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Avis de déchets

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On compte sur l'énergie à mort, mais attention à ce qu'elle ne dépasse pas les bords.


Nucléaire : la France face à ses déchets

Fissile à dire... L'industrie nucléaire française s'était promis de recycler son combustible à l'infini. Mais les recherches ont échoué et c'est une montagne de problèmes qui ressurgit alors que le prochain plan de gestion des déchets est attendu à la rentrée.

Vantée pour son caractère décarboné, l'énergie nucléaire souffre d'un défaut particulièrement encombrant : ses déchets. A fin 2019, l'inventaire officiel en recensait 1,7 million de mètres cubes, à la radioactivité variable. Ces produits dits « ultimes » sont ou seront accueillis dans différentes poubelles : les plus dangereux, par exemple, seront ensevelis dans Cigéo, à Bure (Meuse). Mais ces quantités, déjà impressionnantes, ne représentent en fait que 4% des volumes générés par l'industrie électronucléaire. Le reste – 96%, donc ! – est classé comme de la « matière » car une utilisation ultérieure est prévue. Ou plutôt l'était. Car à l'été 2019, le gouvernement a abandonné très discrètement Astrid, le dernier prototype de réacteur censé fermer le cycle du nucléaire, c'est-à-dire réutiliser des matières comme combustible neuf. Après 70 ans de recherches, le rêve d'un nucléaire propre s'est donc envolé. Et 350 000 tonnes de matières accumulées se retrouvent sans emploi ou presque.

Les déchets sont stockés dans différents sites en fonction de leur radioactivité et de leur durée de vie. Ici, un colis de déchets de faible et moyenne activité (FMA) est déchargé au centre de stockage des déchets de l'Aube © Andra

Leur classement en « déchet » est un choix lourd de conséquences puisqu'il ne s'agira plus de les entreposer mais bien de les immobiliser dans des sites spéciaux, moyennant une charge financière conséquente. Selon un rapport de Greenpeace paru en septembre 2019, cette requalification représenterait au bas mot 18 milliards d’euros de coûts de gestion supplémentaires pour la filière. Un coup très dur alors que les entreprises du secteur ont déjà une santé chancelante. EDF, par exemple, est endettée à hauteur de 42 milliards d’euros, soit 58% de son chiffre d'affaires.

Le gouvernement doit présenter à la rentrée son nouveau plan national de gestion des matières et déchets radioactifs pour la période 2021-2025. Et de nombreuses questions restent encore en suspens. Par exemple, l'Autorité de sûreté nucléaire a jugé « indispensable qu’une quantité substantielle d’uranium appauvri soit requalifiée, dès à présent, en déchet radioactif » (son avis). Ce sous-produit des usines d'enrichissement d'uranium constitue la plus grande part des matières radioactives, avec 321 000 tonnes. Mais la faisabilité technique de son stockage n'a encore jamais été éprouvée et aucun lieu n’est identifié pour l'accueillir. 

Le stock de plutonium (58 tonnes), généré lors de la réaction nucléaire, pose également des questions. « Il faudra très probablement l’immobiliser dans une matrice céramique », explique Yves Marignac, consultant sur le nucléaire au sein du groupe Négawatt. Or, non seulement l'opération est très coûteuse mais ni le procédé, ni l'usine n'existent aujourd’hui. Autant de questions dont on ne se débarrassera pas si facilement.

Depuis lundi, les délégations de 193 pays préparent la quinzième conférence onusienne sur la biodiversité (COP15), qui se tiendra en avril 2022. Les négociations en ligne dureront jusqu'au 3 septembre et visent à définir 21 cibles intermédiaires à atteindre d'ici à 2030 avant de « vivre en harmonie avec la nature » dès 2050. AFP

• Mardi, la loi « climat et résilience » a été officiellement promulguée. Malgré plus de 300 mesures (Actu-environnement), le texte trahit l’esprit de la Convention citoyenne pour le climat et ne permet pas d'atteindre les objectifs climatiques de la France (Vert). Retrouvez les quelques minces avancées de ce texte sur le site de Vert.

Les rebelles écologistes d'Extinction Rebellion s'activent dans plusieurs villes européennes. Lundi, plusieurs milliers de militant·e·s ont donné le coup d’envoi de deux semaines d'actions à Londres, réclamant que le gouvernement britannique cesse tout investissement dans les combustibles fossiles. A Oslo, la politique pétrolière norvégienne a été dénoncée lors de l'intrusion au ministère du Pétrole ou lors du blocage d’un important carrefour routier. Enfin à Zürich, les entrées des sièges sociaux d'UBS et du Credit Suisse ont été bloquées pour protester contre le financement des énergies fossiles.

Un milliard

C'est le nombre d'enfants « très fortement exposés » aux impacts de la crise climatique, selon un rapport de l'Unicef paru vendredi. L'organisation onusienne a établi pour la première fois un indice des risques climatiques pour les 2,2 milliards d'enfants sur Terre. Il apparaît par exemple qu'un milliard d'entre elles et eux sont fortement exposé·e·s à des niveaux très élevés de pollution, 920 millions aux pénuries d'eau et 820 millions aux canicules. D'autres risques tels que les inondations côtières et fluviales, les cyclones ou les maladies vectorielles sont également recensés. Près d'un enfant sur deux vit dans un des 33 pays « à très haut risque » c'est-à-dire dans lesquels au moins quatre de ces risques se cumulent : République centrafricaine, Tchad, Nigéria, et Guinée sont les plus menacés. Comble de l'iniquité, ces 33 pays sont responsables d’à peine 9 % des émissions mondiales de CO2.

