Olympique à glace. Beaucoup de sportifs et de sportives se dirigent vers une alimentation de moins en moins carnée, tout en maintenant de hauts niveaux de performance. Meilleure récupération, moins de blessures : Nicolas Aubineau, diététicien nutritionniste du sport au centre médicosportif de La Rochelle, explique à Vert les raisons et les bienfaits de cette transition sportive vers le végétalisme.
Vert : Il semble que de plus en plus d’athlètes transitionnent vers des régimes plus végétaux, pourquoi ?
Nicolas Aubineau : Cela fait plusieurs années que l’on s’aperçoit que les régimes avec moins, voire pas de viande sont bénéfiques aux athlètes. En réalité, c’est surtout une question d’équilibre. Avant, la viande était trop mise en avant, au détriment du végétal. La protéine animale était encensée. Or, les produits d’origine animale ont tendance à acidifier l’organisme et à favoriser l’apparition d’inflammations et de blessures, comme les tendinites. L’augmentation de l’apport en fibres liée aux légumes et aux fruits contribue à considérablement améliorer la flore intestinale. Non seulement cela permet une meilleure digestion, mais aussi une récupération plus rapide et une performance globale améliorée.
Beaucoup viennent nous voir parce qu’ils voient que ça marche chez les autres mais aussi parce qu’il y a une tendance sociétale sur les produits végétaux. Certains ont aussi pris conscience des problèmes environnementaux et veulent être en accord avec eux-mêmes sur leur pratique sportive.
Quelles sont les limites de ce régime ?
Le premier obstacle, c’est de changer radicalement de régime du jour au lendemain. C’est un mode d’alimentation qui nécessite un peu plus d’investissement cognitif. Il faut accompagner les sportifs et sportives dans cette transition pour ne pas tout abandonner en cours de route si le changement est trop abrupt.
Le second obstacle, ce sont les habitudes gustatives. Beaucoup d’athlètes ont leur routine alimentaire et parfois des préjugés sur les régimes végétaux. L’idée n’est pas de changer l’athlète, mais de partir de lui-même pour trouver le bon équilibre gustatif et nutritif afin de remplir ses besoins tout en prenant du plaisir.
Un des problèmes, c’est aussi l’apport glucidique des céréales qui peut être un peu trop élevé pour certains domaines sportifs. C’est plus difficile pour les athlètes qui doivent remplir des critères de poids ou d’esthétisme, car les céréales sont une base majeure dans l’alimentation végétale. En ce qui concerne les carences en protéines animales, pour moi ce n’est pas forcément lié à l’alimentation. Certains métabolismes s’en sortent très bien sans, c’est propre à chaque individu. Il faut faire des bilans sanguins régulièrement pour s’assurer qu’aucune carence n’apparait et prendre des compléments en conséquence.
À quoi ressemble un régime type pour un athlète qui veut passer à plus de végétal ?
Pour moi, le meilleur combo est l’ovo-lacto-végétarien, qui inclut les œufs, les produits laitiers, les fruits de mer et parfois du poisson. Ce modèle est particulièrement viable, car il fournit une large gamme de nutriments essentiels tout en minimisant les risques associés à une alimentation exclusivement végétalienne. Autrement, les protéines végétales, telles que celles issues des légumineuses, des céréales et des fruits à coque, peuvent efficacement remplacer les protéines animales. Bien que les protéines animales sont souvent considérées comme plus complètes, les protéines végétales peuvent parfaitement permettre d’atteindre les besoins protéiques grâce à une combinaison bien pensée d’aliments végétaux. J’encourage mes sportifs à privilégier des produits locaux, moins transformés, et à cuisiner des produits simples.
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