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Les « polluants éternels » dans le viseur des États-Unis

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L’é­ter­nité, c’est long. Le gou­verne­ment de Joe Biden a annon­cé, hier, un plan visant à élim­in­er au max­i­mum les sub­stances per­flu­o­rées pour pro­téger l’en­vi­ron­nement et la san­té de ses habi­tants.

Les sub­stances per­flu­o­rées (PFAS) sont des sub­stances chim­iques syn­thé­tiques présentes dans de nom­breux pro­duits indus­triels et biens de con­som­ma­tion (poêles anti­ad­hé­sives, pein­tures, embal­lages). Leur durée de vie très longue leur vaut le surnom de « pol­lu­ants éter­nels ». Les PFAS ont com­mencé à être util­isées dans l’in­dus­trie à par­tir des années 1940, pour leur résis­tance à la chaleur, aux tach­es, à l’eau ou aux graiss­es. Selon plusieurs études, l’ex­po­si­tion à ces sub­stances peut con­duire à des prob­lèmes de fer­til­ité, à des retards de développe­ment chez les enfants ou à des risques accrus d’obésité ou de cer­tains can­cers (Libéra­tion). Aujourd’hui, on les trou­ve partout dans la nature. Les Etats-Unis compteraient 120 000 sites indus­triels où les pop­u­la­tions vivent à leur con­tact, selon une récente enquête de l’A­gence améri­caine de pro­tec­tion de l’en­vi­ron­nement (EPA).

Située en bord de plage et d’une piste cyclable, la raf­finer­ie de Chevron à El Segun­do (Cal­i­fornie) fait par­tie de la liste des 120 000 sites poten­tielle­ment dan­gereux à cause du rejet de PFAS. © Daniel Melling — UCLA Emmett Insti­tute

« Depuis trop longtemps, les familles améri­caines, en par­ti­c­uli­er celles des com­mu­nautés défa­vorisées, souf­frent de la présence de sub­stances per­flu­o­rées dans l’eau, l’air ou le sol où jouent leurs enfants », a déclaré hier le directeur de l’Agence. Celle-ci a décidé de pren­dre le prob­lème à bras-le-corps, en présen­tant un plan pour les trois prochaines années visant notam­ment à fix­er des seuils max­i­mum de présence dans l’eau potable, ce qui n’est tou­jours pas le cas dans le pays. Elle prévoit aus­si de class­er les PFAS par­mi les « sub­stances dan­gereuses » et de réclamer que les indus­triels qui en utilisent four­nissent des infor­ma­tions sur leur tox­i­c­ité.

En 2019, le film Dark Waters, de Todd Haynes, racon­tait l’his­toire (vraie) d’une con­t­a­m­i­na­tion de l’eau aux per­flu­o­rés com­mise par le géant de la chimie DuPont, qui avait décimé un trou­peau de vach­es et empoi­son­né la pop­u­la­tion alen­tour. Selon l’as­so­ci­a­tion Envi­ron­men­tal Work­ing Group, 200 mil­lions d’Américain·e·s con­som­ment une eau con­t­a­m­inée par les PFAS. L’as­so­ci­a­tion reproche à l’EPA de con­naître la dan­gerosité de ces sub­stances depuis 1998 et de n’avoir rien fait jusqu’alors.