La quotidienne

Agro sur la patate

Chères toutes et chers tous,

✍️ L’enquête de Vert sur le Gueuleton, chaîne de restaurant viandarde et réactionnaire, a visiblement plu au site chassons.com, puisque l’une de ses plumes lui a consacré un article à la mauvaise foi tellement savoureuse qu’on en frôlerait l’indigestion. Qui aurait pu prédire ?

🍾 Vous êtes désormais plus de 150 000 à suivre Vert sur Instagram, quelle fête !


Les agriculteurs en ont plein le féculent que le changement soit aussi lent. 


Salon de l’agriculture : ce que disent les agriculteurs

Cœurs d’agris chauds. Meilleure rémunération, accompagnement dans la transition, simplification administrative : les revendications étaient nombreuses à l’ouverture du 60ème Salon de l’agriculture à Paris, samedi. Au cœur d’une première matinée rythmée par des heurts et d’incessants sifflets dirigés contre le Président de la République en visite, Vert a rencontré plusieurs agriculteurs venus dire leur colère.

«Nous, ce qu’on veut, c'est travailler ! C’est ce qu’on sait faire de mieux», lance Thierry, 56 ans, agriculteur dans le Lot-et-Garonne et membre de la Coordination Rurale, syndicat classé à droite. Dans le pavillon principal, fermé au public dès 8 heures du matin, après que des agriculteurs sont entrés de force pour perturber la visite présidentielle, le bruit des sifflets est assourdissant et la tension est palpable. Quelques heures plus tôt, l’éleveur de vaches laitières au gilet fluo estampillé «Agriculteurs en colère» était chahuté lors de heurts avec les CRS. Un mal nécessaire pour dire leur détresse trop longtemps ignorée.

Thierry devant un barrage de CRS au Salon de l’agriculture 2024. © Alexandre Carré/Vert

«Il y a quelques mois, j’étais au bout du rouleau, la corde était accrochée, confie-t-il. Je pense surtout à nos jeunes qui veulent reprendre nos fermes. Je n’ai pas envie qu’ils vivent la même chose que nous». Pour Thierry, les exploitant·es devraient être mieux accompagné·es psychologiquement : «Je ne peux plus voir d’amis se faire bouffer par le système».

Les manifestant·es interrogé·es par Vert ont en commun de déplorer la faiblesse de leurs revenus. «On ne veut pas devenir milliardaire, on veut juste pouvoir payer nos factures en temps et en heure, assure Dominique Pipet, agriculteur à la retraite depuis quatre ans et membre de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), organisation majoritaire. Si les charges augmentent alors que les revenus diminuent, ça ne peut pas fonctionner. Certains collègues doivent faire des prêts entre deux factures pour pouvoir manger leur pain. Ce n’est pas normal.»

👉 Découvrez la suite de ce reportage d'Alexandre Carré juste ici.

· Vendredi, un jet du gouvernement a fait trois vols entre Paris, Rochefort et La Rochelle à l’occasion d’une visite du Premier ministre Gabriel Attal en Charente-Maritime. De quoi émettre près de six tonnes de CO2 (plus de la moitié des émissions annuelles d’un·e Français·e). L’un des trajets, réalisé à vide tandis que Gabriel Attal se déplaçait en voiture, a duré sept minutes. Ironie du sort, le Premier ministre était sur place pour visiter, entre autres, un écoquartier. - Sud-Ouest

· Dimanche, la Haute cour de Dacca a interdit l’élevage d’éléphants en captivité au Bangladesh. Les populations de pachydermes ont été décimées par le braconnage et la destruction de leurs habitats naturels. «Une décision historique», saluée par Rakibul Haque Emil, directeur de la fondation People for animal welfare, à l’origine d’un litige contre l’octroi de permis d’élevage. - 20 Minutes

· Ce lundi, la Gironde et le Pas-de-Calais sont placés en vigilance orange pour des risques de crues en raison de fortes précipitations. Météo-France anticipe des débordements en Gironde, à la confluence de la Garonne et de la Dordogne, au moment de la marée haute, et des crues sur plusieurs cours d’eau du Pas-de-Calais (Hem, Aa, Lys). - Le Monde (AFP)

«Partir du postulat qu’à l’horizon de 10 ou 20 ans, c’est zéro chimie de synthèse en agriculture, c’est très bien, mais ça n’existe pas à date»

À la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris, Vert s’est longuement entretenu avec le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Colère des agriculteurs, Soulèvements de la Terre, souveraineté alimentaire, pesticides, haies… Aucun des épineux sujets du moment n’a été écarté.

👉 Cliquez ici pour découvrir notre grand entretien avec le ministre, mené par Jennifer Gallé et Loup Espargilière.

Loup Espargilière et Jennifer Gallé avec Marc Fesneau, le vendredi 23 février, au ministère de l’Agriculture à Paris. © Alexandre Carré/Vert

Prix planchers, trésorerie… Ce qu’a promis le gouvernement au Salon de l’agriculture

Agro sur la patate. Dans une ambiance survoltée, le président Emmanuel Macron a fait de nouvelles annonces à destination du monde agricole depuis le parc des expositions de la porte de Versailles. On récapitule.

Voici les principales annonces faites lors de cette journée chaotique :

Un plan de trésorerie pour les exploitations les plus fragiles. Si ce plan de sauvetage n’a pas été détaillé, on sait qu’il reposera sur un recensement lancé en ce début de semaine pour identifier les structures «qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner», a indiqué Emmanuel Macron.

Des prix planchers. Censée assurer des revenus décents aux agriculteur·ices, la mise en place de prix minimums payés aux agriculteurs fait aussi l’objet de nombreuses critiques. Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, parle de cette mesure comme d’une «soviétisation», en référence aux politiques collectivistes de feu l’Union soviétique. Pour Laurence Marandola, porte-parole du syndicat la Confédération paysanne, l’engagement du gouvernement à un prix plancher rémunérateur garanti par l’État est une «victoire». En France, la coopérative de consommateurs C’est qui le patron a mis en place de telles garanties sur le lait, le beurre et les œufs avec succès.

L’agriculture comme «intérêt général majeur» de la Nation. Le chef de l’État s’est engagé à ajouter cette mention au projet de loi sur la souveraineté alimentaire qui devrait être présenté le 20 mars prochain. Une telle inscription aura des répercussions juridiques, en permettant par exemple de déroger au droit de l’environnement pour favoriser le stockage d’eau, construire des projets photovoltaïques, des méthaniseurs ou encore agrandir des bâtiments agricoles.

→ À suivre. Emmanuel Macron a donné rendez-vous aux représentant·es du monde agricoles à la mi-mars pour «sceller la crise» et présenter le plan «que nous allons défendre au niveau européen».

Jennifer Gallé

Les bonnes nouvelles de la semaine

Forêts au Costa Rica, voitures thermiques en Ethiopie et espèces marines en pagaille : voici les meilleures nouvelles de ces derniers jours !

© Vert

+ Loup Espargilière, Gaëtan Gabriele, Jennifer Gallé, et Justine Prados ont contribué à ce numéro.