Oxygène de champion. Alors que la pollution de l’air a causé 8,1 millions de décès dans le monde en 2021, les Jeux olympiques de Paris 2024 se tiennent dans une ville connue pour ses pics de pollution. Même si les impacts sur le long terme sont connus, l’influence de la pollution sur le court terme et sur les performances des sportifs et sportives est sous-estimée.
Le 30 juillet, alors que les séries du rugby à sept féminins se tenaient dans la clameur du Stade de France (Seine-Saint-Denis) à proximité de l’A1 et l’A86, les voyants d’Airparif, l’organisme chargé de la surveillance de la pollution de l’air en temps réel en Île-de-France, ont vu rouge. À cause de la vague de chaleur, la concentration d’ozone de basse altitude était devenue trop importante.
«C’est un polluant qui se forme en été par la réaction chimique entre dioxydes d’azote (NO2) [émis par les gaz d’échappements, NDLR] et les composés organiques volatils [présents dans les peintures, colles, gaz d’échappement, chauffage au bois, NDLR] quand les températures et l’ensoleillement sont élevés, détaille Antoine Trouche, ingénieur d’Airparif à Vert. Ce polluant, qui peut provoquer des crises d’asthme et affecter le système respiratoire, tue environ 1700 personnes chaque année en Île-de-France.» Pourtant, cette journée-là, aucune épreuve n’a été annulée.
Et pour cause, les effets sur les performances des athlètes sont encore peu documentés. Certaines études ont quand même tenté d’étudier l’effet de ces polluants atmosphériques en comparant les mesures de l’air et la météo avec les temps réalisés par les athlètes sur des marathons.
Plusieurs polluants sont dans le viseur des scientifiques. L’ozone de basse altitude, comme évoqué précédemment, mais aussi les particules (PM10) et les particules fines (PM2,5) ainsi que le dioxyde d’azote. Tous sont émis ou issus directement du trafic routier et de la combustion de fioul ou de bois.
Des effets bien présents sur les performances
Résultats, les particules et particules fines seraient à l’origine d’une baisse de la quantité maximale d’oxygène que le corps peut utiliser pendant l’exercice et d’une perception plus forte de l’effort lors des marathons, selon une étude publiée dans le journal Medicine & Science in Sports & Exercise. Et cela serait pire lors des pics de pollution, puisque plus l’air est pollué, plus les effets sont visibles.
Le plus préoccupant reste l’ozone de basse altitude : en plus de réduire les performances, il augmente le nombre d’abandons, parfois jusqu’à 50 % dans le cas de concentrations élevées, selon une étude de la revue de l’Association médicale américaine (AMA).
Pour aider les athlètes et les organisations à éviter les pics de pollution, un nouvel outil de prévision a été mis en place par Airparif. «Nous disposons désormais d’informations prévisionnelles qui vont jusqu’à six heures, explique Antoine Trouche. Les données sont fournies en temps réel, heure par heure, rue par rue.»
Avec plus de 60 stations de mesure physique réparties à travers la ville dont autour des sites olympiques, ces prévisions, basées sur des modèles intégrant des données météorologiques et des réactions chimiques entre polluants, sont cruciales pour anticiper les conditions environnementales auxquelles les athlètes seront exposés.
Dans ce sens, une étude publiée avant la cérémonie d’ouverture des JO dans le British journal of sports medecine a recommandé aux athlètes les plus sensibles de s’acclimater quelques jours avant leur entrée en compétition. «Même si les vacances et les Jeux olympiques ont vidé Paris de son trafic routier, la qualité de l’air reste moyenne malgré tout, précise Antoine Trouche. À l’avenir, si les vagues de chaleur persistent, les épisodes de pollution deviendront de plus en plus fréquents.»
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