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Chères toutes et chers tous,

🌱 C'est le jour du Vert du faux ! Ce mercredi, nous vous proposons de choisir entre deux sujets proposés par les lectrices et lecteurs de Vert. Puis, nous répondrons à celui que vous aurez retenu la semaine prochaine. À vos votes !


Plutôt que de constater l’ampleur des dégâts, nous faisons les chiens la tête en bas.


Les «signes vitaux» de la Terre s’épuisent, des scientifiques tirent la sonnette d’alarme

En état de cierge. En 2023, les indicateurs utilisés pour mesurer les crises écologiques s’affolent et l’humanité n’en fait toujours pas assez.

«La vérité, c'est que nous sommes choqués par la férocité des événements climatiques extrêmes de 2023. Nous sommes effrayés par le terrain inconnu dans lequel nous sommes entrés». Le ton est donné : les scientifiques qui ont contribué à ce rapport sur l’état du climat en 2023, publié mardi dans la revue Bioscience, décrivent l’«état de siège» de la vie sur Terre. 

20 des 35 «signes vitaux» de la planète identifiés - parmi lesquels on trouve les émissions de gaz à effet de serre, la consommation de viande par habitant·e, la déforestation liée aux incendies ou les anomalies de température - «présentent actuellement des extrêmes records», s’alarme l’étude.

Vagues de chaleur exceptionnelles, températures historiques des océans, glaces de mer plus réduites que jamais... «Ce qui est encore plus frappant, ce sont les marges énormes avec lesquelles les conditions de 2023 dépassent les extrêmes du passé», commentent les auteur·rices.

2023 est l'année de tous les records, comme le soulignent ces différents indicateurs. © Ripple et al. / Traduction par Vert

Le changement climatique a décuplé les événements extrêmes comme les inondations, les glissements de terrain, et les violents orages, ; les forêts sont de plus en plus menacées par le climat, qui accélère le dépérissement des arbres, aggrave les incendies et propage les maladies causées par des insectes.

Les scientifiques déplorent des «progrès minimes» dans la lutte climatique. La transition verte espérée par beaucoup après le Covid-19 ne s’est pas concrétisée et la consommation d’énergies renouvelables (solaire et éolien) demeure quinze fois inférieure à celle des énergies fossiles.

La possibilité «d’un effondrement de la société à l’échelle mondiale est envisageable et dangereusement sous-explorée». Parmi les recommandations des scientifiques : éliminer le charbon, augmenter la séquestration du carbone grâce à des solutions basées sur la nature (reforestation, protection des zones humides, etc) ou encore évoluer vers des régimes alimentaires moins carnés. Enfin, une attention particulière doit être portée à la question de la justice sociale et à la répartition équitable des coûts et bénéfices de l’action climatique.

· Des cas de grippe aviaire ont été détectés pour la première fois en Antarctique, dans une population de labbes antarctiques. Ces oiseaux migrateurs ont probablement été contaminés lors d’un passage en Amérique du Sud, où le virus H5N1 est très répandu chez les oiseaux marins et les lions de mer. Les chercheur·ses ont trouvé ces premiers cas sur l’île Bird, l’un des sites les plus riches en faune et flore sauvage. Ils craignent un impact catastrophique sur la reproduction. - The Guardian

· À l’échelle mondiale, la déforestation a augmenté de 4% en 2022 par rapport à 2021 selon l’Évaluation de la déclaration des forêts publiée lundi. Ce bilan est réalisé chaque année depuis que 145 pays se sont engagés à mettre fin à ce phénomène d'ici à 2030 lors de la 26ème conférence mondiale (COP26) sur le climat à Glasgow, fin 2021. Cette année, plus de six millions d’hectares ont été détruits, dont près de deux tiers étaient des forêts primaires tropicales. - Le Monde

· Alors que les député·es planchent sur le projet de budget pour 2024, la promesse présidentielle de proposer une voiture électrique à 100 euros par mois aux plus modestes «ne sera pas tenue» en l’état, selon Jean-Marc Zulesi, député Renaissance et président de la Commission du développement durable à l’Assemblée nationale. Au loyer de 100€ par mois, «il faudra ensuite ajouter l’assurance. Autrement dit, le coût final pour l’automobiliste pourrait être de 120 euros, 130 euros, voire plus». - Le Parisien

Camille Teste : «Les problèmes du monde ne s’arrêtent pas à la porte de la salle de sport, du studio de yoga ou de massage»

Ancienne journaliste, Camille Teste est devenue professeure de yoga. Dans Politiser le bien-être, publié aux éditions Binge audio, elle fait le pont entre deux univers qui s’ignorent : un monde du bien-être individualiste, qui promeut des corps normés et se met au service du «travailler plus», et les milieux progressistes qui, bien souvent, méprisent les pratiques du soin et la spiritualité. Elle montre aussi ce que les luttes sociales et écologiques auraient à gagner à véritablement prendre en compte le care (soin) pour bâtir un projet de société désirable, joyeux et apaisé.
 

Dans Politiser le bien-être, tu dresses un constat sévère sur le monde du yoga et celui du bien-être de manière générale. Qu’est-ce qui t’a le plus frappée quand tu l’as découvert ?

Le yoga et le bien-être sont totalement dépolitisés. On ne pense jamais à l’influence des discours néolibéraux. Au contraire, on nourrit des croyances qui nous rendent toujours plus individualistes et autocentrés. La pensée positive y est pratiquée : vos pensées sont censées écrire votre réalité. Ça n’a aucune base scientifique et c’est très culpabilisant.

Par exemple, une mère célibataire stressée à qui on dit cela, c’est violent. Même en pratiquant le yoga, sa situation sera toujours la même et elle sera culpabilisée de ne pas avoir «manifesté» sa réalité.

Autre exemple, on fait croire que le yoga est universel, pour tout le monde. Dans les faits, la majorité des studios s’adressent à des personnes de classe aisée, blanche. Ce n’est pas une volonté d’exclure, mais plutôt un fait. Par ailleurs, dès que tu veux avoir une discussion politique, on te dit que «c’est pas good vibe». On considère que les problèmes du monde s’arrêtent à la porte de la salle de sport, du studio de yoga ou de massage. Or, ce n’est pas le cas ! Et ça, c’est déjà un choix politique.

Camille Teste © Louise Hellot

Tu dis aussi qu’il y a de bonnes pratiques dans ces espaces et qu’elles gagneraient à être considérées.

Ce livre existe car je suis fatiguée que, dans les milieux progressistes, on regarde de haut ces pratiques qui ne sont pas intellectuelles. C’est se passer de choses intéressantes : on peut ressentir des émotions, déposer des douleurs, des vulnérabilités, mais aussi cultiver du plaisir. Pour créer le monde de demain, il faut une place pour les émotions.

La suite de cet entretien, où il est question de monétisation du bien-être, de luttes écologiques et sociales, et de magie, est à retrouver sur vert.eco

Il déménage de Paris à Bruxelles à vélo

Paris-Bruxelles. Alors que les déménagements d’un pays à un autre sont des défis à part entière pour la majorité de la population, Matéo Bales a décidé de réaliser le sien… à vélo. Soit 340 km de route pour rejoindre la capitale belge de la capitale française. Un voyage qu’il a partagé avec son copain Corentin, car, sans surprise, un vélo ne suffisait pas pour transporter toutes ses affaires. Cette vidéo légère de 20 minutes retrace leur périple.

© Mateo Bales

+ Loup Espargilière, Juliette Mullineaux, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro.