Amazon et l’Etat entrepotent


La France se couvre d'entrepôts mais se vide de ses trains. Deux faces d'une même pièce ? 

Actions fleuves contre Amazon 

Colis piégés. Le Black Friday, organisé aujourd'hui en France, marque le point d'orgue de nombreuses mobilisations pour dénoncer les pratiques anti-écologiques et anti-sociales du géant du e-commerce Amazon. 

Réuni•e•s ce vendredi matin à l'appel d'Attac, des Amis de la Terre et d'ANV-Cop 21, plusieurs dizaines de militant•e•s ont transformé le ministère de l'Economie et des Finances en entrepôt pour « dénoncer la complicité du gouvernement dans l’expansion d’Amazon » (communiqué). Ailleurs en France, des protestataires se sont donné•e•s rendez-vous devant la permanence de leurs députés pour leur demander de voter un moratoire contre l'expansion du e-commerce.

Alors que l'activité des commerces physiques est laminée par la crise sanitaire, l’État se prépare à autoriser la construction d'une dizaine de nouveaux entrepôts d'Amazon, s'ajoutant aux quatorze sites inaugurés depuis un an. Une note de l’ancien secrétaire d’État et député LREM Mounir Mahjoubi affirme pourtant que pour chaque emploi créé dans ses entrepôts, Amazon détruit entre 1,9 et 2,2 emplois au sein des commerces physiques (Le Monde).

L'introduction d'un moratoire sur les zones commerciales est une proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat © Attac

• Jeudi 3 décembre, le tribunal correctionnel de Strasbourg (Bas-Rhin) a relaxé deux « décrocheurs » des portraits de Macron au motif de la liberté d’expression. Une décision calquée sur celle du tribunal d'Auch (Gers) qui, en octobre, avait relaxé cinq décrocheurs poursuivis pour vol en réunion. Réalisés à l'appel d’Alternatiba et ANV-COP21, ces décrochages ont pour objet d'alerter sur l'inaction climatique du gouvernement. Ils ont donné lieu à 37 procès (passés ou à venir) - Reporterre

• Jeudi, le Royaume-Uni a adopté l'un des objectifs climatiques les plus ambitieux du monde, en visant -68% d'émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030, contre 53% précédemment. En comparaison, l'Europe des 27 n'est toujours pas parvenue à s'entendre sur un renforcement de son objectif de -40% à -55% sur la même période. – AFP 

Secouer le cocotier « collapso »

L’effondrement est à la mode et une frange de plus en plus large des écologistes tient aujourd’hui pour certain le funeste destin de nos sociétés industrielles. Pour le philosophe anarchiste Renaud Garcia, auteur de La collapsologie ou l’écologie mutilée, cette « pensée magique » pose plus de problèmes qu’elle n’en résout.

S’il lui concède le mérite de mobiliser une nouvelle génération de militant•e•s, la collapsologie occulte selon lui « le débat de fond sur les implications politiques réelles » de l’écologie politique et en « dilapide l’héritage ».  Elle échoue en outre à identifier précisément les causes du désastre et laisse ses partisan•e•s intellectuellement démunis.

Enfermé•e•s dans l’attente d’un cataclysme imminent, les « effondristes » ne s’inspirent pas assez des combats environnementaux passés. Et en imaginant des alternatives à la société industrielle uniquement dans l’après-effondrement, elles et ils se mettent en position de subir aujourd’hui la transition plutôt que de l’impulser. 

Le lecteur saura trouver dans cet ouvrage riche en citations et doté d’une belle bibliographie l’occasion de renforcer sa connaissance des penseurs écologistes, mais aussi - et c’est l’ambition de l’ouvrage - questionner et affermir sa pratique de l’écologie.

La collapsologie ou l'écologie mutilée, Renaud Garcia, 2020, Editions L’échappée, 140p., 14€  

Une chronique signée Tristan Saramon

Le vendredi, chez Vert, c'est le jour du Do it yourself (faites-le vous-même) ! Cette semaine, voici une recette de pastilles pour la gorge. Par les temps qui courent, cela peut servir !

Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'afficher en plein écran et l'enregistrer d'un coup de clic droit © Vert 

Voyage à Bessèges : des rails à la française

« Là où les trains disparaissent, l'univers gris des voitures et des zones industrielles gagne du terrain », explique Manuel Lobmaier dans son beau et triste rail-movie, tourné entre son village natal de Biel en suisse et la ville française de Bessèges, dans le Gard.

Petit, le réalisateur allait y passer des vacances, en une quinzaine d'heures de train. Devenu adulte, le même trajet lui prendra plus de onze jours. De Biel à Bessèges, on passe du cadencement parfait des transports suisses à la déliquescence du réseau ferroviaire français, du collectif à l'individuel, de l'écologique au rentable.

Voyage à Bessèges : des rails à la française, Manuel Lobmaier, 2020

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