite avant la fin du mois d'octobre, comme le raconte le Monde. Or, celle-ci n'a toujours pas été publiée, alors que les décrets fixant les distances minimales doivent être révélés dans les prochains jours. 

« Au vu du succès de la consultation, il serait impensable que les résultats de cette dernière ne soient pas publiés en amont de l’annonce du décret et de l’arrêté afin de permettre à chacune des parties prenantes d’en prendre connaissance », ont écrit plusieurs associations au premier ministre, Edouard Philippe, mercredi 11 décembre. 

Les ONG estiment que la distance minimale à respecter pour protéger les populations serait de 150 mètres. En septembre, le gouvernement avait annoncé qu'il envisageait plutôt un écart de 5 à 10 mètres.
 

Clash au sommet sur Twitter

Qui pouvait croire qu'il laisserait passer cet affront ? Donald Trump n'a pas du tout goûté le fait de ne pas avoir été nommé personnalité de l'année par le Time magazine. Et il a fait ce qu'il fait le mieux : s'en prendre à Greta Thunberg sur Twitter« C'est ridicule. Greta doit travailler sur son problème de gestion de la colère, puis aller voir un bon vieux film avec une amie. Relax Greta, relax ! », a grommelé le président des Etats-Unis dans un tweet.

Greta Thunberg s'est empressée de répondre avec humour en changeant sa biographie sur Twitter en « Une adolescente qui travaille sur son problème de gestion de la colère. Présentement en train de regarder un bon vieux film avec une amie ».

C'est déjà ce qu'elle avait fait lorsque, après le discours plein de colère qu'elle avait prononcé à la tribune de l'ONU en septembre dernier, Donald Trump avait écrit à son sujet : « Elle a l'air d'être une jeune fille très heureuse tournée vers un avenir brillant et merveilleux. Ça fait plaisir à voir ! ».

Toujours sur Twitter, le roi des photomontages Guillaume TC a rendu son titre à Donald Trump :

Six gigatonnes de CO2 produites par les destructions de forêts

Les feux de forêts qui ont ponctué 2019 ont produit 6,375 gigatonnes de CO2 entre le 1er janvier et 30 novembre. Ces six milliards de tonnes prennent également en compte les changements d'affectation des sols (une forêt transformée en pâturage, une prairie transformée en parking). C'est ce que révèle Copernicus, programme européen d'observation de la Terre, dans une retrospective des feux de forêts publiée jeudi 12 décembre.

L'année a été marquée par des incendies majeurs en Amazonie, mais aussi en Indonésie, dans le cercle polaire arctique, en Syrie ou en Australie, comme le rapporte 20 Minutes

Si ce chiffre de six gigatonnes ne vous dit rien, il est à comparer avec les 43,1 gigatonnes produites par les activités humaines, qu'a calculées le Global carbon project. Les deux montants s'additionnent et donnent le total des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites dans le monde en 2019 : soit environ 49 gigatonnes

Ce qui nous rapproche toujours un peu plus du dépassement de notre budget carbone. Selon le Giec, en tout et pour tout, le monde ne peut plus émettre que 400 gigatonnes de CO2 environ si nous voulons conserver une chance de contenir le réchauffement sous 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle.

Un "pic carné" avant de réduire la consommation de viande

Pour faire baisser la pression sur les forêts, rien de tel que de lever sur pied sur la bidoche. Dans la revue Lancet Planetary health, un groupe de chercheurs lance un appel aux chefs d'Etats : ceux-ci sont priés de faire impérativement décroître la consommation de viande dans la décennie qui vient.

Sur le modèle du « peak oil » : le moment théorique où la production mondiale de pétrole aura atteint son maximum avant de décroître, les scientifiques plaident pour l'atteinte rapide d'un « peak meat », ou « pic carné ». Ce passage rapide à une baisse de la production sera le seul moyen, selon les signataires, d'atteindre l'objectif de 1,5°C de réchauffement.

Ils rappellent ces chiffres : la production de viande, lait et œufs est passée de 758 millions de tonnes en 1990 à 1 247 millions en 2017. Aujourd'hui, 80% des terres cultivables sont utilisées pour produire seulement 18% des calories consommées dans le monde.

Un foie gras médaillé gore

Et pour réduire sa consommation de viande, on pourra commencer par manger un peu moins de fois gras à Noël. Dans sa dernière vidéo-enquête, l'association L214 s'est rendue dans le Domaine de la Peyrouse, en Dordogne. Canetons femelles jetés vivants dans le bac d'équarrissage, mâles mutilés... Les coulisses de ce producteur de foie gras, pourtant médaillé d’or au concours général agricole de 2019, sont dignes d'un film d'horreur.

Une bonne idée pour se quitter sur une note un tantinet moins glauque: les perturbateurs endocriniens (PE) contenus dans les produits vendus en France devront bientôt être indiqués par les fabricants. C'est le résultat d'un amendement apporté au projet de « loi antigaspillage », toujours en débat à l'Assemblée nationale, relevé par Actu environnement

Ces molécules (bisphénols, parabens et autres phtalates) perturbent le fonctionnement normal du système hormonal et génèrent un lot indescriptible de maladie. Hélas, la présence de PE avérés ou présumés dans la composition des produits – majoritairement cosmétiques – sera obligatoire uniquement sur internet. Or, ces informations sont déjà accessibles sur les applications Yuka ou QuelCosmetic.

Autre amendement notable : les produits contenant des PE devront désormais comporter le pictogramme « Déconseillé aux femmes enceintes ».