Billets verts et forêts noires. Les forêts françaises sont en pleine crise sanitaire alors que le ministère des finances engage la privatisation de l’Office national des forêts (ONF).
Jeudi 3 décembre, le Conseil constitutionnel a validé l’article 33 de la loi Asap (pour « accélération et de simplification de l’action publique »). Celui-ci autorise le gouvernement à légiférer par ordonnance pendant 18 mois pour modifier le fonctionnement de l’ONF, qui gère les forêts publiques.
Selon des informations de Libération, Bercy, qui a déjà organisé la filialisation des activités concurrentielles de l’ONF, compte désormais en faire de même pour les missions dites d’intérêt général afin de sous-traiter leur activité au privé. Le transfert de ces missions, qui comprennent la protection de la biodiversité, la veille des incendies ou la restauration des terrains, impliquerait la suppression de 600 postes sur les 8 500 que compte l’ONF pour des motifs essentiellement économiques.
Depuis près de dix ans, l’Office est pris en étau entre des exigences de rentabilité et la fragilité de ses revenus corrélée à la chute des cours du bois. L’institution comprend déjà 43 % de salarié•e•s sous statut privé et les départs de fonctionnaires ne sont remplacés qu’à 64%. Beaucoup dénoncent le manque d’effectifs et de moyens, qui ont pour effet de recentrer ses activités sur la coupe du bois en délaissant la protection des sols ou de l’environnement.
Cette année, la situation financière de l’ONF s’est encore dégradée : les coûts de gestion ont augmenté afin de soigner la forêt affaiblie par la sécheresse et exposée aux maladies et aux nuisibles (lire à ce sujet un reportage de Reporterre).