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Les «signes vitaux» de la Terre s’épuisent, des scientifiques tirent la sonnette d’alarme

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En état de cierge. En 2023, les indi­ca­teurs util­isés pour mesur­er les crises écologiques s’affolent et l’humanité n’en fait tou­jours pas assez pour com­bat­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, alerte un groupe de sci­en­tifiques.

«La vérité, c’est que nous sommes choqués par la féroc­ité des événe­ments cli­ma­tiques extrêmes de 2023. Nous sommes effrayés par le ter­rain incon­nu dans lequel nous sommes entrés». Le ton est don­né : les sci­en­tifiques qui ont con­tribué à ce rap­port sur l’état du cli­mat en 2023, pub­lié mar­di dans la revue Bio­science, décrivent l’«état de siège» de la vie sur Terre. Ce dernier est la mise à jour d’une étude pub­liée en 2019, dont le sérieux avait été recon­nu par plus de 15 000 sci­en­tifiques dans le monde.

20 des 35 «signes vitaux» de la planète iden­ti­fiés par les chercheur·ses — par­mi lesquels on trou­ve les émis­sions de gaz à effet de serre, la con­som­ma­tion de viande par habitant·e, la déforesta­tion liée aux incendies ou les anom­alies de tem­péra­ture — «présen­tent actuelle­ment des extrêmes records», s’alarme l’étude.

Vagues de chaleur excep­tion­nelles, tem­péra­tures his­toriques des océans, glaces de mer plus réduites que jamais : l’année 2023 est une litanie sans fin de records cli­ma­tiques. «Ce qui est encore plus frap­pant, ce sont les marges énormes avec lesquelles les con­di­tions de 2023 dépassent les extrêmes du passé», com­mentent les auteur·ices.

Le change­ment cli­ma­tique a décu­plé les événe­ments extrêmes comme les inon­da­tions, les glisse­ments de ter­rain, et les vio­lents orages, «entraî­nant des scènes de souf­france pro­fondé­ment angois­santes». Les forêts sont de plus en plus men­acées par le cli­mat, qui accélère le dépérisse­ment des arbres, aggrave les incendies et propage les mal­adies causées par des insectes.

Le Cana­da a subi une sai­son des feux his­torique, avec 16,6 mil­lions d’hectares de ter­res brûlées entre jan­vi­er et mi-sep­tem­bre 2023, émet­tant plus d’un giga­tonne (mil­liard de tonnes) d’équivalent CO2. À titre de com­para­i­son, les émis­sions de gaz à effet de serre du pays se sont élevées à 0,67 giga­tonne d’équivalent CO2 en 2021.

Mal­gré ces alertes, les sci­en­tifiques déplorent des «pro­grès min­imes» dans la lutte cli­ma­tique. La tran­si­tion verte espérée par beau­coup après le Covid-19 ne s’est pas con­crétisée et la con­som­ma­tion d’énergies renou­ve­lables (solaire et éolien) demeure quinze fois inférieure à celle des éner­gies fos­siles, mal­gré une crois­sance notable entre 2021 et 2022.

La pos­si­bil­ité «d’un effon­drement de la société à l’échelle mon­di­ale est envis­age­able et dan­gereuse­ment sous-explorée», craig­nent les auteur·rices de l’étude, qui émet­tent une série de recom­man­da­tions. Par­mi celles-ci, élim­in­er le char­bon, aug­menter la séques­tra­tion du car­bone grâce à des solu­tions basées sur la nature (refor­esta­tion, pro­tec­tion des zones humides, etc) ou encore évoluer vers des régimes ali­men­taires végé­tariens ou végé­tal­iens. Enfin, une atten­tion par­ti­c­ulière doit être portée à la ques­tion de la jus­tice sociale et à la répar­ti­tion équitable des coûts et béné­fices de l’action cli­ma­tique. Autant de solu­tions déclinées dans le troisième volet du dernier rap­port du Giec, dont Vert avait fait la syn­thèse.