Décryptage

Plastiques : où en est le projet de traité mondial pour lutter contre cette pollution massive ?

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Polymère à boire. La semaine de trac­ta­tions qui s’est déroulée à Nairo­bi (Kenya) a révélé de nom­breux blocages dans la rédac­tion d’un traité inter­na­tion­al des­tiné à met­tre fin à la pol­lu­tion plas­tique.

Réuni·es au Kenya du 13 au 19 novem­bre, les représentant·es de 175 États avaient pour mis­sion d’examiner en détail une pre­mière ver­sion du futur traité mon­di­al con­tre la pol­lu­tion plas­tique. Objec­tif : avoir un doc­u­ment prêt pour la fin 2024.

Quels résul­tats ? Un brouil­lon qui aura épais­si – pas­sant de 30 à une cen­taine de pages – et un dia­logue de sourds entre les pays qui souhait­ent agir sur la pro­duc­tion des plas­tiques et ceux qui veu­lent lim­iter l’action mon­di­ale au seul traite­ment des déchets. Dans ce dernier groupe, fig­urent sans sur­prise les grands pays pétroliers du Golfe, emmenés par l’Arabie saou­dite, mais aus­si la Russie et l’Iran.

«Si la Chine et les États-Unis se sont mon­trés très act­ifs sur la néces­saire prise de con­science du prob­lème, ils ne veu­lent pas enten­dre par­ler d’objectifs con­traig­nants de réduc­tion de la pro­duc­tion, décrypte pour Vert Hen­ri Bour­geois-Cos­ta de la Fon­da­tion Tara, asso­ci­a­tion pio­nnière dans le suivi de cette pol­lu­tion dans l’océan. Dans ces négo­ci­a­tions, la présence d’un grand nom­bre de lob­by­istes pétroliers pose égale­ment un réel prob­lème de crédi­bil­ité. Selon un comp­tage qui reste à affin­er, ces derniers étaient plus de 170, soit bien davan­tage que les représen­tants des 70 petits États présents à Nairo­bi !»

Selon les chiffres du Par­lement européen, entre 4,8 et 12,7 mil­lions de tonnes de plas­tique sont rejetées chaque année dans les océans. © Naja Bertolt Jensen / Unsplash

Pro­duit phare de l’industrie pétrochim­ique, le plas­tique se retrou­ve aujourd’hui partout sur la planète. «Cette présence est sans lim­ites dans la biosphère, des sols à l’at­mo­sphère, des riv­ières aux océans, des cel­lules végé­tales au corps humain. Cela provoque un déséquili­bre des écosys­tèmes et des atteintes irréversibles au vivant», rap­pelle Hen­ri Bour­geois-Cos­ta.

Selon des esti­ma­tions de l’Or­gan­i­sa­tion de coopéra­tion et de développe­ment économiques (OCDE) parues en 2022, si rien n’est fait, les déchets plas­tiques pro­duits au niveau plané­taire devraient presque tripler d’ici à 2060.

Deux nou­velles ses­sions de dis­cus­sions auront lieu dans les mois qui vien­nent, à Ottawa (Cana­da) au print­emps 2024, puis en Corée du Sud à la fin de la même année, pour ten­ter d’aboutir à ce traité inter­na­tion­al.

Ce pro­jet date de mars 2022 et d’une réso­lu­tion his­torique des Nations unies prise pour éla­bor­er un texte qui se veut «juridique­ment con­traig­nant et fondé sur une approche glob­ale cou­vrant l’ensemble du cycle de vie des plas­tiques», rap­pelle le min­istère de la tran­si­tion écologique.