L’éternité, c’est long. Le gouvernement de Joe Biden a annoncé, hier, un plan visant à éliminer au maximum les substances perfluorées pour protéger l’environnement et la santé de ses habitants.
Les substances perfluorées (PFAS) sont des substances chimiques synthétiques présentes dans de nombreux produits industriels et biens de consommation (poêles antiadhésives, peintures, emballages). Leur durée de vie très longue leur vaut le surnom de « polluants éternels ». Les PFAS ont commencé à être utilisées dans l’industrie à partir des années 1940, pour leur résistance à la chaleur, aux taches, à l’eau ou aux graisses. Selon plusieurs études, l’exposition à ces substances peut conduire à des problèmes de fertilité, à des retards de développement chez les enfants ou à des risques accrus d’obésité ou de certains cancers (Libération). Aujourd’hui, on les trouve partout dans la nature. Les Etats-Unis compteraient 120 000 sites industriels où les populations vivent à leur contact, selon une récente enquête de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).
« Depuis trop longtemps, les familles américaines, en particulier celles des communautés défavorisées, souffrent de la présence de substances perfluorées dans l’eau, l’air ou le sol où jouent leurs enfants », a déclaré hier le directeur de l’Agence. Celle-ci a décidé de prendre le problème à bras-le-corps, en présentant un plan pour les trois prochaines années visant notamment à fixer des seuils maximum de présence dans l’eau potable, ce qui n’est toujours pas le cas dans le pays. Elle prévoit aussi de classer les PFAS parmi les « substances dangereuses » et de réclamer que les industriels qui en utilisent fournissent des informations sur leur toxicité.
En 2019, le film Dark Waters, de Todd Haynes, racontait l’histoire (vraie) d’une contamination de l’eau aux perfluorés commise par le géant de la chimie DuPont, qui avait décimé un troupeau de vaches et empoisonné la population alentour. Selon l’association Environmental Working Group, 200 millions d’Américain·e·s consomment une eau contaminée par les PFAS. L’association reproche à l’EPA de connaître la dangerosité de ces substances depuis 1998 et de n’avoir rien fait jusqu’alors.