• Paquebot à voir. Vendredi, le plus gros paquebot du monde est sorti pour la première fois des cales de Saint-Nazaire pour une balade d'essai de quatre jours. Le « Wonder of the seas » sera livré en mars prochain au croisiériste Royal Carribean. Il accueillera alors jusqu'à 6 988 passagers et 2 300 membres d’équipage pour des virées paroxystiques à tous points de vue, notamment celui de la pollution visuelle et atmosphérique. Ce parc d'attraction de 362 mètres de long carbure en effet au fioul lourd, c'est-à-dire non raffiné et soufré, dont la combustion génère des fumées toxiques. Les chantiers de l'Atlantique doivent livrer six paquebots similaires d’ici à 2025. - BFM TV

• On n'en pleut plus. De la pluie est tombée au sommet de la calotte glaciaire groenlandaise, a annoncé, lundi, l'Institut météorologique danois (DMI). Ce phénomène inédit a été observé mi-août, à plus de 3 000 mètres d'altitude et « il est probable qu'il s'agisse d'un signe du réchauffement climatique », a confié à l'AFP un chercheur du DMI, Martin Stendel. L'été a été anormalement chaud au Groenland, accélérant encore la fonte de la calotte constatée depuis 1990. - Le Monde (AFP)

De mille feux. La saison des incendies est particulièrement incandescente cette année, avec de tristes records à la clé. Selon la Nasa, pas moins de 187 114 brasiers ont été simultanément recensés le 8 août dernier. Le précédent record datait de septembre 2020 avec 138 680 foyers. La multitude de points rouges sur l'image ci-dessous illustre bien la prolifération des incendies mais ne laisse pas apparaître la puissance, la durée et la nocivité insensées de certains, à l'instar des feux qui rongent la Sibérie depuis le mois d'avril. Cette région, parmi les plus froides du monde, s'est déjà embrasée sur plus de 17 millions d'hectares, soit plus que la surface du Portugal. Un brasier record a émis l'équivalent de 750 mégatonnes (millions de tonnes) de CO2, soit peu ou prou les émissions annuelles de l'Allemagne, sixième pollueur de la planète.

La carte des incendies recensés par la Nasa, le 6 août dernier. Chaque point représente un feu. Cliquez sur l'image pour accéder à l'outil de surveillance en temps réel de la Nasa.

« Je crois passionnément que je trahirais les générations futures en restant silencieux sur le fait que l’hydrogène bleu est au mieux une distraction onéreuse, et au pire un moyen de continuer à utiliser des combustibles fossiles » 

- Christopher Jackson, le 16 août 2021

Dégoût et des couleurs. Lundi 16 août, Christopher Jackson, le président du lobby britannique de l'hydrogène a préféré démissionner de son poste plutôt que de soutenir l'hydrogène « bleu ». Pour comprendre cette histoire de couleur, il faut rappeler que l’industrie mondiale utilise chaque année environ 60 millions de tonnes d'hydrogène (H) dit gris car il est extrait du gaz fossile (CH4), relâchant au passage une bonne dose de carbone (C). L'hydrogène vert émerge comme une alternative durable car il est extrait de l’eau (H2O) grâce à l’électrolyse, rejetant uniquement de l'oxygène (O). Mais pour protéger ses débouchés, l'industrie fossile promeut l'hydrogène bleu, identique au gris mais avec la promesse d’enfouir le carbone dans le sous-sol. La technique n’a jamais fait ses preuves (Vert) mais l’industrie abuse des « fausses affirmations » pour la défendre, dénonce Christopher Jackson. Alors, quand le gouvernement britannique a récemment décidé de subventionner l'hydrogène bleu (Guardian), il a vu rouge !

• Grand méchant trou. La résorption du « trou » dans la couche d'ozone a permis de limiter le réchauffement climatique, a révélé une étude parue mercredi dernier dans la revue scientifique Nature. Cette couche gazeuse protégeant la terre s'était dégradée dans les années 80 à cause des chorofluorocarbures (CFC) utilisés dans la réfrigération et les aérosols. Leur suppression quasi-totale grâce au protocole de Montréal, signé en 1987, a permis une réelle amélioration de la situation, sans laquelle le réchauffement climatique atteindrait aujourd'hui 4°C, expliquent les chercheur·se·s. - Novethic 

• Désarroi du pétrole. Mercredi, la juge fédérale de l’Etat américain de l'Alaska, Sharon Gleason, a invalidé les permis de forages pétroliers accordés à ConocoPhilipps sous la mandature Trump. Le projet Willow, qui prévoyait l'extraction de 160 000 barils de pétrole par jour dans le nord de l’Etat arctique, menaçait une communauté autochtone et des ours polaires. Reposant sur une étude d'impact lacunaire, il a été « indûment approuvé », a estimé la Juge. - Courrier International

Ceux qui sèment

Agraire de famille. L'agriculture familiale emploie plus de 40 % des actifs mondiaux et produit 80 % de l’alimentation planétaire. Pour en savoir plus sur ce modèle multi-facettes, 40 étudiant·e·s en agronomie sont allé·e·s dans des exploitations où « ceux qui sèment » sont aussi ceux qui s’aiment : en Inde, en France, au Cameroun, en Equateur ou encore au Canada. Le résultat est un documentaire équilibré et pédagogique sur les avantages et les limites associées au caractère familial de l’agriculture. A voir sur la plateforme documentaire gratuite Imago.tv.

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