Cinquante nuances de grippe. Alors que le désarroi est à son maximum face au Covid-19, les expert•es des Nations unies (ONU) sur la biodiversité alertent sur le risque de pandémies plus récurrentes, plus mortelles et plus dévastatrices pour l’économie.
Les 22 scientifiques mandatés par la Plateforme intergouvernementale de l’ONU sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) ont travaillé dans l’urgence pour rendre en quelques mois un rapport exhortant à l’action. D’abord l’état des lieux – implacable – rappelle que 70 % des maladies émergentes et presque toutes les pandémies connues sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies passées de l’animal à l’homme. Or, on estime à environ 1,7 million le nombre de virus encore inconnus chez les animaux, dont entre 540 000 et 850 000 pourraient infecter les humains, avertit l’IPBES.
Ses expert•es soulignent que les risques de contamination sont accrus par les contacts de plus en plus poussés entre animaux et population humaine. En particulier, le changement d’usage des sols – dû à l’agriculture intensive, la déforestation et l’urbanisation, serait responsable de plus de 30 % des nouvelles maladies signalées depuis 1960. Le commerce d’oiseaux et de mammifères est également un important réservoir de pathogènes.

« Les causes sous-jacentes des pandémies sont les mêmes que celles qui engendrent la perte de biodiversité et le changement climatique », souligne l’IPBES qui appelle à un changement radical de stratégie pour anticiper les catastrophes plutôt que d’y répondre.
Les auteur•rices du rapport formulent un certain nombre de propositions, comme le fait de réformer les aides à l’agriculture ou de taxer les activités à haut risque de pandémie, dont la consommation et la production de viande. De manière plus globale, il s’agit d’intégrer le coût économique des pandémies dans les budgets et les politiques gouvernementales. Bonne nouvelle : prévenir les pandémies plutôt que les subir serait cent fois moins coûteux. Plus d’informations dans l’Info durable (AFP).